Back Inauguration des 15e Journées de l’architecture

Strasbourg , 

Tel que délivré

Mesdames, Messieurs,

 

C’est avec grand plaisir que je représente le Conseil de l’Europe aujourd’hui, jour anniversaire de l’inauguration il y a 20 ans du Palais des droits de l’homme, la seule œuvre architecturale à Strasbourg de Sir Richard Rogers. Ce bâtiment, qui abrite aujourd’hui près de 700 personnes et fait partie de l’ensemble des bâtiments de notre Organisation, a pris toute sa place dans le paysage architectural européen et figure désormais parmi les grandes œuvres édifiées au 20e siècle.

Pour ceux d’entre vous qui ne le sauraient pas, le Conseil de l’Europe est le garant de la Convention européenne des droits de l’homme.

Nous jouons en quelque sorte, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le rôle de chien de garde des libertés fondamentales sur tout le continent européen.

Nous comptons 47 Etats membres dans lesquels vivent 820 millions de personnes, et notre travail consiste à défendre leurs droits, comme le prévoit le droit international.

Notre juridiction – la Cour européenne des droits de l’homme – est au cœur de cette mission.

Toute personne qui vit en Europe, et dont les droits fondamentaux sont bafoués, et qui ne peut obtenir justice dans son propre pays, peut déposer un recours ici, à Strasbourg, où son dossier sera jugé conformément aux normes internationalement reconnues. Suite à ce jugement, les autorités de son pays seront tenues de suivre les décisions de la Cour.  Je tiens à souligner que ceci vaut aussi pour les migrants et les réfugiés que nous voyons arriver sur nos rivages et dans nos villes.

Il y a tout juste 70 ans, le fascisme et l’Holocauste avaient mis notre continent à genou. Aujourd’hui, vous en conviendrez, cet attachement aux libertés individuelles représente une pierre angulaire de notre histoire; il constitue aussi une réussite dont nous devons tous être fiers.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, pour ma part, j’ai le sentiment qu’une institution qui se distingue à ce point doit avoir, extérieurement aussi, fière allure.

Voilà pourquoi je tiens à remercier Sir Richard Rogers, qui n’a malheureusement pas pu être parmi nous ce soir, Ivan Harbour, et les nombreux collègues qui les ont aidés à dessiner et construire le bâtiment emblématique de notre Cour.

Et non pas seulement pour son style, remarquable.

Ni simplement pour l’aura que cette structure, primée, a donnée au siège de notre institution – on vient la voir du monde entier.

Non. Si je veux remercier ces grands architectes – qui ont été de véritables visionnaires –, c’est aussi pour avoir su créer un bâtiment qui incarne physiquement nos valeurs.

Pour avoir su inscrire le respect de la dignité humaine dans l’espace et dans le temps, et pour l’avoir ainsi ancré dans le ciment, l’acier et le verre.

Et pour avoir créé un symbole qui a la même signification pour des millions d’individus, quel que soit le pays dont ils viennent, quelle que soit la langue qu’ils parlent.

Ce symbole, c’est celui de la liberté, garantie par le droit.

Comme l’a dit ce matin M. Dean Spielmann, Président de la Cour européenne des droits de l’homme, lors de l’inauguration de l’exposition dédiée au 20e anniversaire du Palais [bâtiment] de la Cour,  je le cite : «Sir Richard Rogers souhaitait s’éloigner de l’architecture traditionnelle des palais de justice et force est de constater qu’il y est parvenu. Il ne voulait pas d’une institution intimidante et formelle. Il souhaitait, au contraire, qu’elle offre un visage humain. (…) Rogers a appliqué ici les principes qui constituent les grandes lignes de son architecture: lisibilité, transparence, proximité de l’environnement. (…) Il a réussi son pari et ce Palais des droits de l’homme apporte qualité et joie à nos vies.»

En ces temps difficiles où l’Europe doit faire face à de nombreux défis – l’austérité, la crise des réfugiés et la montée de l’extrémisme, pour n’en citer que quelques-uns – de tels repères nous rappellent tout le bien dont nous sommes capables.

Et c’est en cela, M. Harbour, que la Cour que vous nous avez construite – et que nous gérons – demeure une source d’espoir.

 

Je vous remercie de votre attention.