Retour République Tchèque : L’intégration des Roms devrait être une priorité politique

Strasbourg, 03/03/11 – « Les principaux obstacles à l'intégration des Roms en République Tchèque sont un antitsiganisme profondément ancré dans la société, des crimes motivés par la haine et une ségrégation persistante dans les domaines de l'éducation et du logement. Les autorités devraient intensifier leurs efforts pour venir à bout de ces problèmes et mettre en œuvre des politiques d'intégration », a déclaré Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui rend aujourd'hui public un rapport faisant suite à sa visite en République Tchèque du 17 au 19 novembre 2010.

Le Commissaire est préoccupé par les propos racistes et anti-Roms fréquemment tenus par certains hommes politiques influents et dans les médias, qui continuent de laisser s'exprimer les idées antitsiganes. Il recommande d'adopter des mesures, en encourageant notamment la mise en place de mécanismes d'autorégulation actifs, pour trouver des solutions efficaces et éliminer les propos racistes et stigmatisants à l'encontre des Roms dans la politique et les médias. Il convient en outre de garantir une application énergique des dispositions pénales pertinentes.

« Ces dernières années, des mesures fermes ont été prises contre les groupes extrémistes qui ont commis des crimes de haine. Il est crucial que les autorités tchèques continuent de lutter sérieusement et efficacement contre tous ces crimes, surtout quand il est fait usage de violence. Il est également très important qu'elles appliquent des mesures de confiance dans les communautés visées par des manifestations de racisme particulièrement intenses et un activisme d'extrême-droite ».

Il semblerait qu'un certain nombre de crimes de haine ne soient pas signalés ; aussi, pour remédier à ce problème, le Commissaire invite les autorités tchèques à mettre en place un mécanisme de signalement plus souple et mieux adapté aux besoins des victimes. Il prend également note de la nécessité d'organiser des formations et d'autres activités de sensibilisation à l'intention des personnes qui interviennent dans le système de justice pénale, de la police aux juges, en passant par les procureurs.

Dans son rapport, le Commissaire recommande d'établir un programme cohérent de logement social et d'intensifier les efforts afin de mettre un terme à la ségrégation des communautés roms et d'améliorer leurs conditions de vie. Il exprime également son inquiétude quand au fait que de nombreux enfants roms continuent de recevoir un enseignement de mauvaise qualité et d'être victimes de ségrégation dans les écoles tchèques.

« Trois ans après l'arrêt historique de la Cour européenne des droits de l'homme qui a conclu que la République Tchèque avait pris des mesures discriminatoires à l'encontre des Roms concernant leur droit à l'éducation, peu de choses ont changé sur le terrain. C'est pourquoi il faut agir rapidement et avec détermination. En ce qui concerne le passage d'une scolarisation en milieu spécialisé à une scolarisation en milieu ordinaire et la suppression générale de la ségrégation dans le système éducatif, des avancées concrètes devraient déjà être réalisées au cours de la prochaine année scolaire. »

Le Commissaire note avec satisfaction que le gouvernement tchèque a exprimé des regrets en novembre 2009 au sujet des stérilisations illégales de femmes, majoritairement roms, et lui demande de prendre de nouvelles mesures en vue de garantir une réparation appropriée aux victimes de ces violations flagrantes des droits de l'homme. « Il est particulièrement injuste que les femmes ayant subi de telles pratiques ne disposent actuellement d'aucun recours effectif pour obtenir réparation, et notamment une compensation ; il convient de remédier immédiatement à cette situation conformément aux normes internationales ».

Pour finir, le Commissaire reste préoccupé par le nombre élevé d'enfants placés en institution et par la forte proportion d'enfants roms parmi eux. « Les enfants ne devraient pas être placés en institution uniquement pour des motifs liés à des conditions précaires de logement ou à la situation financière de leur famille. Il conviendrait en priorité d'encourager le développement de l'enfant dans le cadre familial, et de limiter le placement en institution, qui devrait rester une exception. ».

La réponse des autorités tchèques figure en annexe au rapport.

Lire le rapport (anglais uniquement)