Retour 30ème Journée mondiale pour l’éradication de la pauvreté - « Agir ensemble pour éradiquer la grande pauvreté en Europe » - Cinq ans après la déclaration commune des quatre piliers du Conseil de l’Europe : quel bilan et quelles perspectives?

Strasbourg , 

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureuse d’être à nouveau parmi vous ce matin,

et je remercie chaleureusement la Présidente de la Conférence des OING, Mme Anna Rurka, de nous avoir réunis aujourd’hui pour agir ensemble. 

Merci aussi à :

l’Ambassadeur Emil Ruffer, Président des Délégués des Ministres du Conseil de l’Europe, et à

Mr Giuseppe Palmisano, Président du Comité européen des Droits sociaux. 

Votre présence et vos témoignages sont cruciaux, surtout aujourd’hui, quand nous nous engageons solennellement pour la 30ième fois à éradiquer la grande pauvreté en Europe.

Je salue aussi particulièrement Mme Annelise Oeschger, Présidente d’honneur de la Conférence des OING.

Agir, et agir ensemble, c’est bien de cela dont nous parlons : « De la déclaration aux actes », comme vous avez si bien intitulé la prochaine session du débat de ce matin.

Agir, c’est : entrer en action, faire, se comporter, avoir de l’influence, avoir la force, décider, jouer un rôle, produire, changer... 

Mais… agissons-nous vraiment ? Sommes-nous, au fait, impuissants face à cette pauvreté grandissante en Europe, dans le monde, ou même tout près de chez nous, et autour de nous ? 

Je ne le crois pas.

« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré »

Il est nécessaire de nous rappeler ces deux phrases clés gravées dans la dalle enracinée devant les marches du Palais de l’Europe, réplique de la pierre commémorative du Trocadéro où, il y a 30 ans, le 17 octobre 1987, plus de cent mille personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux victimes de l'extrême pauvreté, de la violence et de la faim.  

Depuis ce jour, nous avons pris conscience que la pauvreté est une violation des droits de l'homme. Nous savons aussi qu’il est nécessaire de se réunir - et d’être unis - pour garantir que ces droits soient respectés.

Mesdames, Messieurs,

Le 17 octobre offre l'occasion de reconnaître l'effort et la lutte des personnes vivant dans la pauvreté. 

Le 17 octobre leur donne une voix pour faire entendre leurs préoccupations.

Mais le 17 octobre et aussi le jour où nous devons reconnaître que les pauvres sont les premiers à lutter contre la pauvreté.

Le 17 octobre 2012, les Présidents de l'Assemblée parlementaire, du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de la Conférence des OING du Conseil de l'Europe, ainsi que la Présidence du Comité des Ministres, ont adopté une Déclaration commune dans laquelle ces quatre instances ont entrepris, chacune dans le cadre de leurs compétences respectives, de travailler ensemble pour éradiquer la pauvreté.

Aujourd'hui, les représentants de ces quatre instances sont invités à faire le point sur les progrès - mais aussi sur les échecs - de ces 5 dernières années.

Je salue cette initiative, Chère Anna, parce qu’elle est essentielle. Et nous devrons très vite tirer les leçons des conclusions que vous formulerez cet après–midi.

Permettez-moi de contribuer à vos travaux avec quelques points :

Le Conseil de l'Europe participe à la lutte contre la pauvreté grâce à ses outils et grâce aux travaux menés dans le cadre de traités et d'organes de suivi, en particulier la Charte sociale européenne révisée.

Notre effort, au cours de ces dernières années s’est manifesté : 

tout d’abord, dans la modernisation de la Charte :   

Nous le savons, mais il est important de le rappeler : l’article 30 de la Charte sociale prévoit à présent un droit spécifique à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Ce dernier a été ajouté à la Charte sociale européenne, à la suite d’une suggestion du mouvement ATD Quart Monde pour souligner que le fait de vivre en situation de pauvreté et d’exclusion sociale porte atteinte à la dignité de l’être humain.

Ensuite, dans la relance de la Charte, à travers le Processus de Turin, dans lequel les Etats membres ont été invités, s’ils ne l’ont pas encore fait, à ratifier la Charte sociale européenne révisée, à accepter l’article 30 et à accepter la procédure de réclamations collectives.

Actuellement, nous préparons la participation de notre Organisation au Sommet social de Gothebourg, qui aura lieu dans un mois jour pour jour, à l’initiative de la Commission européenne et du gouvernement suédois. Nous aurons à cœur d’y mettre en lumière l’évidente synergie en particulier entre la Charte Sociale révisée et le futur pilier social de l’Union européenne, ce qui doit, de notre point de vue, se refléter dans la déclaration finale.

Ce qu’il importe de retenir aujourd’hui, c’est que les Etats ayant ratifié la Charte Sociale révisée européenne se sont engagés : 

premièrement, à rendre effectif le droit à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale par des mesures assurant l’accès effectif aux droits sociaux fondamentaux, notamment à l’emploi, au logement, à la formation, à l’éducation, à la culture, à l’assistance sociale et médicale, et

deuxièmement, à lever les obstacles qui l’entravent.

Notre principe est que le respect des droits sociaux n’est pas seulement bénéfique aux personnes concernées, particulièrement les pauvres, les exclus et les marginalisés, mais permet à nos sociétés de rester cohésives et résilientes.

Il est donc naturel que le Conseil de l’Europe soit engagé dans le Plan d’action sur la construction de sociétés inclusives (2016-2019), Plan d’Action qui permet aux Etats membres de s’engager pour développer et mettre en place des politiques qui permettent de mieux gérer la diversité en Europe, tout en s’appuyant sur l’éducation, la lutte contre la discrimination et d’assurer une intégration effective des plus démunis, notamment par le respect des droits sociaux.

Maintenant, nous devons agir, et agir ensemble, pour faire vivre ces droits. 

Chacun et chacune d’entre nous ici présent a un rôle à jouer pour le traduire en réalité : le Conseil de l’Europe, les Etats membres, les ONGs, les syndicats, les organisations internationales…

Il va sans dire que dans ce contexte de réengagement, notre dialogue permanent avec la Conférence des OINGs, est d’une importance stratégique particulière.

Nous devons ensemble continuer notre réflexion commune sur le  progrès des 30 dernières années, et sur ce qu’il reste à faire, et engageons-nous aujourd’hui, à nouveau, à agir - et à agir ensemble - contre la pauvreté et l’exclusion. Malheureusement la pauvreté ne régresse pas, tout au contraire, elle s’amplifie dramatiquement dans certains pays. 

Je pense ici tout particulièrement à notre jeunesse, qui souffre des conséquences de la crise financière et économique dans beaucoup de nos Etats membres. Je pense aussi à tous les enfants migrants ou refugiés, particulièrement exposés, pour lesquels la pauvreté est un cercle vicieux.

Il est important de se rencontrer à nouveau après la finalisation des conclusions de cette réunion.

Je vous souhaite une journée fructueuse.