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Retour La Grèce devrait protéger les droits sociaux de tous et améliorer l’accueil et l’intégration des migrants

Rapport de visite pays
Vue du centre d'accueil de la Moria sur l'île grecque de Lesbos ©Giorgos Moutafis

Vue du centre d'accueil de la Moria sur l'île grecque de Lesbos ©Giorgos Moutafis

« La Grèce devrait prendre des dispositions urgentes et adopter des politiques à long terme pour améliorer l’accueil et l’intégration des migrants et pour remédier aux effets pervers des mesures d’austérité sur l’accès aux soins de santé et à l’éducation », a déclaré la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, en rendant public le rapport sur sa visite de juin en Grèce.

La Commissaire constate avec inquiétude que, malgré les louables efforts déployés par la population et les autorités grecques pour accueillir les migrants, les conditions d’accueil sont nettement en-dessous des normes acceptables, notamment sur les îles. « Il faudrait que les autorités agissent d’urgence pour remédier aux mauvaises conditions d’hygiène et réduire la détresse psychologique et l’incertitude qui menacent la santé des migrants et des demandeurs d'asile sur les îles. Elles devraient en particulier accélérer les transferts vers le continent, où les capacités d’accueil auraient aussi besoin d’être augmentées. Les partenaires européens de la Grèce devraient faire preuve de solidarité en aidant le pays à améliorer les conditions d’accueil », estime la Commissaire.

En outre, Dunja Mijatović est vivement préoccupée par la situation des enfants migrants non accompagnés, dont les conditions d’hébergement et l’accompagnement social laisseraient le plus souvent beaucoup à désirer. Elle déplore que certains soient privés de liberté en application du régime de la « détention de protection ». « Les autorités grecques devraient s’attaquer à ce problème avec davantage de détermination et en particulier cesser immédiatement de placer en détention des enfants migrants non accompagnés. Les enfants migrants devraient également avoir accès une éducation inclusive, afin d’augmenter leurs chances d’intégration. »

Notant que la Grèce n’est plus seulement un pays de transit mais devient aussi un pays de destination, la Commissaire souligne la nécessité d’investir dans l’intégration au moyen d’une politique globale et à long terme axée en particulier sur le regroupement familial, le séjour de longue durée et la naturalisation, l’éducation, la formation professionnelle, les cours de langue et d’intégration, et la lutte contre le racisme et la discrimination envers les migrants.

« Je suis aussi très préoccupée par l’impact négatif de plusieurs trains de mesures d’austérité sur les droits de l'homme en Grèce », indique la Commissaire. Le système de santé grec, qui manquerait de personnel et d’équipements, connaît des difficultés de fonctionnement. Associées à la baisse générale des salaires et des pensions, ces difficultés ont entravé l’accès aux soins. « Je demande instamment aux autorités d’intensifier leurs efforts pour recruter du personnel médical, lever les obstacles à la mise en place de la couverture médicale universelle, soutenir le secteur de la santé mentale et favoriser l’inclusion des personnes handicapées. Dans le secteur de l’éducation, les restrictions budgétaires ont entraîné une nette dégradation de la qualité de vie des élèves, des conditions de travail des enseignants et des équipements scolaires. « Les autorités devraient supprimer tous les facteurs qui privent certains enfants d’un accès effectif à l’éducation, notamment au moyen de politiques ciblées favorisant l’inclusion des enfants vulnérables, des enfants handicapés et des enfants roms. »

Strasbourg 06/11/2018
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