(…) la police arrive toujours trop tard… quand elle arrive !

Tracy Chapman

Aperçu

Les participants se servent d’études de cas pour analyser les causes des diverses formes de violence domestique et les façons de les prévenir.

Droits corrélés

• Droit à la vie, à la liberté et à la sécurité personnelle
• Droit à ne pas être soumis à la torture et à des traitements dégradants
• Droit à l’égalité devant la loi

Objectifs

• Sensibiliser davantage aux différentes formes de violence domestique
• Acquérir des capacités pour la discussion et l’analyse des violations des droits de l’homme
• Promouvoir l’empathie et la confiance dans le but de prendre position contre ces agissements

Matériels

• Grandes feuilles de papier ou tableau-papier, et stylos, pour le brassage d’idées collectif et le travail en groupe.
• Sélectionnez un ou plusieurs «Témoignages de délits» exposés plus bas ou décrivez votre propre expérience. Faites-en suffisamment de copies pour que chaque participant dispose de la sienne.
• Prévoir également des exemplaires des «Axes du débat en groupe» (un exemplaire par petit groupe).

Préparation

• Réunissez des informations sur les centres et organisations apportant un soutien actif aux victimes des violences domestiques
• Déterminez très précisément les problèmes que vous souhaitez aborder, en prenant notamment en considération les expériences personnelles des différents participants.

Date clé
  • 25 novembreJournée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Instructions

Préparez le groupe à cette activité, en commençant par faire réfléchir les participants aux «formes de violence les plus courantes dans votre voisinage». Consignez par écrit tous les propos des participants, mais n’entamez encore aucun débat. Placez le tableau en un endroit bien visible de tous (10 minutes).
2. Demandez aux participants de constituer de petits groupes da deux à six personnes. Il devra y avoir au moins trois groupes.
3. Distribuez les copies des « Témoignages de délits ». Trois cas (ou fiches) sont prévus, mais la même fiche pourra être distribuée à plusieurs groupes. Distribuez également un exemplaire des « Axes du débat en groupe ».
4. Accordez cinq minutes aux participants afin de leur permettre de lire les « Témoignages de délits ». Insistez sur le fait que leur débat devra porter sur ces études de cas spécifiques. Les participants doivent bien comprendre que le débat sur ce type de problèmes peut prendre un tour très personnel, et qu’aucun d’entre eux ne doit se sentir contraint de faire plus de révélations qu’il ne le souhaite.
5. Accordez une heure aux participants pkur leur séance de travail en groupe.
6. Organisez enfin une séance plénière avant de passer notamment à la phase de compte rendu d’évaluation et d’analyse.

Compte rendu et évaluationGoto top

Commencez par analyser très brièvement le fonctionnement du travail en groupe. Jusqu’à quel point a-t-on jugé les «témoignages» réalistes, et a-t-on considéré que les questions posées étaient pertinentes? Si des différents groupes ont travaillé sur différents cas, autorisez chaque groupe à fournir son analyse des différents cas de violence en question. Puis passez au stade d’une analyse sociale plus générale:
• La violence domestique est-elle importante dans votre collectivité et dans votre pays en général ?
• Quels droits de l’homme sont en jeu ?
• Quelles sont les causes de ce type de violence ?
• Comment se fait-il qu’il y ait davantage de cas de violence masculine à l’égard des femmes que de violence féminine à l’égard des hommes ?
• De quelle manière cette violence conjugale ou familiale pourrait-elle être éliminée ? Que pourraient/devraient faire :
– les pouvoirs publics ?
– la collectivité locale ?
– les personnes concernées ?
– les amis et les voisins ?
• Réfléchissez aux différentes formes de violence examinées. Consultez à nouveau la liste initiale : y a-t-il d’autres formes de violence à y ajouter ?
Demandez aux participants si tel ou tel souhaiterait développer l’étude d’un des problèmes soulevés, et abordez la question du traitement qu’il ou elle souhaiterait en termes de suivi ou d’action à engager.

Conseils pour l’animateurGoto top

La violence et la maltraitance domestiques n’épargnent personne. Elles concernent les couples hétérosexuels comme homosexuels, toutes les tranches d’âge, toutes les origines ethniques et tous les niveaux économiques. Et, si les femmes sont plus souvent victimes, les hommes sont également maltraités, surtout verbalement et psychologiquement. La maltraitance domestique, également appelée violence conjugale, se produit quand une personne, dans une relation intime ou de mariage, essaie de dominer et de contrôler l’autre. Lorsque la violence physique est associée à la maltraitance domestique, on parle de violence domestique.
Cette activité a été baptisée «Question de vie privée», car la plupart des actes de violence à l’égard des femmes ont lieu au domicile familial. Toutefois, il arrive aussi, mais c’est plus rare, que l’auteur des violences soit une femme; c’est pourquoi nous avons inclus l’histoire de Hans.

Soyez conscients des problèmes de sensibilité personnelle et d’anonymat ou de protection de la vie privée (en effet, certains participants peuvent avoir une expérience personnelle de la violence conjugale ou familiale). Précisez de manière très claire que nul ne doit se sentir contraint de faire plus de révélations qu’il ou elle ne le souhaite.
Vous devez vous sentir libre d’adapter cette activité aux préoccupations spécifiques des participants.

Il se peut que les participants masculins réagissent de manière assez vive à la nature de cette activité ou à certains aspects du débat. Il importe donc, à cet égard, de se rappeler que l’objectif n’est pas de culpabiliser ces jeunes gens ou ces adultes vis-à-vis des actes de certains de leurs congénères masculins; mais il est tout aussi important de faire reconnaître – ou, tout au moins, de soumettre au débat – l’idée que tous les hommes participent du système patriarcal oppresseur. Et, dans ce contexte, il pourra être également intéressant d’étudier les effets directs et indirects, sur les hommes eux-mêmes, de la violence à l’égard des femmes.

Terminer la séance en question par une minute de silence en l’honneur des victimes de la violence familiale peut être une manière assez forte de conclure l’activité et de promouvoir les sentiments d’empathie et de solidarité.

VariantesGoto top

Quelques groupes peuvent être constitués pour jouer les scènes ; les autres participants observent. Le facilitateur interrompt le jeu par intervalles pour inviter les observateurs à suggérer des comportements alternatifs qui auraient pu changer le cours des choses et favoriser une issue positive.

Suggestions de suiviGoto top

Le groupe peut entrer en contact avec le poste de police local pour y découvrir l’action de la police à partir du moment où elle reçoit des appels concernant des cas de violence domestique. Autre possibilité: contacter le centre - ou l’organisation - de soutien aux femmes le plus proche, et inviter l’une de leurs représentantes à venir exposer la situation (faits et chiffres) dans la collectivité locale en question.

Il faut noter aussi que l’un des domaines quasiment tabous dans de nombreux pays est celui de la sexualité – et notamment de l’homosexualité. Si le groupe souhaite aborder ces questions, il pourra se référer plus loin à l’activité intitulée « Parlons sexe ! ».

Idées d'actionGoto top

Contacter un foyer de femmes ou un centre d’information dans votre localité, ou encore toute organisation de défense des droits de la femme, et déterminer les besoins des femmes concernées, ainsi que le type d’aide que vous pourrez apporter.

Informations complémentairesGoto top

S’il peut arriver que les femmes soient les auteurs des violences et si, progressivement, on reconnait que la violence concerne aussi parfois les relations entre personnes de même sexe, le fait est que, dans la grande majorité des cas, ce sont les femmes et les jeunes filles qui sont les victimes des mauvais traitements infligés par les hommes. C’est pour cette raison que la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (CEDAW) a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations  Unies en 1993. La Déclaration définit cette violence comme « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. » Et la Déclaration d’ajouter: « La violence à l’égard des femmes s’entend comme englobant, sans y être limitée, les formes de violence suivantes: la violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la famille, y compris les coups, les sévices sexuels infligés aux enfants de sexe féminin au foyer, les violences liées à la dot, le viol conjugal, les mutilations génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables à la femme, la violence non conjugale, et la violence liée à l’exploitation; la violence physique, sexuelle et psychologique exercée au sein de la collectivité, y compris le viol, les sévices sexuels, le harcèlement sexuel et l’intimidation au travail, dans les établissements d’enseignement et ailleurs ; le proxénétisme et la prostitution forcée; enfin, la violence physique, sexuelle et psychologique perpétrée ou tolérée par l’Etat, où qu’elle s’exerce. »
Pour en savoir plus sur la CEDAW, voir les informations de référence sur les questions de genre, au chapitre 5.

 

La violence à l’égard des femmes tout au long de leur vie
Période Type de violence
Prénatale Avortement sélectif (en fonction du sexe du bébé); effets, sur le futur accouchement,
des violences physiques exercées sur la femme au cours de sa grossesse
Petite enfance Infanticide des petites filles; violences physiques, sexuelles et psychologiques
Enfance Mariage forcé d’enfants; mutilation génitale des filles; violences physiques, sexuelles et psychologiques; inceste; prostitution et pornographie enfantines
Adolescence
et âge adulte
Violences exercées au cours de rendez-vous et de « flirts » (agressions à l’aide de produits acides et viols); rapports sexuels forcés sur des bases de dépendance économique (par exemple, des « papas gâteaux » peuvent payer les frais scolaires de jeunes filles en échange de rapports sexuels avec elles); inceste; agressions sexuelles sur le lieu de travail; viols; harcèlement sexuel; prostitution et pornographie forcées; traite des femmes; violences du partenaire; viol conjugal; violences et assassinats pour récupérer la dot de la femme; homicide sur la personne de la conjointe; violences psychologiques; violences sur des femmes handicapées;
Troisième âge « Suicide » forcé ou assassinat de veuves pour des motifs financiers; violences sexuelles, physiques et psychologiques.
  Ensemble d’information sur la violence à l’égard des femmes –
Organisation Mondiale de la Santé, 1997

 

La violence domestique

La violation des droits de la femme n’est pas un phénomène uniquement lié aux périodes de guerre. C’est une réalité qui existe d’abord et avant tout au sein du couple ou de la famille. Le caractère « privé » de ce type de violence est précisément ce qui a toujours rendu – et rend encore – très difficiles toute action ou intervention dans ce domaine.
Les recherches effectuées dans ce domaine indiquent de manière constante qu’une femme risque davantage d’être blessée, violée ou tuée par son compagnon du moment ou un ex-compagnon ou époux que par toute autre personne. Cette violence « domestique » touche non seulement les femmes mais aussi les enfants – et en particulier les enfants de sexe féminin.

L’exposition « Les témoins muets »

Cette manifestation s’est inspirée d’une exposition relative aux violences conjugales et familiales et à l’assassinat de femmes, organisée au Centre européen de la Jeunesse de Budapest par l’Association de défense des droits de la femme dite NANE (Budapest, Hongrie), et ayant notamment mis en avant les récits concernant Eszter et Kati. Cette exposition visait à sensibiliser l’opinion publique à l’ampleur et à l’intensité considérables des violences conjugales ou familiales – pouvant aller
jusqu’au meurtre -, en présentant précisément les cas de femmes assassinées dans ces conditions et baptisées, de ce fait, « témoins muets ».

L’organisation d’une exposition du type « Les témoins muets » permet d’aborder de manière concrète et efficace le problème des violences conjugales ou familiales dans votre collectivité, votre ville ou votre région. Il existe des ouvrages indiquant de quelle manière mettre en scène ces « témoins » et organiser une telle exposition – notamment un ouvrage intitulé « Results » (« Résultats »), où l’on trouvera des informations sur les premières années de cette campagne menée, à l’origine, aux USA, et un ensemble de récits pouvant servir d’exemples pertinents. L’adresse du site Internet de l’organisation « Silent Witnesses » est la suivante: http://www.silentwitness.net.
On y trouvera notamment une liste importante de contacts qui, à l’échelon international, sont en mesure de proposer ce type d’exposition

Première loi européenne concernant spécifiquement la violence liée au genre

Loi organique espagnole 1/2004 sur les mesures de protection intégrale contre la violence de genre. Le 22 décembre 2004, l’Espagne a adopté une loi qui prévoit la création de tribunaux spéciaux et de centres de réinsertion intégrés, ainsi qu’une assistance améliorée aux victimes et une série de procédures visant à protéger les femmes menacées.

Rapporteur spécial chargé de la question de la violence contre les femmes

En juin 2009, les Nations Unies ont créé le mandat de Rapporteur spécial chargé de la question de la violence contre les femmes. En 2010, la première personne nommée à ce poste, Rashida Manjoo, a produit le premier rapport thématique sur « La violence à l’encontre des femmes, ses causes et conséquences » – qui a été soumis au Conseil des droits de l’homme. Pour consulter le rapport, voir www2.ohchr.org.

Autres ressources sur Internet

Note:

Les cas respectifs de Kati et d’Eszter ont été rapportés par Morvai Krisztina, dans Terror a csaladban – A  feleségbantalmazas és a jog (La terreur au sein de la famille – Les femmes battues et le droit), Kossuth Kiadó, Budapest 1998.

  • www.wave-network.org Le Centre d’information européen contre la violence (European Information Centre Against Violence) dispose d’une base de données d’organisations d’aide aux femmes dans toute l’Europe.
  • www.womenlobby.org est le site web du Lobby européen des femmes. Il gère quantité d’informations sur la violence à l’encontre des femmes, ainsi que des rapports de pays. Voir aussi le site www.ewlcentreonviolence.org.
  • www.whiteribbon.ca constitue « l’initiative la plus importante, de la part d’intervenants masculins, en vue de mettre un terme à la violence des hommes à l’égard des femmes ».
  • www.europrofem.org EuroPRO-Fem, European Pro-feminist Men's Network (Réseau masculin européen pro-féministe) est un réseau d’organisations et de projets dirigés par des hommes préoccupés par la domination et la violence masculines, et par l’oppression dont sont victimes les femmes.
  • www.hotpeachpages.net L’annuaire internationale des organismes de lutte contre la violence domestique (International Directory of Domestic Violence Agencies) contient des informations sur tous les pays du monde.
  • www.unifem.org Le site du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme propose des informations utiles sur les questions de genre et les violences faites aux femmes.

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Etude de cas 1 – Eszter

Le mari se met à interpeller sa femme, en l’accusant d’avoir négligé de faire la lessive, la cuisine et autres travaux ménagers. Tout en parlant, il commence à battre sa femme, la frappant au visage à mains nues. Puis il arrache littéralement une poignée de cheveux de son épouse et lui donne des coups de pied – alors qu’il est toujours chaussé de ses bottes. Puis il déshabille violemment sa femme jusqu’à la taille, et la jette sur le lit, dans l’intention de redoubler de coups.
La scène a lieu sous les yeux de la petite fille de 8 ans, qui supplie son père de s’arrêter. Il met effectivement un terme à sa violence. Puis il pousse Eszter hors du lit, s’allonge et s’endort.
Eszter est morte cette nuit-là.

Etude de cas 2 – Kati

Kati tente de fuir son fiancé, qui devient de plus en plus violent. Elle loue un appartement dans une autre ville; mais il continue à lui téléphoner et à la harceler. L’état psychologique de Kati se détériore. Un jour, son fiancé va la chercher à la sortie de son travail pour lui demander de revenir vivre avec lui. Puis il emmène Kati jusque dans une forêt assez proche, et tente de l’étrangler au moyen du pull de la jeune fille. Le lendemain, à son travail, Kati dit à ses collègues sa crainte qu’un jour, son fiancé ne l’étrangle vraiment et finisse ainsi par la tuer.
Quatre jours plus tard, le fiancé, qui avait un peu bu, va de nouveau la chercher à la sortie de son travail et va commencer à la frapper. Le soir, il décide qu’ils vont tous deux aller rendre visite à des parents. Ils s’arrêtent plusieurs fois en route (en voiture). Voyant dans quel état il se trouve, Kati accepte d’avoir un rapport sexuel avec lui; mais, en fait, il est déjà trop saoul.
Kati dit alors à son fiancé qu’il ne l’intéresse plus. Cela le met très en colère. Il prend alors une longue ceinture de cuir et étrangle la jeune fille. Il transporte le cadavre jusque dans un fossé, qu’il recouvre de branches d’arbre.

Etude de cas 3 – Maria

Maria avait 70 ans. Son mari était mort il y a dix ans et elle vivait dans une petite maison avec son fils, Philippe, âgé de 40 ans. Son fils était au chômage et buvait parfois beaucoup. Maria savait qu’il volait de l’argent dans son porte-monnaie mais, la plupart du temps, elle ne disait rien pour ne pas créer de problèmes. Quand il était ivre, Philippe pouvait être très violent et Maria devait parfois s’enfermer dans sa chambre pour lui échapper.
Un jour, Philippe est rentré complètement saoul et très énervé parce que le dîner n’était pas prêt. Lorsque Maria lui a expliqué qu’elle ne l’avait pas préparé parce qu’elle était fatiguée et malade, il a commencé à tout casser dans la maison. Maria n’a pas eu ni le temps ni la force de s’échapper et son fils lui a envoyé une chaise à la figure. Elle a tenté de se protéger, mais est tombée et s’est cogné la tête. Quand un voisin est arrivé, il était trop tard. Maria était dans le coma et est décédée avant d’arriver à l’hôpital.

Etude de cas 4 – Leandro

Leandro avait 8 ans. Il vivait dans un petit appartement avec sa jeune soeur de trois ans, sa mère et le petit ami de celle-ci, Jan. Leandro n’avait jamais connu son père. Il aimait l’école mais pas Jan, qui pouvait être violent et le battait parfois. Leandro était effrayé, il avait des difficultés à dormir et perdu l’appétit. L’enseignant de Leandro, inquiet, souhaitait rencontrer les parents car il avait le sentiment que l’enfant n’allait pas bien ; il avait du mal à se concentrer et pouvait parfois être violent avec ses amis. La mère a rencontré l’enseignant sans rien lui dire de la situation à la maison. Rentrée chez elle, elle a raconté à Jan ce que l’enseignant lui avait dit. Jan, très en colère, a de nouveau frappé Leandro, au point de lui casser le bras. À l’hôpital, sa mère a menti, disant que son enfant avait chuté.

Etude de cas 5 – Banaz

Banaz avait tenté à plusieurs reprises de signaler à la police que sa vie était en danger. En décembre 2005, son père s’en est pris à elle et a tenté de la tuer. Très effrayée, elle s’est rendue à la police, mais les enquêteurs n’ont pas pris ses déclarations très au sérieux. Banaz s’est d’abord enfuie, puis est retournée auprès de sa famille et a essayé de reprendre en secret une relation avec son petit ami. Les deux étaient menacés de mort s’ils continuaient à se voir. Il a été conseillé à Banaz d’aller s’installer dans un refuge, mais elle pensait être en sécurité à la maison parce que sa mère était présente.
Banaz a disparu le 24 janvier et son corps décomposé a été découvert trois mois plus tard dans une valise brûlée au fond d’un jardin. Lors du procès, son père et son oncle ont déclaré qu’ils avaient commandité le meurtre parce que la jeune femme faisait honte à sa famille en fréquentant un homme que sa famille ne lui avait pas choisi. Banaz avait juste 20 ans.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/6722699.stm; 11 June 2007

Etude de cas 6 – Amira

Amira avait 4 ans quand sa famille a fui la Somalie déchirée par la guerre pour s’installer dans une ville d’Europe. Là, sa petite enfance sera immensément plus agréable.
Un matin, alors qu’elle avait 11 ans, sa mère a suggéré une visite chez la tante afin qu’Amira puisse jouer avec sa cousine du même âge. Ce qu’Amira ne savait pas, c’est que sa mère et sa tante avaient secrètement fait venir de Mogadiscio une exciseuse. Elles pensaient que l’excision était nécessaire pour que les filles puissent avoir un mari.
Soudain, la mère et la tante se sont saisi d’Amira. « Elles m’ont maintenu immobile, puis une femme que je n’avais jamais vue avant a commencé à me couper. J’ai hurlé et ma tante a posé fermement sa main sur ma bouche », raconte-t-elle.
« Promettez-moi que personne ne saura jamais que je vous ai parlé », supplie Amira, « si dans ma communauté, les gens l’apprennent, ils diront que je les ai trahis et je devrais m’enfuir. Et de toute façon, je ne veux pas que mes parents soient envoyés en prison. »
Adapté de http://www.dailymail.co.uk/femail/article-505796 3 janvier 2008 et www.fgmnetwork.org

Etude de cas 7 – Denise

Je suis une victime de l’inceste. J’ai été violée par mon père lorsque j’avais 15 ans. Ce n’était ni la première ni la dernière fois, mais cette fois je suis tombée enceinte.
Une nuit, je me suis sentie très mal et mes parents m’ont conduite à l’hôpital. Aux urgences, le médecin a constaté que, en plus d’un mauvais rhume, j’étais enceinte de 19 semaines. Le médecin m’a alors demandé ce que je voulais faire. Malgré la souffrance et la culpabilité, j’ai refusé d’avorter. Mon père est entré dans une rage incontrôlable et m’a demandé d’accepter l’avortement. Le médecin a refusé de s’en charger compte tenu de mes souhaits.
Mon père a alors demandé à ce que l’on trouve quelqu’un pour pratiquer l’avortement. En moins d’une heure, un homme est arrivé à l’hôpital. J’ai tenté de quitter la table d’examen, mais il a demandé à trois infirmières de me tenir tandis qu’il m’attachait avec des sangles et m’injectait un relaxant musculaire pour que j’arrête de me débattre. Je continuais de crier que je ne voulais pas avorter. Il m’a demandé de me taire et d’arrêter de hurler. Pour finir, j’ai été mise sous anesthésie générale.
Adapté de www.humanlife.org

Etude de cas 8 – Hans

Hans subissait le harcèlement et les reproches d’Antonia, sa femme, depuis plusieurs années. Une fois, celle-ci avait déclaré qu’elle avait envie de lui passer dessus avec une voiture. Une autre fois, elle a porté contre lui de fausses accusations d’attentats à la pudeur envers ses enfants. Des lettres accusant Hans de pédophilie sont apparues dans les boîtes aux lettres des voisins. La police ne croyait pas à ces accusations, mais elle ne pensait pas qu’Antonia avait quelque chose à voir avec ces lettres. Trois ans plus tard ils se sont séparés, puis ont divorcé un an après.
Il y a quelques mois, Antonia a suivi Hans qui rentrait du travail jusque chez lui et a lancé dans sa direction une lanterne remplie d’essence. L’objet n’a pas pris feu, mais les détectives ont par la suite trouvé de l’essence sur la porte et les murs.
Un jour, alors que Hans marchait avec son chien, une femme s’est approchée de lui en courant. Un coup de feu a résonné. Hans a hurlé et s’est enfui tant bien que mal vers son appartement pour se précipiter à l’intérieur, toujours poursuivi par sa femme. La police et les médecins l’ont trouvé mourant sur le sol de son salon. Les médecins n’ont pu le sauver ; la balle était entrée dans son épaule droite et avait détruit ses poumons, venant se loger dans l’aorte.
Adapté de: http://www.seattlepi.com

Axes du débat en groupe

I – Analyse du délit (20 minutes)
1. Que pensez-vous du délit tel qu’il est raconté ?
2. Où un tel délit a-t-il pu se produire ? Cela a-t-il pu se passer dans votre voisinage ?
3. Pour quelles raisons ce délit s’est-il produit ?
4. Un tel crime peut-il se justifier de quelque manière que ce soit ?
5. Comment la victime aurait-elle pu se défendre ?

II – Passage du cas particulier à la réalité sociale en général (40 minutes)
6. Etes-vous au courant de cas récents de violence domestique ?
7. De quelle manière ce type de violence se présente-t-il dans nos sociétés ?
8. Que peuvent faire les victimes pour obtenir de l’aide ?
9. La police doit-elle intervenir si elle entend parler de ce type de violence, ou son intervention serait-elle considérée comme une ingérence dans la vie privée et une violation des droits de l’homme ?
10. De quelles possibilités dispose la victime dans de telles situations ? Et quel est, d’autre part, le pouvoir de l’auteur des violences ?
11. Connaissez-vous des cas de violence en couple où c’est l’homme qui est la victime ?
12. Faites la liste de quelques-unes des causes de la violence domestique.
13. Comment prévenir et arrêter ce type de violence ?
14. Qu’est-ce qui pourrait/devrait être fait par:
a. les pouvoirs publics ?
b. la collectivité locale ?
c. les personnes concernées ?
d. les amis et les voisins ?