Retour Rencontre avec Sa Sainteté le pape François

Strasbourg , 

Votre Sainteté,

Bienvenue au Conseil de l'Europe, la Maison de la démocratie.

Nous vous accueillons en votre qualité de chef d’Etat et vous remercions pour le soutien important que le Saint-Siège a apporté au Conseil de l’Europe au fil des ans en tant qu’Etat observateur.

Nous vous accueillons également en votre qualité de chef spirituel, dont la sagesse est respectée et écoutée.  Vous êtes une source d’inspiration et un guide pour des millions d’Européens.

Après les guerres atroces qu’a connues ce continent, le monde a dû s’affranchir du nationalisme pour se tourner vers l’internationalisme. Il convenait de limiter la souveraineté des Etats-nations et la puissance de la majorité en leur sein, et de les subordonner à des droits fondamentaux.

Ces droits sont des droits naturels, ils existent du simple fait que nous sommes des êtres humains. Pour les garantir, nous avons mis en place tout un dispositif ici à Strasbourg, chapeauté par la Cour européenne des droits de l’homme. L’être humain, les hommes et les femmes ordinaires sont au centre de toutes nos activités. Grâce à la Cour, chaque citoyen européen peut demander justice contre son propre Etat.

Nous donnons du pouvoir aux plus faibles, la parole aux sans-voix.

Nous faisons ce que votre illustre prédécesseur, Saint Jean-Paul II, a préconisé lorsqu’il s’est exprimé ici même il y a 26 ans, à savoir renforcer le sens du bien commun.

Nous apprécions donc tout particulièrement que vous placiez l’humain au cœur de vos considérations, nous engageant à « toujours considérer la personne ». Religion, appartenance ethnique, orientation sexuelle, genre, âge, rien ne saurait justifier qu’on limite les droits et la dignité d’une personne.

Vous avez également déclaré « Nous devons inclure les exclus ». Ces exclus, qu’il s’agisse des jeunes au chômage, des sans-abri, des immigrés, des Roms ou d’autres minorités victimes de discrimination, ne sont pas un fardeau ou une menace pour la société. Ils sont une richesse ignorée. Regardez les jeunes dans nos rues. Ce qu’ils veulent, c’est du travail pour pouvoir élever leurs enfants, apporter leur contribution à la société et retrouver leur dignité.

Notre responsabilité en tant que dirigeants politiques est d’en prendre acte. Nous aurons alors fait un premier pas vers la résolution de nombre des problèmes qui se posent aujourd’hui sur notre continent.

Nous avons besoin de valeurs et d’une vision, mais aussi de courage pour regarder au-delà des certitudes du moment.

Nous l’avons vu il y a 25 ans avec la chute du mur de Berlin, qui divisait les familles et les amis. Il allait de soi que la partition de l’Europe était une réalité insurmontable. Pourtant, certains dirigeants politiques, voyant les souffrances générées par cette situation, ont conçu un projet qui transcendait cette dure réalité, ce qui a ouvert la voie à la réunification du continent.

Votre prédécesseur, Saint Jean-Paul II, a été une grande source d’inspiration dans ce cheminement.

Aujourd’hui, pape François, vous êtes également une source d’inspiration pour tous ceux qui veulent faire tomber les nouveaux murs, entre les faibles et les puissants, entre les pauvres et les riches, entre « nous » et « les autres ».

Guidés, à votre exemple, par le souci de l’autre, nous voyons plus clairement aujourd’hui, à l’heure où un nouveau mur s’installe en Ukraine, violant l’intégrité du pays et séparant une nouvelle fois des personnes et des familles, que cette situation n’est ni acceptable ni viable.

Votre Sainteté, les valeurs, la foi, l’élan continueront à abattre les murs qui nous séparent. Nous devons redonner de la vigueur à l’idée d’une Maison européenne commune, fondée sur la justice.

Nous défendons une même cause.

Vous êtes pour nous une grande source d’inspiration.

J’ai l’honneur et le privilège de vous inviter à vous exprimer devant nos institutions.