La violence domestique est l’une des formes de violence les plus graves et les plus répandues dont soient victimes les femmes. On la rencontre dans tous les Etats membres du Conseil de l’Europe et à tous les niveaux de la société. La violence domestique est le plus souvent perpétrée par des hommes à l’encontre de leur partenaire ou ancienne partenaire intime, bien qu’il soit reconnu que la violence peut aussi être le fait de femmes ou se manifester dans le cadre de relations homosexuelles.

La violence sert à exercer un pouvoir et une emprise sur une autre personne. La violence domestique se traduit ordinairement par des comportements abusifs et coercitifs tels que des sévices physiques ou psychologiques et des abus sexuels. Elle commence souvent par des intimidations, des humiliations et des menaces, y compris la menace de souffrances auto-infligées. La violence est amplifiée par une mainmise sur la vie d’autrui, obtenue par l’isolement, la manipulation et la restriction de ses possibilités de choix et de ses libertés. Bien souvent, elle se double d’un harcèlement économique consistant à dénier à la personne son indépendance financière et à régir ses décisions économiques. Des comportements violents de ce type ne peuvent en aucun cas être considérés comme une série d’événements indépendants, car la violence physique fait souvent suite à plusieurs mois ou même années d’intimidation et de domination.

La violence domestique cause des dommages physiques et psychologiques et peut avoir une issue fatale. Outre les blessures physiques, elle provoque l’anxiété, la détresse et la perte de confiance en soi. Les sévices physiques et sexuels aggravent les sentiments de vulnérabilité, de dépossession de son propre corps, de désespoir et de honte. Ils détruisent ainsi le pouvoir de volonté de la victime et l’empêchent de se sentir libre et en sécurité.

La violence domestique s’inscrit plus largement dans un contexte social qui permet aux auteurs des sévices de s’arroger le droit de faire usage de la violence pour exercer une domination. C’est une forme de violence sexiste puisque les victimes sont principalement des femmes, précisément parce qu’elles sont des femmes. Si elle n’est pas combattue comme il convient, elle constitue une violation des droits de la femme en tant que personne humaine.

Il n’est pas facile de définir la violence à l’égard des femmes, car cette notion admet plusieurs interprétations. La plupart des instruments internationaux et textes nationaux sur le sujet la définissent en termes généraux. De même, le Conseil de l’Europe a choisi une définition qui englobe toutes les formes de violence sexiste, quels que soient le lieu où elles sont perpétrées, leurs auteurs et les circonstances qui les entourent. La Recommandation Rec (2002) 5 du Comité des Ministres aux Etats membres sur la protection des femmes contre la violence, adoptée le 30 avril 2002, donne les définitions suivantes de la violence envers les femmes en général et de la violence domestique en particulier – ce sont celles que nous retiendrons dans le contexte de la présente Campagne :

« […] le terme de « violence envers les femmes » désigne tout acte de violence fondé sur l’appartenance sexuelle qui entraîne ou est susceptible d’entraîner pour les femmes qui en sont la cible des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle ou psychologique, y compris la menace de se livrer à de tels actes, la contrainte, la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. Cette définition s’applique, de manière non limitative, à :

a. la violence perpétrée au sein de la famille ou du foyer, et notamment les agressions de nature physique ou psychique, les abus de nature émotive et psychologique, le viol et l’abus sexuel, l’inceste, le viol entre époux, partenaires habituels, partenaires occasionnels ou cohabitants, les crimes commis au nom de l’honneur, la mutilation d’organes génitaux ou sexuels féminins, ainsi que les autres pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes, telles que les mariages forcés. »