Commissaire aux droits de l'homme

Strasbourg, 01/06/11 – « Ces dernières années, l'Espagne a adopté des programmes constructifs destinés à favoriser l'intégration des Roms. Il convient de les renforcer et de poursuivre leur développement, notamment en matière d'accès à l'emploi, au logement et à l'éducation » a déclaré aujourd'hui le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, dans une lettre adressée à la ministre espagnole de la Santé, de l'Egalité et des Politiques sociales, Leire Pajín. Cette lettre fait suite à la visite du Commissaire en Espagne du 4 au 6 avril 2011.

Il est indispensable de garantir l'accès à l'emploi des Roms pour améliorer leurs conditions de vie. « Au cours des 10 dernières années, le taux d'emploi des Roms a augmenté, notamment grâce au programme ACCEDER, qui a facilité leur accès au marché du travail. Plus de 58 000 Roms ont pris part à ce programme, qui a permis la signature de près de 40 000 contrats de travail en leur faveur. Mais la récession économique dont souffre actuellement l'Espagne risque de compromettre ces améliorations. Il importe que le Gouvernement espagnol continue à soutenir politiquement et financièrement les programmes en vigueur et veille à ce que la situation économique ne nuise pas de manière disproportionnée aux personnes vulnérables, et notamment aux Roms ».

Malgré les résultats concrets obtenus dans l'amélioration de l'accès des Roms à un logement convenable, un nombre disproportionné d'entre eux restent cantonnés à un habitat séparé et non conforme aux normes. Les conditions de vie des Roms migrants sont plus difficiles encore, comme a pu le constater le Commissaire dans le quartier d' « El Gallinero », à Madrid. « Le nombre insuffisant de logements subventionnés par les pouvoirs publics et l'attitude discriminatoire parmi les propriétaires représentent les principaux obstacles auxquels les Roms se heurtent pour obtenir un logement décent. Des cas d'éviction collective de Roms étrangers de leur campement, sans qu'une solution de remplacement satisfaisante leur ait été proposée, ont également été signalés. Il importe que les autorités nationales et régionales mettent sur pied des programmes efficaces destinés à proposer un logement convenable à l'ensemble des populations roms ».

Le Commissaire Hammarberg est par ailleurs extrêmement préoccupé par l'écart croissant, sur le plan de l'espérance de vie et de la mortalité infantile, entre les Roms et la population majoritaire. « Les Roms ont une espérance de vie inférieure d'au moins 8 ans à la moyenne nationale, tandis que la mortalité à la naissance est 1,4 fois supérieure. Les autorités espagnoles devraient adopter des mesures plus énergiques pour améliorer l'état de santé des Roms, y compris en favorisant les campagnes de sensibilisation, la médiation interculturelle et l'éducation mutuelle ».

La scolarisation des enfants roms dans l'enseignement primaire a connu des avancées considérables, mais l'enseignement secondaire reste préoccupant. « L'existence d'un taux de décrochage plus élevé chez les Roms qu'au sein de la population majoritaire montre qu'ils ne bénéficient pas de chances identiques en matière d'éducation. Il convient de renforcer les mesures adoptées pour qu'un plus grand nombre d'enfants roms achèvent leur cursus scolaire obligatoire et suivent un enseignement universitaire ».

Enfin, le Commissaire juge indispensable de prendre des initiatives supplémentaires pour mettre un terme aux préjugés tenaces dont sont victimes les Roms. Il recommande l'adoption de mesures destinées à promouvoir la diversité et à lutter contre la discrimination, y compris au sein des médias et des forces de police. « Des bonnes pratiques en la matière existent. Il convient de les diffuser plus largement à l'échelon local et national, afin qu'elles influencent utilement le pilotage des services de police, des agents publics et des fonctionnaires ». Il importe également de renforcer la promotion de la culture et de l'histoire roms auprès de la population majoritaire.

Lire la lettre adressée à la ministre espagnole de la Santé, de l'Egalité et des Politiques sociales, ainsi que la réponse de la ministre (anglais uniquement)