Retour Les personnes âgées ont plus que jamais besoin de soutien en ces temps de pandémie de Covid-19

Déclaration
Des femmes âgées se tiennent sur un balcon à Pampelune, en Espagne, le 15 mars 2020.

Des femmes âgées se tiennent sur un balcon à Pampelune, en Espagne, le 15 mars 2020.

La pandémie de coronavirus (COVID-19) que nous connaissons aujourd’hui est particulièrement dangereuse pour les personnes âgées et menace de manière disproportionnée leur droit à la santé et divers autres droits de l’homme. Les Etats européens qui mettent en place des mesures de confinement afin de lutter contre le virus ont souvent demandé aux personnes âgées de s’isoler avant d’étendre cette consigne à l’ensemble de la population, et le confinement de ces personnes pourrait se prolonger.

Les mesures de confinement sont absolument vitales et nécessaires. Dans un contexte où l’on apprend avec affliction que des hôpitaux doivent instaurer une sélection des patients du fait de la saturation de leurs services d’urgence,les États doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour ralentir la progression du virus et chacun doit prendre sa part de cet effort et défendre la solidarité. Cependant, la distanciation sociale rendue nécessaire par cet objectif aura indéniablement pour effet d’aggraver le problème déjà alarmant de l’isolement des personnes âgées. En effet, ces personnes sont particulièrement exposées à la pauvreté et à l’exclusion ainsi qu’à l’isolement social, ce qui a un impact direct sur leur état de santé, notamment mentale. C’est pourquoi les personnes âgées ont plus que jamais besoin d’aide en cette période de crise et les mesures prises pour lutter contre la pandémie doivent être particulièrement attentives à ce besoin. J’ai noté avec satisfaction, par exemple, que lors de la mise en place des mesures de confinement actuelles les autorités françaises avaient inclus l’assistance aux personnes vulnérables parmi les motifs valables pour pouvoir quitter son domicile.

Toutes nos sociétés doivent inventer de nouveaux moyens de stimuler la solidarité intergénérationnelle et les contacts sociaux avec les personnes âgées sans exposer celles-ci à un risque d’infection. Les multiples initiatives et actions d’ONG nationales pour promouvoir de telles formes innovantes d’engagement social sont un signe encourageant. Par exemple, le Conseil flamand des personnes âgées mène une action de sensibilisation à la situation des personnes âgées et encourage les initiatives novatrices, telles que les rencontres virtuelles ou les appels téléphoniques quotidiens de la part de bénévoles ; en Cornouailles, au Royaume-Uni, une initiative facilite l’envoi de cartes postales aux voisins âgés afin de proposer une aide aux isolées. Si la société civile réagit souvent rapidement et avec générosité dans ce domaine, les gouvernements européens ont pour leur part le devoir de soutenir activement les initiatives de ce type et plus généralement la responsabilité intergénérationnelle.

Hélas, la pandémie a aussi donné lieu sur les réseaux sociaux à une prolifération des remarques désobligeantes et des discours de haine à l’encontre des personnes âgées, qui sont autant de signes du ressentiment croissant entre les générations. J’ai par exemple été choquée de voir des hashtags cruels et déshumanisants à l’égard des personnes âgées sur Twitter ou les manifestations de tels sentiments recensées par l’ONG française les Petits Frères des Pauvres. En ces temps où l’Europe, peut-être plus que jamais auparavant, a besoin de solidarité intergénérationnelle, de telles déclarations sont intolérables et mettent l’accent sur la nécessité pour les États européens de combattre ce type de discours et d’attirer l’attention sur le danger d’une telle attitude.

La situation actuelle met aussi en lumière les déficiences des grandes d’institutions d’accueil de longue durée des personnes âgées, où celles-ci sont confinées dans des résidences fermées. Même en l’absence de la menace d’un virus mortel, ces établissements sont souvent le lieu de multiples violations des droits de l’homme, parmi lesquelles les violences et les mauvais traitements, en raison notamment d’un manque de moyens chronique et du fait que la conception et la mise en œuvre de l’accueil de longue durée ne reposent pas sur une approche fondée sur les droits de l’homme. La crise actuelle montre que les résidents de ces établissements tout autant que leurs personnels sont exposés à un risque accru d’infection, ainsi qu’il a été démontré clairement dans l’État de Washington (États-Unis), et elle exige de prendre, afin de protéger les résidents, des mesures d’isolement drastiques comparables à celles que le gouvernement français a dû adopter. Cette situation montre à quel point les États européens devront, lorsque la crise sanitaire actuelle sera passée, mener de toute urgence les réformes de la protection sociale attendues de longue date. Un système de protection sociale privilégiant le soutien individualisée aux personnes âgées, et favorisant dans le même temps leur pleine inclusion dans la société, devra être au cœur de ces réformes.
Strasbourg 20/03/2020
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