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Evénements en 2005
Manifestations dans les pays participants
 
Conférence "Dialogue interculturel : aller de l'avant"
27-28 octobre 2005
Programme (pdf)
  Rapport sur le colloque "Culture européenne : identité et diversité"
  Plate-forme ouverte de coopération (pdf)
  Mémorandum de coopération avec la Fondation Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures
  Programme d’activités coordonné entre le Conseil de l'Europe et l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO)
  Déclaration de Faro (pdf)
  Convention-cadre (pdf)
  Rapport explicatif (pdf)
  Actes de la Conférence d'ouverture de Wroclaw (pdf)
  Galerie photos de la conférence de Faro
   
Colloque "Culture européenne : identité et diversité"
8-9 septembre 2005
Les intervenants et leurs contributions
Liste des participants
  Résumé (pdf)
 
Conférence de lancement
9-10 décembre 2004
Déclaration
Cérémonie d'attribution de mentions à cinq itinéraires culturels
Les nouvelles dimensions d'Europe
Cinquante ans de la Convention culturelle européenne (pdf)
Texte de la Convention - Etat des signatures et ratifications
 
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40 ans de coopération culturelle européenne 1954-1994 par Etienne GROSJEAN
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Colloque : « Culture européenne : identité et diversité »

Strasbourg, France
8-9 septembre 2005

Contribution de Michael Raphael

Permettez-moi d’aborder le thème d’aujourd’hui, « Diversité et cohésion », dans la perspective de la jeunesse. Hier, nous affirmions que, dans notre monde global et numérique, de multiples facteurs influent sur la formation des identités culturelles et sociales. Nous reconnaissions également que, plus que par le passé, les jeunes se retrouvent dans quantité d’identités complexes, dont des sous-cultures et des cultures virtuelles. Dans ces conditions, le débat sur la diversité culturelle en Europe doit prendre réellement en considération la nouvelle génération et intégrer sa manière particulière de percevoir la culture.

L’identité culturelle est aujourd’hui plus fluide et dynamique que jamais. Internet et d’autres moyens numériques sont les vecteurs d’un véritable dialogue interculturel à l’échelle de l’Europe. Les frontières culturelles traditionnelles se désintègrent et perdent de leur sens. Même les barrières linguistiques, qui font partie des signifiants culturels, disparaissent progressivement. Dans l’Europe d’aujourd’hui, les jeunes échangent et communiquent de plus en plus sans l’entremise des institutions et du système d’éducation formel : une jeunesse multiculturelle se rencontre dans les concerts de rock, les hauts lieux touristiques et d’immenses soirées rave. Comment, dans le cadre du travail sur la jeunesse, promouvoir une interaction culturelle saine et positive ? Comment l’apprentissage interculturel peut-il conserver son intérêt face à des identités culturelles en perpétuel mouvement ?

Dans l’ancien paradigme culturel, l’Histoire jouait un rôle majeur. Aujourd’hui, les jeunes s’intéressent à la construction de relations sociales significatives dans le contexte d’une nouvelle Europe sans frontières, beaucoup plus qu’aux débats sur les grands événements du passé. La majorité d’entre eux ont compris que leur réussite personnelle et sociale dépendait de leur capacité à communiquer avec les autres cultures et à les comprendre. Dans ce débat, il importe de ne pas oublier ceux qui s’isolent dans leur culture, par leurs origines ou leur situation géographique, sous peine d’encourager chez eux des attitudes de chauvinisme culturel ou de fanatisme religieux en réaction à l’exclusion qu’ils ressentent.

L’apprentissage interculturel consiste fondamentalement à enseigner des compétences susceptibles d’aider à la construction de relations. Il ne s’agit pas d’apprendre en quoi consistent les cultures « différentes », comme le ferait un anthropologue ou un historien, mais de faire l’expérience de l’ « autre » par l’intermédiaire d’une relation sociale interactive et dynamique. L’Histoire et la culture ne sont plus des vérités perçues mais des réflexions sur les relations vécues entre les cultures. Et donc, la qualité des relations sociales est au centre du dialogue culturel.

Un membre de cette table ronde, évoquant le cas des jeunes immigrés turcs en Allemagne qui se tournent vers les idéologies islamiques, s’est demandé si nous devions tolérer ces mouvements dans nos sociétés. A mon avis, la question se pose de la façon suivante : qu’est-ce qui motive ces jeunes ? Ne devrions-nous pas nous pencher sur les relations que nous entretenons avec ces immigrés qui ont le sentiment d’être des « étrangers », qui plus est écartés de la mobilité sociale ?

Il importe d’engager un dialogue transparent au sein de nos communautés et de comprendre les besoins des groupes ethniques et religieux qui vivent dans nos sociétés européennes. Seul un tel processus peut déboucher sur une communauté européenne caractérisée par la diversité et la cohésion. Il faudrait inviter les groupes religieux et culturels qui se sentent désorientés, vulnérables et en danger, à exprimer leurs préoccupations avant que la communication ne soit coupée. Pour agir sur cette vulnérabilité, il faudrait créer, dans les communautés, un espace dans lequel les jeunes notamment puissent se réunir et échanger leurs points de vue sur la culture. Des espaces de ce type existent dans les deux Centres européens de la Jeunesse du Conseil de l’Europe, à Strasbourg et à Budapest. Reproduire ce modèle de centre dans tous les pays européens contribuerait grandement à leur développement économique et social.

Les jeunes devraient faire partie intégrante de ce processus et bénéficier d’un accès gratuit et égal à l’éducation interculturelle dans les systèmes formel et informel. Ce processus devrait être participatif, approcher les jeunes communautés religieuses et ethniques et leur donner les moyens de participer en proposant des incitations et en instaurant une véritable dynamique. Reconnaître les erreurs et les fautes commises dans la relation devrait permettre de poser des bases solides pour le développement d’un véritable dialogue. Se confronter au racisme et à l’islamophobie dans des campagnes publiques à l’image de celle du Conseil de l’Europe « Tous différents, Tous égaux » est une façon d’aider ceux qui se sentent menacés par une suspicion et une marginalisation grandissantes. Une Europe qui conjugue diversité et cohésion n’est réalisable qu’au moyen d’un processus qui donne à toutes les parties le sentiment que leurs besoins ont été entendus.