Retour Dialogues de Strasbourg en présence de M. Martin Hirsch

Madame l'Adjointe au Maire,

Mesdames, Messieurs,
Chers participants,

Je vous souhaite la bienvenue à la neuvième édition des Dialogues de Strasbourg, fruit d'un partenariat étroit entre la Ville de Strasbourg et le Conseil de l'Europe. Ces Dialogues ont pour ambition d'associer les Strasbourgeois aux débats sur des thèmes essentiels pour l'Europe mais aussi de les faire profiter des connaissances et de la ‘sagesse' de personnalités européennes de premier plan avec lesquelles nous travaillons.

C'est le cas aujourd'hui avec la présence de M. Martin Hirsch, Président de l'Agence française du Service civique.

M. Hirsch a participé en 2011, pour le Conseil de l'Europe, à la rédaction d'un rapport sur les défis que pose la résurgence de l'intolérance et de la discrimination en Europe. Ce rapport, intitulé « Vivre ensemble au 21ème siècle en Europe : diversité et liberté », garde malheureusement aujourd'hui toute son actualité.

Comme vous le savez, M. Hirsch est un défenseur des droits de l'homme et en particulier un militant de la lutte contre la pauvreté. Il a fait de l'engagement le fil conducteur de sa vie. C'est cette thématique qui nous réunit aujourd'hui.

Que signifie l'engagement citoyen pour une institution européenne comme le Conseil de l'Europe ?

Depuis 64 ans (nous venons justement de fêter notre anniversaire), le Conseil de l'Europe travaille à la défense et à la promotion des droits de l'homme, de la démocratie et de la primauté du droit. Il a la tâche d'élaborer des normes juridiques communes ainsi que des standards politiques européens et de vérifier leur mise en œuvre ; cette tâche est essentielle pour la sécurité et la paix de notre continent.

Pourtant, la démocratie ne peut prospérer sans l'engagement des citoyens. Sans que les citoyens partagent les valeurs sous-jacentes de la démocratie ; sans qu'ils s'engagent pour les institutions de la démocratie ; sans qu'ils respectent les droits des autres ; sans qu'ils fassent l'effort de comprendre les défis auxquels nous sommes tous confronté. Sans cet esprit de citoyenneté démocratique, sans ces compétences nécessaires pour la démocratie, nos institutions, nos normes et standards perdront vite leur sens. Et une démocratie sans citoyens n'est pas durable.

Au niveau européen, la référence la plus importante dans ce contexte est la « Charte du Conseil de l'Europe sur l'éducation à la citoyenneté démocratique et l'éducation aux droits de l'homme », adoptée par nos Etats membres en 2010. La « Charte » demande que chaque personne vivant en Europe ait tout au long de sa vie accès à l'éducation à la citoyenneté démocratique. La « Charte » vise à donner à chacun les moyens d'exercer et de défendre ses droits et ses responsabilités démocratiques dans la société, d'apprécier la diversité et de jouer un rôle actif dans la vie démocratique. Elle met l'accent sur les droits et les responsabilités démocratiques, et sur la participation active.

Il y a quelques mois, lors d'une première grande conférence européenne d'évaluation sur l'impact de la « Charte », nous avons pu tirer quelques conclusions préliminaires. Deux tiers de nos pays membres ont confirmé que la « Charte » a déjà été promue et mise en œuvre. Dans plus de 80% de nos pays membres, une formation est assurée aux enseignants et aux formateurs d'enseignants. Mais beaucoup reste encore à faire dans ce domaine.

Je profite de cette occasion pour vous informer que le Conseil de l'Europe a réalisé une exposition déclinant de façon humoristique les principes de démocratie et de droits de l'homme contenus dans la « Charte » sur l'éducation à la citoyenneté. Cette exposition est notamment visible au Centre administratif de la Ville durant tout le mois de mai. Je tiens d'ailleurs à remercier la Ville de Strasbourg qui a bien voulu accueillir cette exposition.

Pour conclure, je souhaiterais, M. Hirsch, citer un passage de votre dernier livre « La lettre perdue », qui souligne la nécessité de ce que j'appelais auparavant la citoyenneté démocratique :« Tout ce qui semblait parfaitement irréversible apparaît désormais complètement réversible…. Un gouvernement incluant des membres de l'extrême droite ? Possible. Une crise qui provoque une attraction pour des mouvements non démocratiques ? Possible. Un sort indigne réservé à des minorités ethniques ? Possible. Des violations aux conventions européennes des droits de l'homme ? Possible. Des restrictions aux libertés fondamentales ? Possible. »

Et vous ajoutez plus loin :

« Eviter la réversibilité, voilà une raison de s'engager. Une raison évidente, pressante et difficile. Mais existe-t-il des engagements faciles ? »

Vous avez là parfaitement résumé la situation des pays européens mais aussi laissé poindre les difficultés de l'engagement. Vous soulignez ainsi l'impérieuse nécessité pour chaque citoyen de se sentir acteur de l'avenir de nos sociétés. Vous nous en direz plus pendant ce débat.

Nous vous remercions d'avoir accepté notre invitation aujourd'hui.