« Cette année, nous célébrons la Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste dans des circonstances particulières. Même si nous traversons l’une des plus grandes crises de notre siècle, nous n’avons pas le droit de relâcher notre vigilance ni de tolérer que la mémoire des victimes de l’Holocauste soit instrumentalisée ou bafouée », a déclaré aujourd’hui la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović.
« Nous assistons depuis quelques années à la montée des sentiments et des manifestations antisémites en Europe. La situation s’est aggravée du fait de la diffusion accrue de propos antisémites, notamment sur internet et sur les réseaux sociaux, dès le début de la pandémie de COVID-19. Des minorités, dont les Juifs, sont la cible d’un discours de haine ; le déni de la réalité de la pandémie est devenu une nouvelle occasion de contester la réalité de l’Holocauste et de manipuler la mémoire du génocide.
Il n’y a pas de moyen simple d’enrayer la recrudescence du sentiment antisémite et du révisionnisme. En revanche, il y a des mesures concrètes que les États membres peuvent prendre pour renforcer leur lutte contre l’antisémitisme.
Il s’agit d’abord de mieux combattre la désinformation. Si l’Holocauste a été possible, c’est aussi parce qu’un discours déshumanisant a été présenté comme étant la vérité. Les idées fausses et les stéréotypes utilisés pour manipuler les populations ont fini par conduire à des meurtres. Il est donc essentiel que la réalité historique de l’Holocauste soit mise en avant plus activement et que les États s’opposent plus fermement à la diffusion de fausses informations.
L’éducation, formelle ou informelle, joue un rôle majeur. Dans les manuels scolaires et lors des activités de sensibilisation menées aux niveaux national et local, il faut expliquer plus clairement les conséquences que le négationnisme, la manipulation de la mémoire de l’Holocauste et le discours de haine entraînent pour les victimes, pour la communauté juive et pour nos sociétés dans leur ensemble.
Le discours public doit aussi changer. Les responsables politiques devraient condamner fermement et sans relâche les propos antisémites et les autorités devraient supprimer tout soutien financier ou autre aux partis politiques et aux organisations qui ont recours au discours de haine ou qui ne sanctionnent pas ceux de leurs membres qui le pratiquent. De plus, les États membres devraient améliorer leur législation contre le discours de haine et la mettre pleinement en œuvre.
L’Holocauste a été une horrible tragédie. En ces moments difficiles, il est de notre devoir de rester fidèles à nos références morales et de défendre la vérité sur l’Holocauste. Nous devons continuer à commémorer l’Holocauste et à nous intéresser à l’histoire personnelle des victimes et des survivants, pour que leur mémoire reste vivante dans la conscience des générations actuelles et futures et pour qu’elle nous guide dans la construction d’une Europe où l’égalité des droits et l’égale dignité de toutes les personnes deviendront enfin réalité. »