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Le racisme en point de mire

La discrimination fondée sur les différences ethniques et religieuses a longtemps entaché le paysage social et politique européen.

Les rafles de Juifs, leur extermination, les massacres perpétrés dans les colonies, l’esclavage ont concrétisé un système d’apartheid qui, des siècles durant, a été approuvé sur le plan culturel et toléré par les religions.

La Solution finale des Nazis a été ''l’apogée'' terrifiante des préjugés du XXe siècle. Plus tard, l’arrivée en Europe d’immigrés de couleur différente a ravivé le sectarisme.

Même si le racisme et l’antisémitisme persistent encore aujourd’hui, il est communément admis qu’ils sont mis en fuite. L’éducation, le tourisme de masse, les possibilités accrues d’intégration sociale, le mariage mixte, l’influence des icônes culturelles et la plus longue période de paix et de prospérité qu’on ait jamais connue sont autant de facteurs qui, ensemble, ont contribué à marginaliser les expressions ouvertes de préjugés.

La vigilance accrue des organisations et des militants actifs dans ce domaine, qui ont contraint la classe politique et la société civile à poursuivre l’offensive contre la discrimination, est venue accélérer ce profond changement des attitudes sociales.

Depuis 16 ans, l’instance indépendante qu’est la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) est un partenaire clé de cette évolution. Cet organe de monitoring dans le domaine des droits de l’homme conseille les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe sur les mesures juridiques et politiques à prendre pour combattre la violence, la discrimination et les préjugés fondés sur la race, la couleur, la langue, la religion, la nationalité ou l’origine nationale ou ethnique.

Dans ses rapports approfondis sur chaque pays, l’ECRI examine le cadre juridique de lutte contre le racisme et la discrimination raciale, son application pratique, l’existence d’organes indépendants chargés d’aider les victimes de racisme, la situation des groupes vulnérables dans des domaines d’action donnés (éducation, emploi, logement, etc.) et le ton du débat politique et public sur des questions concernant ces groupes.

Parmi les réalisations les plus importantes de l’ECRI, citons le rôle actif qu’elle a joué pour faire adopter le Protocole 12 à la Convention européenne des droits de l’homme. Cette interdiction générale de la discrimination, entrée en vigueur en avril 2005, figure parmi les plus grandes avancées de la lutte contre le racisme par le droit.

Certes, le combat contre la discrimination est loin d’être terminé, mais les travaux de l’ECRI et d’autres organes ont obligé les racistes à vivre dans un nouvel environnement social et politique. Aujourd’hui, les déclarations publiques exprimant en des termes virulents des préjugés raciaux se font plus rares. Le seuil de tolérance s’est déplacé. ''Le racisme biologique s’est transformé en racisme culturel'', a indiqué une porte-parole de l’ECRI, mettant en évidence les nouvelles frontières du discours raciste.

''Le racisme biologique s’est transformé en racisme culturel'', a indiqué une porte-parole de l’ECRI, mettant en évidence les nouvelles frontières du discours raciste.

Elle a également attiré l’attention sur ''le danger de voir les gouvernements discriminer au nom de l’intégration » et fait observer que le terrain gagné récemment dans la lutte contre la discrimination a de nouveau été perdu du fait de la ''guerre contre le terrorisme '', ce qui constitue un obstacle majeur à la cohésion sociale.

La situation difficile dans laquelle se trouvent les communautés roms en Europe est un autre sujet de préoccupation majeure et l’organisation a réussi à convaincre les décideurs politiques que les stéréotypes « romaphobes » étaient inacceptables.

''Les médias rendent désormais mieux compte des difficultés que rencontrent les Roms'', a ajouté la porte-parole de l’ECRI. ''Ceux-ci peuvent posséder la nationalité d’un pays mais rencontrer encore trop d’obstacles pour prendre part à la vie de ce pays. La participation politique est une conséquence naturelle de l’acceptation par la société. Les Roms doivent être encouragés à s’exprimer''.

Les recommandations politiques de l’ECRI ainsi que ses activités pédagogiques ont contribué à amener l’opinion publique à comprendre que le racisme et l’intolérance sont autant un problème pour la majorité qu’un fléau pour la minorité concernée.

''La discrimination peut mettre en danger une société tout entière'', a expliqué la porte-parole de l’ECRI. ''Personne ne peut se sentir à l’abri. Les sociétés fondées sur la haine ne fonctionnent pas. Rien ne justifie la discrimination''.

Pour en savoir plus

Site web de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI)
Podcast ''Le Conseil de l'Europe contre le racisme
Podcast ''Campagne du Conseil de l'Europe contre la discrimination''
Dossier ''Lutte contre le racisme''

 

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