Retour Agissons ensemble pour les droits de l'homme – toujours et partout

Marija Pejčinović Burić est depuis 2019 la Secrétaire Générale du Conseil de l'Europe. Michael Roth, ministre adjoint chargé des affaires européennes au sein du Gouvernement fédéral allemand depuis 2013, exerce actuellement la fonction de chargé de mission pour la présidence allemande du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe.

Cette année, la Journée internationale des droits de l'homme correspond au 72e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies a en effet adopté un document qui reconnaît un ensemble de droits fondamentaux à tout être humain, indépendamment de sa couleur de peau, de son sexe, de sa religion ou de son origine nationale ou sociale. Il s’agit d’une initiative qui a permis de franchir une étape importante en matière de protection des droits de l'homme.

Cet exemple a été suivi par les États fondateurs du Conseil de l'Europe, qui ont signé la Convention européenne des droits de l'homme en 1950. Après deux guerres mondiales et l’horreur de l’Holocauste, la Convention devait marquer le début de la construction d’une Europe meilleure dans laquelle les droits de l'homme occuperaient la première place. Si des progrès considérables ont été réalisés depuis, ces acquis ont cependant besoin d’être défendus sans relâche. Pas uniquement à l’occasion de la Journée des droits de l'homme mais toujours et partout.

Gardien des droits de l'homme, de la démocratie et de l’État de droit, le Conseil de l'Europe, qui sert de référence sur le plan des valeurs, est devenu la « conscience de l’Europe ». Avec ses conventions contraignantes en droit international, il établit des normes qui sont sans équivalent dans le monde. Pour 835 millions d’Européens, la Cour européenne des droits de l'homme est le dernier recours s’ils s’estiment victimes d’une violation de leurs droits.

Le 18 novembre, l’Allemagne a pris, pour six mois, la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. La protection de l’État de droit et des droits de l'homme figurait déjà ces derniers mois parmi les priorités de la présidence allemande du Conseil de l’UE. Dans le cadre de cette présidence a ainsi été établi le nouveau processus destiné à vérifier le respect du principe de la prééminence du droit. Ce processus prend la forme d’un dialogue ouvert sur la situation de la primauté du droit dans tous les États membres, fondé sur un rapport de la Commission européenne, auquel la Commission de Venise du Conseil de l'Europe a d’ailleurs largement contribué.

Pour être efficace, une politique de défense des droits de l'homme doit aussi suivre le rythme des changements. Les innovations technologiques nous ouvrent des perspectives nouvelles mais présentent également des risques, comme les risques de discrimination et d’inégalité de traitement liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Les droits de l'homme étant universels, ils s’appliquent aussi dans l’espace numérique. Internet n’est donc pas une zone de non-droit. Nous ne pouvons pas laisser la haine et le dénigrement détruire la culture du débat qui caractérise notre société pluraliste et démocratique.

Pour déterminer si une démocratie est solide et fonctionne bien, il est utile d’observer comment elle protège les droits des minorités. En effet, la protection apportée à certains groupes, loin de relever d’une politique clientéliste, fait partie intégrante de notre identité commune. La diversité est une caractéristique essentielle de l’Europe. Nous ne devons donc jamais nous lasser de protéger les personnes qui souffrent particulièrement de l’exclusion et de la discrimination : par exemple, les personnes LGBTIQ, les Roms ou les migrants et les réfugiés. Nous voulons qu’en Europe, toute personne puisse vivre sa différence sans crainte.

Cette exigence mérite une attention toute particulière en période de pandémie parce que les membres de la société les plus faibles et les plus vulnérables sont les plus durement touchés par la crise sanitaire et que, partout en Europe, les droits fondamentaux doivent temporairement faire l’objet de restrictions. Pour garantir la cohésion de l’Europe, il importe de collaborer et de faire preuve de solidarité. Cette approche doit s’appliquer aux petits gestes comme aux grandes entreprises, telles que la répartition équitable des vaccins et la protection des groupes à risque.

Nous constatons avec préoccupation que le phénomène de la violence à l’égard des femmes et des enfants a pris beaucoup d’ampleur durant la pandémie. À cause du confinement, des difficultés financières et de la peur du chômage, de plus en plus de femmes sont victimes de violences au sein du foyer. La Convention d’Istanbul est un instrument qui permet de lutter efficacement contre ce fléau. Elle n’a cependant pas encore été ratifiée par tous les États membres du Conseil de l'Europe. Nous voulons convaincre ceux qui hésitent encore.

Si l’Europe est aujourd’hui la partie du monde où le degré de protection des droits de l'homme est le plus élevé, c’est notamment au Conseil de l'Europe que nous le devons. La pandémie de COVID-19 met toutefois aussi en évidence des domaines où nous devons encore mieux protéger les droits de l'homme, la démocratie et l’État de droit. Cette année, la Journée internationale des droits de l'homme a pour thème « Reconstruire en mieux – Défendons les droits de l’homme ». La période de reconstruction qui suivra la pandémie nous donnera une occasion unique de prendre un nouveau départ et de renforcer les droits de l'homme. Ensemble, saisissons cette chance !

Published in Frankfurter Rundschau 10 Décembre 2020
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