La 10e réunion du Comité directeur du Conseil de l'Europe sur l’anti-discrimination, la diversité et l'inclusion (CDADI) du Conseil de l'Europe, qui s'achève aujourd'hui à Paris, a adopté l’étude de faisabilité sur les politiques et pratiques de déségrégation et d'inclusion dans le domaine de l'éducation des enfants roms et des Gens du voyage. L'étude met en évidence les raisons pour lesquelles les enfants roms peuvent être séparés de leurs pairs non roms à l'école, donne un aperçu des multiples formes de ségrégation éducative et fournit des recommandations aux parties prenantes des États membres du Conseil de l'Europe sur le cadre juridique et le suivi de la ségrégation, sur l'antitsiganisme, la ségrégation résidentielle et la pauvreté, ainsi que sur les politiques d'éducation.
L'étude est basée sur des recherches documentaires, des entretiens avec des ONG et une enquête auprès de
18 États membres (les réponses ont été soumises par l'Autriche, l'Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, la République de Moldova, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la Suède, la Suisse, et la Türkiye).
L'étude de faisabilité reconnaît que, bien que les données suggèrent que la ségrégation des Roms augmente, un nombre non négligeable d'enfants roms parvient à accéder à l'enseignement ordinaire contre toute attente et sans bénéficier d'interventions politiques. Ces résultats scolaires positifs sont le fruit de stratégies propres aux Roms pour faire face au racisme, à la discrimination et à l'inégalité dans l'éducation, indique l'étude.
Toutes les formes de ségrégation éducative à l'égard des enfants roms et des Gens du voyage ont en commun une répartition inégale des élèves roms et des Gens du voyage entre les écoles et les classes. Ainsi, les systèmes éducatifs qui séparent les enfants roms et des Gens du voyage de leurs pairs échouent dans leur mission de promotion de l'égalité et de l'inclusion, et ne reflètent pas de manière adéquate la diversité sociale, économique et culturelle. « Sous toutes ses formes, la ségrégation scolaire des enfants roms et des Gens du voyage réduit les possibilités d'interactions sociales et éducatives entre des enfants issus de milieux culturels et socio-économiques différents », peut-on lire dans l'étude.
La probabilité d'une socialisation interethnique liée à l'école chez les enfants et les jeunes adultes diminue avec l'âge.
« La faible qualité de l'enseignement fait partie intégrante de la ségrégation éducative », souligne l'étude. « La ségrégation dans l'éducation est synonyme d'infrastructures médiocres, de faibles attentes et qualifications des enseignants et de faibles résultats scolaires ». L'inclusion des enfants roms dans le processus d'éducation formelle le plus tôt possible est considérée par les répondants de l'enquête comme une mesure clé pour prévenir la ségrégation scolaire. L'étude recommande d'interdire légalement la ségrégation dans les établissements scolaires, en particulier au début de l'enseignement primaire et secondaire.
La déségrégation scolaire n'a pas atteint un niveau systémique et n'a pas fait partie de politiques intégrées, conclut l'étude. Des définitions claires de la ségrégation et de la déségrégation scolaires font défaut dans la plupart des pays ayant répondu à l'étude : parmi les États ayant répondu à l'étude, seule la Roumanie et, plus récemment, l'Espagne et la République slovaque ont adopté une définition juridique de la ségrégation scolaire dans le cadre de leur loi sur l'éducation. L'étude recommande d'élaborer une telle définition. En outre, à l'exception de la Croatie, les pays ayant répondu à l'enquête n'ont pas contrôlé régulièrement la ségrégation scolaire des enfants roms. En outre, les obstacles à l'égalité d'accès des Roms à une éducation inclusive de qualité étant complexes (antitsiganisme, ségrégation résidentielle et pauvreté), la déségrégation scolaire devrait être considérée comme un processus à long terme.
Les investissements dans une éducation inclusive de qualité pour tous, y compris pour les enfants roms et des Gens du voyage, constituent également un investissement durable en termes sociaux et économiques, car le niveau d'éducation a tendance à se transmettre d'une génération à l'autre. L'enseignement supérieur (post-secondaire) est un moyen important de réduire la ségrégation intergénérationnelle en matière d'éducation, car les diplômés universitaires roms servent de modèles dans leurs familles et leurs communautés. Certains pays ont mis en œuvre des politiques spécifiques visant à accroître la participation des Roms à l'enseignement supérieur par le biais de systèmes de bourses et d'aides au logement.
Les résultats de l'étude devraient contribuer à une éventuelle recommandation du Comité des Ministres sur la déségrégation et les politiques et pratiques d'inclusion dans le domaine de l'éducation des enfants roms et des Gens du voyage.
