Comme indiqué dans la Déclaration de Vienne de 1993, « Tous les droits de l’homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés ».

L’unité et l’indivisibilité des droits fondamentaux, y compris des droits civils et politiques d’une part et des droits sociaux et économiques d’autre part, sont reconnues depuis l’adoption, en 1948, de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies.

Pour ce qui est de donner une valeur contraignante aux droits énoncés dans la Déclaration universelle, le Conseil de l’Europe a adopté deux traités distincts à une dizaine d’années d’intervalle.


Les systèmes normatifs relatifs à ces droits ont donc été conçus à des moments différents et les mécanismes de contrôle correspondants présentent quelques différences notables.

 

Evolution de la Charte et de la Convention au sein du Conseil de l'Europe : tableau comparatif


Malgré ces différences, ces systèmes sont complémentaires et interdépendants et bon nombre des droits protégés par la Convention et ses protocoles sont aussi réglementés, parfois de manière plus détaillée, dans la Charte de 1961, son Protocole additionnel de 1988 et la Charte révisée, adoptée en 1996.

Il en est ainsi des droits syndicaux qui sont de façon générale protégés en tant que liberté de réunion et d’association par l’article 11 de la Convention, mais sont assortis plus précisément d’obligations positives à remplir en vertu des articles 5 et 6 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée et de l’article 28 de la Charte révisée.

Les droits à la vie et à la protection contre les peines ou traitements inhumains ou dégradants, consacrés par les articles 2 et 3 de la Convention, sont aussi pris en considération dans plusieurs dispositions de la Charte de 1961 et de la Charte révisée, traitant par exemple des mesures concrètes à appliquer sur le lieu de travail pour préserver la vie et la santé des travailleurs, y compris par rapport à la maternité ou aux travailleurs jeunes ou handicapés (articles 3, 7, 8, 15), à la protection des femmes contre la violence domestique (article 16), au droit à l’assistance sociale et médicale d’urgence de toute personne en ayant besoin (article 13) et également au harcèlement sexuel ou moral (article 26 de la Charte révisée) ; et plus généralement tout autre droit relatif à la protection de la dignité humaine (par exemple articles 26, 30, 31 de la Charte révisée).

La protection de la santé et de l’environnement, qui d’après la jurisprudence établie dans le cadre de la Convention, est pour l’essentiel consacrée par les articles 2 et 3 ou par l’article 8, est une protection spécifique en vertu de l’article 11 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée. Dans le même cadre, l’article 13 définit les critères applicables aux mesures concrètes nécessaires pour garantir une assistance médicale effective.

L’interdiction de l’esclavage et du travail forcé, énoncée à l’article 4 de la Convention, est aussi consacrée par l’article 1 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée. Les droits procéduraux relatifs à la liberté et à la sécurité, à un procès équitable et à la légalité des sanctions, visés aux articles 5, 6 et 7 de la Convention, sont pris en compte à l’article 17 en ce qui concerne le traitement des jeunes délinquants et à l’article 19 en ce qui concerne l’expulsion de travailleurs migrants. Plus généralement, l’exigence d’un procès équitable et celle d’un recours effectif, prévues par les articles 6 et 13 de la Convention, s’appliquent aussi à toute disposition du système normatif de la Charte lorsque l’existence et l’effectivité des recours sont contrôlées.

Plusieurs aspects relevant de l’article 8 de la Convention (respect de la vie privée et familiale) font l’objet de droits particuliers et d’obligations positives concrètes en vertu de la Charte de 1961 et de la Charte révisée, par exemple le droit des travailleurs au respect de leur vie privée en vertu de l’article 1, le statut des enfants nés hors mariage en vertu de l’article 17 ou le placement d’enfants en vertu de l’article 16.

Le droit à l’éducation, énoncé à l’article 2 du Protocole n° 2 à la Convention, est détaillé dans les articles 7, 9, 10, 15, 19 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée.

Certains aspects relatifs aux droits visés par les articles 9 et 10 de la Convention (liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’expression) sont pris en compte dans le système normatif de la Charte, par exemple pour ce qui est du droit d’être informé des risques sanitaires, du droit des travailleurs à l’information ou du droit des travailleurs migrants à une formation dans leur propre langue (Charte de 1961, Protocole additionnel à la Charte de 1961 et Charte révisée).

Si la Convention protège, conformément à son article 12, le droit au mariage et, conformément à l’article 5 du Protocole n° 7, l’égalité entre époux, les droits et les obligations de ceux‑ci font l’objet de l’article 16 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée.

Certains droits relatifs à la liberté de circulation et à l’expulsion du territoire d’un Etat (articles 2, 3 et 4 du Protocole n° 4 à la Convention, article 1 du Protocole n° 7 à la Convention) sont couverts par les articles 18 et 19 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée.

L’interdiction de discrimination est prévue à l’article 14 de la Convention et dans le Protocole n° 12 à cette dernière. A ce sujet, des dispositions précises de la Charte de 1961 et de la Charte révisée portent sur la protection contre la discrimination fondée sur la fortune (article 13), le handicap (article 15), la nationalité (article 19), le sexe et l’âge (article 1 du Protocole additionnel de 1988 à la Charte de 1961 et article 20 de la Charte révisée) ainsi que la situation familiale (article 27 de la Charte révisée). L’interdiction de la discrimination est garantie en vertu de l’article E de la Charte révisée.

D’autres liens existent en ce qui concerne le droit à la protection de la propriété qui relève de l’article 1 du Protocole additionnel à la Convention et de nombreuses dispositions de la Charte de 1961 et de la Charte révisée portant par exemple sur la rémunération, les prestations etc. (articles 4 et 12 de la Charte de 1961 et de la Charte révisée) et l’expulsion de logement (article 31 de la Charte révisée).

La Cour européenne des droits de l'homme et le Comité européen des droits sociaux tiennent compte, lorsqu’ils examinent les affaires qui leur sont soumises, des liens entre le système normatif de la Convention et celui de la Charte et retiennent des critères très semblables : ils évaluent la mise en œuvre pratique des droits protégés et vérifient que les restrictions sont prévues par la loi et nécessaires dans une société démocratique.

Par leur jurisprudence constante, la Cour européenne des droits de l'homme et le Comité européen des droits sociaux veillent à ce que tous les droits de l’homme, qu’il s’agisse des droits civils et politiques ou des droits sociaux et économiques, soient effectivement protégés, de manière complémentaire et progressive.

Evénements à venir

Retour Les ministres des affaires étrangères adoptent des décisions sur les droits sociaux à Turin

Les ministres des affaires étrangères adoptent des décisions sur les droits sociaux à Turin

Les ministres des Affaires étrangères des 46 États membres du Conseil de l'Europe ont tenu leur session annuelle le 20 mai 2022 à Turin (Italie).

En ce qui concerne les droits sociaux, le Comité des Ministres, rappelant ses décisions adoptées lors de sa 131st Session (Hambourg, 21 mai 2021) et la Déclaration adoptée à l'occasion du 60ème anniversaire de la Charte sociale européenne (18 octobre 2021):

  • se félicite des suites données par ses Délégués dans l'esprit du processus de Turin pour la Charte sociale européenne sur l'amélioration du système de la Charte ;
  • reconnait la précieuse contribution apportée par la Secrétaire Générale et les organes de la Charte, à savoir le Comité européen des Droits sociaux et le Comité gouvernemental de la Charte sociale européenne et le Code européen de sécurité sociale ;
  • confirme son engagement à améliorer constamment la mise en œuvre des droits sociaux et souligne la nécessité d'adopter une bonne gouvernance démocratique en favorisant le dialogue avec les partenaires sociaux et la société civile ;
  • approuve les propositions présentées dans le rapport sur l'amélioration de l'efficacité et de l'impact du système de la Charte sociale européenne (CM(2022)67-final) ;
  • charge ses Délégués d'adopter les décisions opérationnelles nécessaires à la mise en œuvre, dès 2023, de la réforme du système de la Charte sociale européenne ;
  • invite ses Délégués à faire rapport à la 133e Session du Comité des Ministres sur l'état de la réflexion sur les questions de fond et de procédure à plus long terme relatives à la Charte sociale européenne.

Karin Lukas a déclaré à cette occasion : "En tant que présidente du Comité européen des Droits sociaux, je me félicite des efforts déployés par les États parties à la Charte sociale européenne pour rendre plus efficace la mise en œuvre des droits sociaux prévus par la Charte. Le Comité a fait plusieurs propositions à cet égard, dont certaines ont été incluses dans le processus de réforme actuel. Toutefois, la réduction de la charge que le système de rapports entraine pour les États ne renforcera les droits sociaux que si elle va de pair avec un dialogue constructif et axé sur les droits sociaux entre les autorités nationales et les organes de contrôle de la Charte. Cela ne peut être réalisé que si ce travail reçoit les ressources nécessaires, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les Etats membres du Conseil de l'Europe doivent traduire dans les faits leur "détermination à faire en sorte que le système de la Charte bénéficie du soutien politique et des outils et moyens nécessaires pour assurer son efficacité" qu'ils ont exprimée à l'occasion du 60e anniversaire de la Charte". Dans sa déclaration à l'occasion du 60e anniversaire de la Charte, le Comité des Ministres a qualifié la Charte sociale européenne d'instrument de droit international unique et précieux.

La session a également été l'occasion pour les ministres de discuter de l'agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, d'examiner la situation des droits de l'homme, de la démocratie et de l'État de droit sur la base du rapport annuel de la Secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejčinović Burić. En outre, les ministres ont pris des décisions sur les travaux de l'Organisation dans des domaines tels que les droits des enfants, les femmes et les filles migrantes, réfugiées et demandeuses d'asile, l'intelligence artificielle et la cybercriminalité, la liberté d'expression, la lutte contre les discours de haine, les droits de l'homme et l'environnement, la participation des organisations de la société civile et des institutions nationales des droits de l'homme.

Turin, Italie 20/05/2022
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