Le Conseil de l’Europe s’est
déjà souvent penché sur la question de la contrefaçon. Plusieurs séminaires et
conférences de haut niveau1 ont été consacrés à ce problème, à la menace qu’il
représente et à d’éventuelles solutions. Tout au long de ces manifestations, il
a été souligné que le Conseil de l’Europe devrait aborder le problème des
produits pharmaceutiques contrefaits sous l’angle de la santé publique et les
envisager comme une menace pour la santé (et la sécurité) publique, qui porte
atteinte au droit à la vie consacré par l’article 2 de la Convention de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. À cet effet,
l’élaboration d’un instrument juridique international, éventuellement une
convention du Conseil de l’Europe, en collaboration avec d’autres instances
internationales pertinentes telles que l’OMS, a été jugée souhaitable.
Le rapport d’études sur les
médicaments contrefaits (également connu sous le nom de « rapport Harper »)2 qui
fournit une présentation générale de la situation actuelle en matière de
médicaments contrefaits sur le territoire des États membres du Conseil de
l’Europe parties à l’Accord partiel dans le domaine social et de la santé
publique, relève les lacunes que présentent la législation et les procédures
administratives.
Les travaux en cours du Conseil
de l’Europe sur la contrefaçon ont bénéficié d’un important appui de l’Assemblée
parlementaire, qui a adopté plusieurs recommandations sur le sujet3. L’un des
principaux messages de ces recommandations est que « l’augmentation rapide de la
présence des produits de contrefaçon en Europe – un phénomène qui met en danger
la santé et le bien-être des consommateurs – érode les marchés pour les
producteurs légitimes, porte atteinte à la réputation des marques, entraîne des
distorsions dans la concurrence, pénalise l’emploi et réduit les recettes
fiscales ». L’Assemblée s’attaque également à l’idée reçue selon laquelle la
contrefaçon est une activité inoffensive, et appelle les États membres du
Conseil de l’Europe à « améliorer le recueil des données sur les liens entre les
produits de contrefaçon et les accidents ou décès, en particulier pour ce qui
est des produits pharmaceutiques, des pièces de rechange, des jouets, des
produits de soin corporel, des appareils ménagers, des produits d’alimentation,
des boissons alcoolisées et du tabac ».
En 2007, l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a présenté un rapport sur la
nécessité d’une convention du Conseil de l’Europe relative à la suppression de
la contrefaçon et du trafic de produits contrefaits. Ce rapport note que « le
trafic de produits contrefaits est un fléau qui contamine tout notre continent
et qui, tant par la variété que par le volume des produits contrefaits, prend
les proportions d’une épidémie. Tous les États membres du Conseil de l’Europe
sont concernés, en tant que pays d’origine, de transit ou de destination pour
ces produits ». L’Assemblée a souligné qu’il existait un vide juridique au plan
international et que les autorités nationales compétentes étaient soit
inexistantes, soit faibles ; elle a par conséquent insisté sur la nécessité de
prévoir un instrument juridique international définissant des infractions
spécifiques en matière de contrefaçon de médicaments, afin qu’il soit possible
d’arrêter les auteurs de telles infractions et de les poursuivre au pénal.