Back Journées interdisciplinaires « Bâtir l’Europe ensemble : 50 ans du Saint-Siège au Conseil de l’Europe »

Strasbourg , 

Conformément au prononcé

 

Vos Excellences,

Monsieur le Président de l’Université de Strasbourg,

Éminents invités,

Mesdames et Messieurs,

 

 

Après ces propos introductifs sur les liens qui unissent ce magnifique Palais universitaire de Strasbourg, mais aussi l’Université de Strasbourg et sa faculté de théologie ainsi que l’Alsace avec le Saint-Siège, il me revient d’aborder les liens entre le Saint-Siège et le Conseil de l’Europe. En effet, quel choix judicieux de commencer l’année - que je vous souhaite à tous bonne et belle - en célébrant les 50 ans de statut d’observateur du Saint-Siège à notre Organisation, mais aussi notre partenariat qui est bien plus ancien. Ce colloque, dont le sujet est « Construire l’Europe ensemble », constitue également un cadeau pour moi-même et le Conseil de l’Europe, car il nous permet de méditer sur des sujets essentiels à un moment où l’Europe est confrontée à tant de défis.

Les 50 années passées en tant qu’État observateur auprès du Conseil de l’Europe – le premier observateur de notre Organisation – témoignent de l’intérêt vif et continu du Saint-Siège pour notre action en faveur de la protection et la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit sur tout le continent.

Le Saint-Siège et le Conseil de l’Europe considèrent tous deux comme prioritaire la dignité de l’individu ; c’est sur cette base que nous avons travaillé ensemble sur d’importants sujets de préoccupation commune.

Je rends donc hommage à la Mission permanente du Saint-Siège et à l'Université de Strasbourg pour avoir pris l'initiative d'organiser cet événement.

Mais en fait, le début officiel de notre relation remonte à plus d’un demi-siècle :

Cela a commencé en 1962, lorsque le Saint-Siège est devenu Partie à la Convention culturelle européenne.

Et aujourd’hui, en tant qu’État observateur, il peut participer aux travaux de 47 comités intergouvernementaux.

Le Saint-Siège est Partie contractante à une dizaine de conventions du Conseil de l’Europe, qui couvrent des questions variées, et à plusieurs accords partiels.

Il effectue régulièrement des contributions volontaires pour soutenir d’importants projets tels que la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Le travail du Saint-Siège au sein de notre Organisation témoigne de sa volonté de faire avancer les choses dans des domaines clés au niveau multilatéral.

L’éducation est l’un de ces domaines.

Par exemple, le Saint-Siège soutient la philosophie du Conseil de l’Europe visant à éduquer l’individu dans son ensemble, qui sous-tend notre travail d’élaboration du cadre de référence des Compétences pour une culture de la démocratie.

La ratification rapide par le Saint-Siège de la Convention conjointe du Conseil de l’Europe et de l’UNESCO, à savoir la Convention de Lisbonne sur la reconnaissance, a contribué à ce que les qualifications universitaires de nombreux Européens soient dûment reconnues dans d’autres pays.

Et son travail avec le Conseil de l’Europe pour adhérer au Processus de Bologne en 2003, et participer à l’Espace européen de l’enseignement supérieur qui en est issu, a contribué à améliorer la comparabilité et la compatibilité des systèmes d’enseignement supérieur en Europe.

De même, le Saint-Siège a participé à notre travail sur la jeunesse, encourageant l’inclusion et la participation, et a apporté de précieuses contributions à l’élaboration de notre recommandation phare sur le soutien aux jeunes réfugiés en transition vers l’âge adulte.

Il mène également d’importantes activités dans le cadre de nos accords partiels.

En 2011, le Saint-Siège – y compris l’État de la Cité du Vatican – est devenu membre de notre organe de suivi MONEYVAL, c’est-à-dire le Comité d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme :

une démonstration claire de notre volonté commune de prévenir ce type de criminalité.

Mais bien avant cela, en 1973, le Saint-Siège avait déjà adhéré à la Banque de développement du Conseil de l’Europe.

C’est la seule banque de développement d’Europe à vocation purement sociale.

Elle œuvre en faveur de la cohésion sociale, de la justice sociale et de la protection des droits sociaux.

Et elle apporte un précieux soutien aux groupes vulnérables qui continuent de subir l’exclusion sociale.

Conformément à ses valeurs, à nos valeurs communes, le Saint-Siège est un membre actif et à part entière de la Banque ; nous lui savons gré des contributions qu’il apporte, notamment au Fonds pour les migrants et les réfugiés, créé par la Banque en 2015, au plus fort de la crise des réfugiés.

C’est un excellent exemple d’action volontariste qui donne un sens concret à nos objectifs communs.

On pourrait bien entendu citer de nombreux autres exemples, notamment la contribution du Saint-Siège à nos débats et à nos réflexions sur des questions telles que le dialogue interculturel et interreligieux ; dans ce domaine, des activités et des projets ciblés de l’Église ont aidé à surmonter les clivages et à promouvoir concrètement la dignité et la participation des individus dans de nombreuses communautés de notre continent.

Mesdames et Messieurs, ceci n’est qu’un aperçu, une image incomplète, du travail que le Saint-Siège et le Conseil de l’Europe ont entrepris ensemble.

Mais ces exemples illustrent notre partenariat et son but ultime.

Il y a un peu plus de cinq ans, le Conseil de l’Europe a eu l’honneur d’accueillir Sa Sainteté le pape François à Strasbourg.

Le pape François a marqué nos cœurs lorsqu’il était ici, comme il le fait dans tous les lieux où il se rend.

Et dans un discours historique, il a parlé de la nécessité d’atteindre « l’objectif ambitieux de la paix... le fruit de l’arbre ».

Cet objectif est un élément fondamental de la mission de l’Église et du Saint-Siège ; de même, le Statut du Conseil de l’Europe indique clairement que la paix est le but ultime de notre action.

Toutefois, de sérieux obstacles à la paix subsistent aujourd’hui.

La violence et l’intimidation, la montée du populisme et de la haine, notre combat continu pour atteindre l’inclusion et l’intégration.

Nous devons affronter ces problèmes et, côte à côte, avancer dans cette voie.

Il faut saluer l’engagement des Observateurs permanents successifs, dont le vôtre, Monseigneur Ganci, et celui de Son Excellence Monseigneur Gallagher, qui est ici en sa qualité de Secrétaire du Saint-Siège en charge des relations avec les États.

A chacun de vous, nous adressons nos remerciements, et je me réjouis de poursuivre notre coopération.

Je vous adresse toutes mes félicitations pour cet anniversaire important et vous souhaite à tous des discussions très riches au cours des deux prochains jours.