Retour Le maire de Budapest Karácsony : « Les villes sont des laboratoires de la démocratie »

Le maire de Budapest Karácsony : « Les villes sont des laboratoires de la démocratie »

Participant à la 40e Session le 17 juin, le maire de Budapest Gergely Karácsony a souligné les principes de décentralisation et de subsidiarité ainsi que l’importance pour les gouvernements centraux de travailler avec les autorités locales pour préserver les valeurs démocratiques en renforçant et en développant le gouvernement local. « Les intérêts locaux et régionaux devraient se voir accorder une importance beaucoup plus grande dans le processus décisionnel européen », a-t-il déclaré.

Il a souscrit aux Priorités du Congrès pour les années à venir et a souligné l’importance de la contribution des autorités locales et régionales aux objectifs de développement durable des Nations Unies.

Le maire de Budapest a souligné que les pays sont des laboratoires de la démocratie et que l’expérience montre qu’il n’y a pas de démocratie stable sans société cohésive. « Le fondement d’une démocratie qui fonctionne réside dans la force de la communauté », a-t-il ajouté, tout en lançant un appel à se concentrer sur les personnes et à développer des stratégies par le biais de processus participatifs intensifs impliquant les citoyens et de consultations conjointes avec les organisations professionnelles et non gouvernementales.

Se référant à la situation sanitaire actuelle, il a noté que sur l’ensemble du continent, les gouvernements centraux ont offert un partenariat aux autorités locales pour lutter contre la pandémie. Malheureusement, cela n’a pas été le cas en Hongrie où la crise et les mesures d’austérité prises par le gouvernement ont réduit de 40% le budget de fonctionnement de la capitale, en grande partie laissée seule dans la lutte contre l’épidémie.

M. Karácsony a rappelé que la ville accueillera le Forum de Budapest - Construire des démocraties durables, y compris le sommet des maires du Pacte des villes libres avec de nouveaux membres pour rejoindre la coalition initiée par les maires de Budapest, Varsovie, Prague et Bratislava en vue de renforcer la démocratie et l'État de droit.

Les membres du Congrès ont eu un échange avec le maire de Budapest.


Le maire de Budapest déplore la recentralisation du gouvernement central ainsi que la nouvelle loi destinée à rendre invisibles les personnes LGBTI

Invité à dialoguer avec les membres du Congrès lors de la 40e Session, le maire de Budapest, Gergely Karácsony, estime que sa ville a su lutter plus efficacement contre la Covid-19 que le   reste du pays. Pourtant, la capitale hongroise a dû faire face à une forte remise en cause de ses compétences et de ses ressources, alors même que l’expérience acquise durant la pandémie confirme que l’échelon local est plus à même de répondre rapidement à de telles crises que ne l’est le niveau national.

« Dès le début de la pandémie, les villes hongroises ont dû assumer de nouvelles missions tout en voyant leurs financements diminuer », déplore Gergely Karácsony pour qui les 18 derniers mois ont aussi révélé, au-delà de la seule maladie, les problèmes que peuvent rencontrer les villes en matière de commerce, de transport et d’approvisionnement en temps de crise. Revenant sur ce point en réponse à une question de Marc Cools (Belgique,  SOC/V/DP), il n’a pas hésité à qualifier de « pillage » la politique de recentralisation financière menée par l’Etat au détriment des autorités locales, et voit un risque d’asphyxie financière pour l’avenir. Pourtant, les efforts de la municipalité ont permis, par exemple, de mieux protéger les personnes sans abri et les groupes vulnérables des infections par le virus.  Budapest a obtenu dans ce domaine de meilleurs résultats que le reste du pays, même si toute la Hongrie a été particulièrement affectée par la maladie.

L’autonomie locale de Budapest menacée par la recentralisation

Mais le domaine de la santé est loin d’être le seul concerné par la recentralisation menée par le gouvernement central, qui voit parfois, selon M. Karácsony, les maires comme de véritables « rivaux ». Les conséquences de cette politique se font sentir à tous les niveaux, comme l’illustraient les sujets d’actualité abordés par les membres du Congrès avec lui. Budapest souhaite, par exemple, construire une cité étudiante de 12000 logements en bordure du Danube, mais un projet d’université privée chinoise à cet endroit risque de remettre ce programme en cause : interrogé à ce sujet par le délégué jeune hongrois Daniel Franko, le maire a rappelé sa ferme opposition à cette réalisation, qui aggraverait selon lui les problèmes de transports et de logement dans la métropole.

Répondant à la question de John Warmisham (Royaume-Uni,  SOC/V/DP) sur la situation des Roms à Budapest pendant la pandémie, Gergely Karácsony a présenté les efforts de la municipalité pour limiter la promiscuité et les risques de contamination en leur sein. Mais il n’en reconnait pas moins que beaucoup vivent toujours dans de véritables ghettos ; de plus, regrette-t-il, le système éducatif hongrois, très inégalitaire, aggrave encore la situation des Roms qui devraient pouvoir bénéficier de politiques beaucoup plus efficaces que celles menées par la Hongrie au cours des dernières décennies. Par contre, a-t-il souligné en réponse à une question de Rena Dourou ( Grèce,  SOC/V/DP), Budapest n’est guère concernée par les tensions entre communautés, et le « vivre ensemble » fonctionne bien, même si le gouvernement a cherché, selon lui, à attiser les tensions lors de la vague de migrations de 2015.

Le maire a précisé ensuite quelques objectifs visés par Budapest en matière de développement durable, notamment en matière de transports urbains et d’industrie « verte », mais regrette, là aussi, que l’Etat néglige ses engagements en limitant les ressources allouées à ces programmes.

Budapest déplore la nouvelle loi destinée à rendre « invisibles » les personnes LGBTI

Enfin, interrogé par Gudrun Mosler-Törnström (Autriche, SOC/V/DP) au sujet de la récente loi hongroise sur la « pédophilie », Gergely Karácsony a estimé que ce texte, qui sera d’ailleurs « inapplicable » selon lui, vise à « supprimer la visibilité des personnes LGBTI », et refuse ainsi de voir cette réalité. « Le gouvernement espère gagner des voix comme cela, regrette-t-il, et détourne ainsi l’attention des citoyens des vrais problèmes du pays ». Il déplore cette « posture » qui crée des tensions et préfèrerait qu’un réel dialogue puisse s’instaurer avec  l’ensemble des citoyens.

*** 40ème Session du Congrès (2ème partie) ***

Dossier de la 40e Session - Agenda - Documents : ENG | FRA | DEU | ITA | RUS - Vidéos et photos

40e Session Strasbourg, France 17 juin 2021
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