Plusieurs défis de taille auxquels font face actuellement des sociétés européennes à la fois plurielles et démocratiques, et leurs systèmes éducatifs, se sont imposés pour justifier le projet. Le degré de capacité de ces systèmes à relever ces défis est un critère important qui permet de déterminer la qualité des systèmes éducatifs.


L’éducation a un rôle essentiel à jouer pour doter les jeunes de valeurs, de compétences, d’attitudes, de connaissances et d’une compréhension critique nécessaires pour combattre les formes d’extrémisme qui menacent la stabilité politique et sociale. L’enseignement de l’histoire a donc pour mission essentielle d’aider les jeunes à connaître et à comprendre le passé d’une manière qui renforce leur capacité à vivre de manière constructive dans le monde pluriel et complexe d’aujourd’hui.
 

Les séminaires s’articuleront par conséquent autour de trois grands thèmes :

Contribution de l’enseignement de l’histoire à la construction de sociétés plurielles et inclusives

L’histoire et l’enseignement de l’histoire jouent un rôle important dans la construction des identités. Les versions du passé semblent parfois accorder de la légitimité aux identités en leur donnant l’apparence d’une continuité intemporelle et, de fait, une qualité « essentielle » ou « naturelle ». Cela peut devenir problématique lorsque la domination culturelle de groupes ethniques ou nationaux particuliers au sein de l’Etat-nation induit l’amalgame de leurs intérêts et de leur « culture » avec ceux de l’Etat-nation dans son ensemble, marginalisant ainsi d’autres groupes ethniques ou nationaux. Toutefois, l’histoire peut aussi aider à mettre l’accent sur des notions plus inclusives de l’identité. Cette capacité de l’enseignement de l’histoire est aujourd’hui plus importante encore, compte tenu des dernières vagues d’immigration en Europe.
 

Développement de l’esprit critique dans le domaine historique à l’ère du numérique

La navigation dans le cyberespace créé par la technologie et l’accès sans précédent à l’information ainsi que l’interaction sociale qu’elle permet présentent de nombreux avantages. Cependant, les jeunes doivent en même temps acquérir les solides compétences d’analyse et d’interprétation et la capacité de jugement leur permettant de voyager de manière constructive et sûre dans ce monde virtuel. Il faut les aider à se doter des instruments critiques grâce auxquels ils pourront détecter les tentatives de désinformation, reconnaître les stéréotypes et contrer les faux arguments de sorte à renforcer leur résistance à la manipulation, quelle qu’en soit la source.
 

Ce volet du projet pourrait contribuer également à l’élaboration du projet d’éducation à la citoyenneté numérique.
 

Traitement de sujets sensibles : engagement affectif des jeunes dans l’enseignement et l’apprentissage de l’histoire

Cet aspect est lié à la reconnaissance que l’histoire est nécessairement une matière fondée sur des valeurs – par exemple, le choix d’un contenu particulier ou la façon dont le contenu choisi est transmis –, mais aussi que les mots clés portés par le projet – "diversité", "inclusion", "démocratie", "qualité" – impliquent à la fois la formation de jugements de valeurs et l’adhésion active à un ensemble de valeurs donné, de la part de l’enseignant et de l’élève.

De plus, l’engagement affectif des élèves est un élément fondamental qui aide à répondre à des questions telles que : "Comment les enseignants d’histoire peuvent-ils aider les élèves à gérer des émotions qui découlent de la mémoire collective (parfois manipulée) et de la commémoration ?", "Comment les enseignants d’histoire devraient-ils aborder l’enseignement de questions sensibles ?" 
 

Pour chacun de ces thèmes, les participants étudieront plusieurs sous-thèmes et élaboreront des supports illustrant la façon dont ils pourraient être traités dans les divers aspects de l’enseignement et de l’apprentissage de l’histoire.

Le développement de ces thèmes et sous-thèmes aidera à analyser comment les compétences énoncées dans le nouveau Cadre de références en matière de compétences pour une culture de la démocratie : enseignement, apprentissage et évaluation pourraient être utilisées dans les pratiques pédagogiques.

Les participants seront invités à formuler, en petits groupes, des propositions de modèles de  documents curriculaires, de structures de leçons, de stratégies et de supports d’enseignement, et de méthodes pour évaluer un sujet ou thème historique donné. Ces modèles devront refléter ce que le groupe considère comme étant une pratique efficace dans l’enseignement de l’histoire pour un groupe d’âge donné. Les participants seront invités à justifier leurs décisions. Lors des sessions plénières, les groupes auront la possibilité de mettre en commun leurs matériels et de débattre de leurs opinions.

Les participants pourront apporter au séminaire des matériels pertinents (par exemple, des documents curriculaires et stratégiques, des supports d’enseignement, des plans de leçons, des stratégies d’évaluation et des guides de bonnes pratiques) qui les aideront dans cette tâche.
 

Compte-rendu et résultats

Au terme de chaque séminaire, un compte rendu régional sera établi, décrivant en détail :

  • les éléments communs et les différences entre les programmes scolaires, les processus d’enseignement et d’apprentissage, et l’évaluation qui ressortent de l’analyse des données collectées (objectif 1) ;
  • la gamme de méthodes employées pour évaluer le niveau des élèves en histoire et leurs progrès concernant des compétences liées au concept de citoyenneté démocratique et de culture démocratique (objectif 2) ;
  • les documents, les supports et les références qui constituent des exemples de pratiques efficaces produites par les groupes de travail et les résultats des discussions plénières (objectif 3) ;
  • des propositions concernant les facteurs de qualité en matière d’enseignement de l’histoire au niveau régional.

Les comptes rendus régionaux de la phase 1 éclaireront la phase 2 du projet.