L'homophobie en Serbie
La vague soulevée par l'organisation à Belgrade d'une conférence de presse sur les
droits des gays a braqué les projecteurs sur la discrimination dont sont victimes les communautés homosexuelle,
bisexuelle et transgenre en Serbie.
En février 2009, le groupe de défense des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres
(LGBT) Gay Straight Alliance (GSA) avait convié les médias à une conférence de presse pour la sortie
de ''C'est notre pays'', un rapport sur l'état des droits des personnes LGBT en Serbie.
La conférence de presse avait dû être transférée dans un autre lieu
après que les organisateurs se sont vus refuser l'autorisation de l'organiser au Centre Sava de Belgrade.
Le GSA a contesté ce refus qu'il a assimilé à un acte homophobe de la part de la
direction du Centre. Il y a été encouragé par le soutien de membres du gouvernement inquiets de cette
décision.
Pour les militants, il s'agit-là d'une preuve supplémentaire de l'intransigeance envers les
lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres en Serbie.
Dans un rapport de mars 2009 sur la Serbie, le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe,
Thomas Hammarberg, fait part de ses inquiétudes quant au traitement réservé aux LGBT dans ce pays.
M. Hammarberg écrit notamment que ''les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres continuent d'être
victimes de discrimination, de préjugés et d'intolérance en Serbie. L'opinion publique se préoccupe
très peu de leurs problèmes et lorsqu'il est question d'eux dans le débat public, c'est souvent en des termes négatifs. Bon nombre des personnes qui défendent les droits des LGBT, indépendamment de leur propre orientation sexuelle ou identité de genre, font également
l'objet d'attaques, en toute impunité''.
Soulignant ''la précarité de la situation des personnes transgenres en Serbie, qui constituent
désormais un groupe particulièrement vulnérable'', le Commissaire tire la sonnette d'alarme eu égard
à l'homophobie latente dans la vie publique.
Le rapport révèle que d'après un sondage, 70 % des personnes interrogées
considèrent que l'homosexualité est une maladie. Elles ne sont que 7 % à estimer que les ''marches de
fierté'' sont un moyen légitime de revendiquer l'égalité de droits pour les LGBT.
Le rapport ajoute : ''Le Commissaire juge que la notion de droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres
n'en est qu'à ses débuts en Serbie, et qu'un débat ouvert et sans controverse sur ces questions reste tabou''.
Le Commissaire se félicite de l'initiative du ministère de la culture qui a débloqué
des fonds pour créer un nouveau site Web dédié à la communauté LGBT serbe, et il recommande aux
autorités de lutter contre l'homophobie par le biais de l'éducation.
''Le changement de mentalités passe par la diffusion d'informations ciblées'' peut-on lire dans le
rapport, qui précise que''pour mettre fin aux préjugés bien ancrés à l'égard des LGBT, il
est indispensable de sensibiliser l'opinion publique, de lutter contre l'homophobie et la transphobie, d'accorder une place centrale
à l'égalité des droits pour tous et de promouvoir l'éducation sexuelle et l'intégration des jeunes''.
''L'intervention des pouvoirs publics devrait privilégier la formation continue des fonctionnaires et
notamment des agents de police, du personnel judiciaire et des professionnels de santé''.
Pour en savoir plus
Rapport de la visite du Commissaire aux droits de l'homme en Serbie (13-17 octobre 2008) [en]
Dossier ''LUtte contre l'homophobie'' |