Le projet photographique « Genève, sa gueule », lancé en mars 2014 par le Service Agenda 21 – Ville durable, s’inspire en partie de l’initiative Humans of New York et de projets semblables mis en œuvre ailleurs. Son objectif est littéralement de donner un visage humain à l’histoire de la diversité de Genève, en reconnaissant et en révélant son ampleur. Les séances de photographie, au cours desquelles de brefs récits de vie ont également été recueillis par écrit, ont permis de produire plus de 2 000 portraits accompagnés de biographies. Aucune des personnes souhaitant participer n’a été exclue, et cette démarche ne vise nullement à représenter la démographie de la ville dans des proportions exactes. Certaines photos ont été prises lors de manifestations totalement ouvertes, comme des foires de rue, tandis que pour d’autres, l’équipe du projet a cherché à mettre en avant les membres les moins « visibles » de la société, tels que les personnes âgées, les personnes en situation de handicap ou les personnes vivant dans des centres d’accueil pour personnes réfugiées. Ces images ont été utilisées dans le cadre de campagnes d’affichage et d’expositions dans des galeries entre 2015 et 2017. Il a été globalement assez difficile d’utiliser les réseaux sociaux ; en effet, bien que les personnes photographiées dans le cadre du projet aient signé des formulaires de consentement, les responsables de l’organisation ont été prudent-e-s en ce qui concerne la publication d’images et d’informations sur toute personne susceptible de faire l’objet d’injures raciales ou d’autres agressions qui découleraient de ces publications.
Si les histoires présentées font état d’un sentiment commun d’appartenance à Genève chez les participant-e-s, les images témoignent de leur diversité. Les formulaires comportaient des questions telles que « Qu’est-ce que vous aimez ou détestez à Genève ? », pour mettre en évidence les points communs, et il était demandé à chaque participant-e d’indiquer l’origine de ses grands-parents afin que certains de celles et ceux né-e-s en Suisse puissent réfléchir un instant à leur propre statut de personne issue de l’immigration. Les sujets des photos ont aussi été invités à l’inauguration de l’exposition, tandis que les visiteur-euse-s qui se sont rendues dans les galeries et qui n’étaient pas représentées dans les expositions ont pu poser pour aussi être pris en photo et contribuer au projet en racontant leur propre histoire.
