C’est aujourd’hui le quatrième anniversaire de l’arrestation d’Ilkin Rustamzade, un blogueur et jeune militant incarcéré en Azerbaïdjan depuis le 17 mai 2013. Il a été arrêté pour hooliganisme, en raison de sa prétendue participation à une vidéo « Harlem Shake » filmée à Bakou. Des préoccupations ont été exprimées à propos de sa santé.
Dans quelques jours, ce sera également le troisième anniversaire de l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme dans l’affaire Ilgar Mammadov c. Azerbaïdjan. La Cour y conclut que la véritable raison de l’arrestation et de la détention de M. Mammadov, chef du parti d’opposition « REAL », était de le réduire au silence ou de le punir pour avoir critiqué le gouvernement et tenté de diffuser des informations qu’il pensait exactes et que le gouvernement tentait de dissimuler. Trois ans plus tard Ilgar Mammadov est toujours en prison et l’arrêt n’est toujours pas exécuté.
Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov restent eux aussi en prison, suite à leur condamnation à une peine de 10 ans pour trafic de drogue en décembre et en octobre de l’année dernière, respectivement. Ces deux jeunes militants ont été arrêtés en mai 2016 après avoir peint un graffiti sur une statue de l’ancien président.
Plus récemment, j’ai exprimé ma consternation suite à l’arrestation de Mehman Huseynov, un blogueur populaire qui préside actuellement l'Institut pour la liberté et la sécurité des reporters, détenu depuis le 3 mars 2017. Subissant la première application des dispositions pénales sur la diffamation de ces dernières années, il a été condamné à deux ans de prison pour s’être plaint des mauvais traitements infligés par la police au cours de son arrestation.
Ce sont autant de raisons pour lesquelles la situation en Azerbaïdjan continue de me préoccuper. Depuis 2015, je suis intervenu devant la Cour européenne des droits de l'homme dans sept affaires, qui me paraissent représentatives des problèmes de droits de l'homme de ce pays: des restrictions de la liberté d'expression, une marge de manœuvre de plus en plus étroite pour les ONG et le harcèlement, par la voie officielle, des défenseurs des droits de l’homme et de leurs avocats. Même si les requérants en faveur desquels je suis intervenu ne sont plus en prison, n’oublions pas tous les autres qui sont encore incarcérés sur la base d’accusations peu crédibles, souvent après avoir critiqué les autorités.
J’appelle donc une nouvelle fois les autorités azerbaïdjanaises à respecter leurs obligations en matière de droits de l’homme et à libérer immédiatement toutes les personnes emprisonnées en raison de leurs opinions ou de leur engagement civique légitime.