Le 8 juin 2018, la ville de Vinnitsa a organisé une table ronde sur les relations interconfessionnelles, afin : 1) de sensibiliser l’opinion aux difficultés rencontrées par les communautés musulmanes à Vinnitsa, et plus généralement en Ukraine ; 2) d’accorder une place plus importante aux échanges interculturels dans la politique de la ville ; 3) de continuer à encourager les représentants de minorités nationales à participer activement à la vie culturelle et socio-économique de la ville, ce qui empêchera toute discrimination fondée sur la religion ; et 4) de favoriser une concertation étroite entre les fonctionnaires municipaux, les représentants des minorités et les organisations de la société civile afin de promouvoir et de soutenir une coexistence interculturelle positive. La ville avait convié d’autres membres du réseau ukrainien des Cités interculturelles à cette rencontre.

La table ronde a rassemblé des représentants du conseil municipal de Vinnitsa et du conseil régional, les Centres culturels islamiques de Kiev et de Vinnitsa, l’ONG locale Al-Isra, des représentants du conseil municipal de Pavlograd, la Coalition pour la lutte contre les discriminations en Ukraine (Koalitsia z protydii diskryminatsii v Ukraini), le Centre d’information et d’éducation « VIS » (Informatsiïno-prosvitnits’ki tsentr « VIS’ »), l’organisation de défense des droits de l’homme Source of Hope (Source d’espoir), ainsi que des représentants des communautés musulmanes de Vinnitsa et de Melitopol.

La discussion a porté sur l’intégration de la communauté musulmane à Vinnitsa, en Ukraine et plus généralement en Europe. Les participants ont parlé des stéréotypes et préjugés antimusulmans, ainsi que des dangers de la radicalisation entraînée par l’exclusion ou la marginalisation. Ils ont étudié les bonnes pratiques constatées par d’autres villes membres du réseau Cités interculturelles pour combattre l’intolérance ethnique et religieuse. Le débat s’est appuyé sur un rapport concernant les textes et instruments législatifs internationaux qui garantissent la protection des droits de l’homme et des droits des minorités, tels que la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales.

Tarik Sarhan, du Centre culturel islamique de Kiev, a parlé de l’avantage de pouvoir vivre, travailler et pratiquer sa religion librement en Ukraine. Il a mis l’accent sur la nécessité de protéger le patrimoine culturel et religieux des communautés musulmanes. Musa Salim, l’imam de Vinnitsa, a souligné l’importance des événements culturels, organisés conjointement par le Centre islamique de Vinnitsa et les pouvoirs locaux, car de telles initiatives « nous donnent l’occasion de nous rencontrer plus souvent et de mieux nous comprendre… Nous avons découvert beaucoup de points communs entre nos deux cultures, car les orthodoxes (religion principale en Ukraine) et les musulmans évoluent ensemble depuis des siècles et, au fil du temps, chacun a influencé la cuisine, la culture, la langue, l’art et les traditions de l’autre... »

M. Igor Sikorski, représentant du conseil régional, a présenté les dernières statistiques relatives aux minorités dans la région de Vinnitsa. Il a également exposé la stratégie suivie par le Centre régional pour les minorités, récemment créé.

Les participants ont reconnu que, bien que le contexte de l’intégration des communautés musulmanes soit différent en Ukraine et dans les villes d’Europe occidentale, le modèle d’interaction interculturelle peut en pratique s’appliquer également aux relations interreligieuses ainsi qu’à la conception des politiques urbaines, afin de développer des communautés harmonieuses et évitant tout stéréotype. Dans les faits, cela demande de favoriser la rencontre et l’interaction des membres des communautés locales, de répondre conjointement et positivement aux problèmes auxquels ils sont confrontés et de débattre des conflits éventuels pour les gérer et identifier des solutions communes, tout en garantissant une atmosphère de compréhension mutuelle, d’ouverture d’esprit et de respect. Pour appliquer cette solution à Vinnitsa, il a été décidé de mettre en place une coopération officielle plus étroite entre Al-Isra, l’ONG qui œuvre avec des communautés musulmanes de Vinnitsa, et les collectivités locales et régionales. Cette coopération fait partie intégrante de la stratégie interculturelle de la ville.

Lors de la table ronde, la ville de Vinnitsa a également annoncé sa décision d’être l’une des premières villes à utiliser le test de citoyenneté interculturelle. Il s’agit de l’une des dernières initiatives du programme « Cités interculturelles » ; elle vise à évaluer les connaissances et la sensibilisation de la population en matière de droits de l’homme, ses compétences interculturelles, sa perception de la diversité et sa disposition à agir de manière interculturelle.