Jeudi 29 juin, le Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe a accueilli des experts de la société civile, des gouvernements et d’organisations internationales à Lisbonne, pour discuter des défis de la protection et des opportunités de coopération autour de la question de la violence à l’égard des filles dans la région Euro-Méditerranéenne.

Sous les auspices de la Représentation de la Commission Européenne au Portugal, la conférence hybride « Protection des filles : renforcer la coopération Euro-Méditerranéenne pour protéger les filles contre la violence fondée sur le genre » s’est déroulée à la fois au Centre Européen Jean Monnet et en ligne réunissant plus de 170 participants. Dans le contexte des dix ans du programme conjoint entre l'Union européenne et le Conseil de l'Europe, et du Programme de Renforcement du rôle des femmes du Centre Nord-Sud, l’événement constituait un jalon important des contributions du Centre Nord-Sud au Programme Sud IV : Soutien régional à la consolidation des droits de l'homme, de l'État de droit et de la démocratie dans le sud de la Méditerranée en vue de soulever la question de la prise de conscience des problèmes de protection auxquels les filles victimes de violence fondée sur le genre sont confrontées au Sud de la Méditerranée, ainsi que le rôle crucial de la coopération régionale et multipartite.

Sous l’égide de la Commission Européenne, du Conseil de l’Europe, de la Commission Portugaise pour la citoyenneté et l'égalité des sexes, la conférence s’est ouverte sur les discours de ses représentants et sur le discours inspirant d’Aryan Ashory, jeune poète et activiste des droits humains, sur les obstacles et les aspirations des filles réfugiées et en demande d’asile.

Organisée autour de deux sessions, la conférence a permis de dresser un état des lieux de la situation des filles et des formes de violences sexistes auxquelles elles sont spécifiquement confrontées. La première session relative aux mesures de prévention et protection a compté sur les contributions d’experts de Plan International en Jordanie, du Conseil national pour les femmes d’Egypte, de l’association SAWA en Palestine*, du réseau ECPAT pour la région MENA et de RNW, une organisation internationale de médias numériques. Le panel a alerté sur la recrudescence des violences à l’égard des filles, notamment dans le contexte de la pandémie de ces dernières années. Le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, la violence domestique et sexuelle, les crimes commis au nom du prétendu « honneur » figurent parmi les formes de violences dont sont victimes les filles, auxquelles s’ajoute le phénomène inquiétant de la cyberviolence. Les experts et les participants ont conclu en la nécessité de renforcer les cadres législatifs et juridiques actuels de façon exhaustive et par la mise en place de mécanismes d’orientation et d’assistance des victimes coordonnés et soutenu par une collecte et partage des données et de l’information au niveau national. A cet égard, l’allocation de ressources appropriées et une réelle volonté politique sont fondamentaux et ce qui font défauts aujourd’hui.

La deuxième session consacrée à la coopération à plusieurs niveaux a compté sur l’expertise de la directrice générale de l’Organisation des Femmes Arabes de Ligue Arabe, du réseau KARAMA, de la Haute Commission Portugaise des Migrations et de l’organisation tunisienne SAWN. Des initiatives prometteuses de coopération entre la société civile, les institutions gouvernementales et les organisations régionales et internationales pour parvenir à une meilleure protection des filles contre la violence à l’égard des femmes ont été présentées. Les panélistes ont souligné l'importance de l'intersectionnalité dans les politiques concernant les violences basées sur le genre et la nécessité de travailler sur une approche holistique qui inclut tous les acteurs des entités publiques pour faire face aux cas et aux risques de violence. La situation de vulnérabilité des filles migrantes, refugiées et en demande d’asile a été débattue, ainsi que celle de la traite des filles, deux problématiques pour lesquelles la coopération transfrontalière devrait impérativement être renforcée. A cet égard, les participants ont appelé à une coopération multilatérale efficace dans la région du Sud de la Méditerranée. Le projet de traité de lutte contre la violence à l’égard des femmes de la Ligue Arabe envisage de répondre à cet impératif et souhaite renforcer l’échange de pratiques et la coopération technique entre la région et le Conseil de l’Europe pour parvenir à cet objectif.

La question d’une mise en œuvre efficace de toutes mesures de protection dépend fortement des actions de sensibilisation et prévention qui seront menées. Les participants ont unanimement reconnu l’importance de travailler à un changement des mentalités pour parvenir à un changement des normes sociales, celles-là même qui entretiennent les pratiques néfastes contre les filles et empêchent le signalement des violences à l’égard des filles. Dans cet esprit, et avec le concours de la Royal Film Commission que deux courts métrages ont été présentés lors de la conférence : « Diana » de Maysoon Khaled et « Jeux d’enfants » de Rim Mejdi qui respectivement traitent des problématiques des féminicides et des abus sexuels contre les filles. Point d’orgue de la conférence, ces films font parties du projet « Chronicle of her » soutenue par ONU Femmes, UNESCO et la Royal Film Commission en Jordanie.

À la suite de la conférence, le séminaire de clôture du programme régional de subventions « renforcer les capacités des organisations de la société civile » a permis aux bénéficiaires du projet de dressé le bilan de leurs actions dédiées à améliorer l’accès aux services de protection aux victimes. Au total, ce sont 28 activités qui ont été organisées au profit 2123 parties prenantes. De plus amples informations sont disponible sur la page dédiée au projet : Coopération euro-méditerranéenne pour la protection des femmes et des filles contre la violence.

 Retrouvez le programme et les discours des intervenants sur la page de la conférence : Protection des Filles.

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