Back College of Europe Closing Ceremony

As delivered by Marija Pejčinović Burić, Secretary General of the Council of Europe

 

Monsieur le Président van Rompoy,

Madame la Rectrice Mogherini,

Chères étudiantes et chers étudiants,

Mesdames et Messieurs,

 

C’est un très grand plaisir pour moi d’assister avec vous à cette cérémonie d’autant plus que je suis
moi- même diplômée du Collège d’Europe.

Mes études ici remontent à l’année 1993 - 1994. Je faisais partie de la promotion Stefan Zweig.

Etant celle qui a eu le privilège d’étudier sur les deux campus, à Bruges et à Natolin.

Je me souviens très clairement de cette époque, de l’enthousiasme et de l’optimisme qui nous animaient, de la certitude que nous avions d’un avenir meilleur pour l’Europe, d’être promis, en sortant de cette institution, à jouer un rôle positif –de premier plan ou plus modeste – dans l’avenir de notre continent.

Ce défi, cette opportunité, c’est maintenant à ceux qui terminent aujourd’hui leur cursus de s’en saisir.

Le Collège d’Europe est solidement établi au firmament de la formation, du savoir et des connaissances sur l’Europe.

Avec ce que vous avez appris ici, vous avez tout pour réaliser de grandes choses!

Certains et certaines d’entre vous feront de brillantes carrières à l’université ou dans le monde des affaires.

D’autres consacreront leurs talents à la politique, à la diplomatie et à la chose publique, au niveau national et, bien évidemment, aussi dans les institutions européennes.

Les initiatives et les idées qui orienteront l’avenir de notre continent porteront la marque de la promotion Éliane Vogel-Polsky.

C’est une lourde responsabilité, et un défi bien différent de celui qu’ont eu à relever les précédentes générations qui ont étudié ici.

Lorsque Salvador de Madariaga et d’autres ont créé le Collège d’Europe, en 1949, c’était après deux guerres mondiales dévastatrices, et avec la conviction qu’une formation européenne par essence pourrait faire avancer la coopération et l’intégration nécessaires pour placer les pays de ce continent sur la voie d’une paix durable.

À l’époque où j’ai étudié ici, cette ambition semblait l’avoir emporté.

Nous étions sortis de la guerre froide et la famille paneuropéenne était sur la voie de l’unification.

Elle avait foi en son identité commune, comme l’atteste l’installation d’un campus du Collège d’Europe en Pologne.

Le Conseil de l’Europe a suivi la même trajectoire.

Créé en cette même année 1949, il a tenu la promesse de la paix, fondée, comme le veut notre Statut, sur une union toujours plus étroite entre ses États membres.

Au fil des ans, nous nous sommes efforcés de consolider cette union, avec des normes communes sur les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.

De cette façon, la coopération a bien souvent pris la place du conflit, et permis aux peuples de notre continent de bénéficier de la sécurité démocratique à laquelle ils ont droit.

Les retombées de cette approche sont considérables, et positives.

Noter organisation est passée de 10 États membres en 1949 à 46 aujourd’hui.

Nous disposons d’une Convention européenne des droits de l’homme, que chaque État membre a ratifiée.

Son interprétation a été confiée à une Cour, dont les décisions ont force de loi, et à laquelle toute personne en Europe peut s’adresser directement.

Nous avons aussi produit 223 instruments juridiques, qui continuent d’améliorer nos vies.

Aujourd’hui, les droits des femmes et des enfants, des personnes LGBTI, des personnes appartenant à des minorités nationales ou linguistiques, ou encore ceux des réfugiés et des demandeurs d’asile, sont mieux protégés qu’ils ne l’ont jamais été auparavant.

Ces efforts se poursuivent, dans l’intérêt de toutes les personnes vivant en Europe.

Mais le doute vient assombrir leurs perspectives de succès.

Le retour des populismes et des nationalismes met directement à l’épreuve les méthodes qui ont permis de réaliser une Europe plus unie.

Coopération, intégration et multilatéralisme vont de pair.

Ils progresseront ensemble, ou échoueront.

En 75 ans, ils n’ont jamais été mis à aussi rude épreuve.

Les tendances qui se dessinent depuis quelques années sont claires, pour qui veut bien les voir.

La légitimité des institutions est contestée.

L’indépendance des juges est remise en cause.

Et les liberté d’expression, de réunion et d’association sont progressivement restreintes, souvent par des responsables politiques qui n’ont pas hésité, à l’occasion, à s’attaquer aux minorités pour renforcer le sentiment d’identité nationale et gagner en popularité.

C’est la nature même de l’Europe à venir qui est remise en question, ainsi que l’architecture, et même l’existence, des institutions qui la guident.

Mais l’exemple le plus grave de ce machisme politique est, bien sûr, l’agression brutale commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.

Nous devons tous – individus, gouvernements et organisations internationales – faire ce que nous pouvons face à cette situation.

Le mois dernier, à l’occasion de la Journée de l’Europe, je me suis rendue personnellement en Ukraine, afin de montrer clairement où se jouent son présent et son avenir, et pour constater par moi-même les ravages de la violence dans le pays.

Je n’oublierai jamais ce que m’ont rapporté le président Zelensky et de nombreux autres Ukrainiens, dont le courage n’a d’égaI que leur attachement envers leur pays, et leur foi dans son avenir démocratique, et européen.

Pas plus que je n’oublierai ce que j’ai vu à Borodyanka et à Irpine.

Les souffrances endurées confirment que la décision d’exclure la Russie du Conseil de l’Europe était la bonne.

Elle indique clairement que la famille paneuropéenne ne tolérera pas la brutalité avec laquelle la Fédération de Russie se détourne de nos valeurs européennes communes.

Toutes les parties de notre organisation ont soutenu cette décision.

De même que nous sommes maintenant tous unis aux côtés de l’Ukraine.

C’est pourquoi nous apportons notre concours au Bureau de la Procureure générale pour les enquêtes sur les violations flagrantes des droits de l’homme, et avons adapté notre Plan d’action pour l’Ukraine aux réalités de la situation sur le terrain.

C’est également pourquoi nous serons prêts, lorsque ces violences terribles auront pris fin, à aider le pays à aller de l’avant, avec un ensemble de mesures spécifiques, adaptées à la situation.

Lors de notre Session ministérielle, à Turin, le mois dernier, nos États membres ont approuvé nos actions de soutien à l’Ukraine.

Ils ont aussi indiqué clairement que le Conseil de l’Europe ferait usage de tous ses instruments pour que la Fédération de Russie rende compte de toutes les violations des droits de l’homme commises.

Cette approche est la bonne.

La défense des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit passe par une réelle volonté politique, par la détermination à soutenir toutes celles et tous ceux, qui, en Europe, croient à nos valeurs, et toutes celles et tous ceux à qui le droit d’en bénéficier est refusé.

En fin de compte, le retour à la paix, à une paix durable, devra venir d’une solution négociée, basée sur les principes énoncés par la Charte des Nations Unies, par la Convention européenne des droits de l’homme, et par l’Acte final d’Helsinki.

Le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et des droits fondamentaux de toute sa population, sera la garantie la plus solide que cette agression ne se répètera pas.

Qu’à cette terrible violation des valeurs européennes réponde la réaffirmation de ces valeurs, dans tous les aspects de notre vie, et sur notre continent tout entier.

*****

That is the challenge to European governments –

To European societies, communities and individuals –

And to you, now, as you begin your careers.

So, yes, your future is in play.

But this is not a fait accompli.

The outcome will be yours to determine.

European standards in human rights, democracy and the rule of law still belong to every citizen, by law.

They are still being applied to the myriad of complex questions that exist, evolve and emerge in our modern societies –

And they continue to make life better across our common European space.

Take, for example, the situation in the Western Balkans.

These countries are Council of Europe member states.

They aspire to democratic stability through a fully European perspective.

And through our work together –

Including our presence there, on the ground, we are helping national authorities put in place the long-term reforms that give meaning to our values, and deepen European integration.

On this – and much more – we co-operate closely with the European Union –

Including through our Horizontal Facility for the Western Balkans and Türkiye –

A flexible mechanism that tailors specific solutions to the particular situations in that region –

And on which we are currently negotiating a third phase.

These reforms are needed in order for EU membership to be realistic.

But equally, they are important in themselves.

When a country acts to meet the standards that we set, all of its citizens benefit –

Whether their country is in the EU, wishes to join, or will never be part of that organisation.

The European Union plays an essential role on our continent today.

But European values and European unity are aspirations – realities – that will always exist beyond the borders of the EU.

And rightly so.

They also apply to every aspect of the lives we live.

Last month, I published a report looking at progress across the 12 key priorities set out in the Council of Europe’s Strategic Framework.

Did it confirm that there are problems – examples of democratic backsliding?

Yes.

But equally, it illuminated the action and progress that is being made in each of these areas, across the European continent, and despite the challenges we face.

These include the implementation of the European Convention on Human Rights and the execution of the judgments of the European Court of Human Rights.

Measures are being taken to ensure freedom of expression, both online and offline –

To ensure non-discrimination, gender equality and the protection of vulnerable groups –

To lead the fights against social inequalities and poverty –

Inequality, racism, xenophobia, and discrimination on grounds of religion –

As well as corruption, money laundering and cybercrime – and human trafficking too –

And to positively ensure independent, efficient and resilient judicial systems –

Alongside support for civil society, including human rights defenders.

We are also supporting education for democratic citizenship and youth engagement –

So that member states help future generations to understand the value of democracy –

And equip them to defend it, along with the human rights and rule of law that will give certainty and security throughout their lives.

But I also want to draw your attention to two other priorities on which we are pushing for progress.

The rise of Artificial Intelligence and the ever-growing threats to our environment are at the forefront of public debate.

Indeed, they are defining issues of our age whose full implications we do not yet know –

But which will have a transformative impact on your generation.

When these infringe on our human rights, it is the Council of Europe’s responsibility to act.

AI is reshaping the ways in which we live and work.

It has the capacity to make our lives easier and safer and to expand the horizons of our knowledge and understanding.

But it also raises profound ethical issues.

How do we stop algorithms from discriminating against groups or individuals?

What happens when low-skilled jobs are replaced by machines?

How can we prevent – or assign responsibility – for attacks on election systems, or technical failures including, for example, in driverless cars?

On the environment and climate change, what should be our response when emissions threaten our health, our homes, and our whole way of life?

When the European Convention on Human Rights was signed in 1950, these problems could not have been imagined.

But that was the point.

Human rights were not designed to apply to specific issues at one point in time.

They are a set of timeless principles, to be embedded in all aspects of our lives, as a safeguard for the dignity of every individual.

So, we are taking steps to ensure that Artificial Intelligence respects human rights, and does not undermine them.

And we are acting to ensure that people’s fundamental rights are protected in the face of damage to their environment.

We are working on new legal tools in each of these areas.

And I have no doubt that further action will come.

In short, my message to you today is this.

You are graduating at a moment of stark contrast.

Human rights, democracy and the rule of law have put down deeper roots in Europe than ever before.

They have allowed peace, prosperity and democratic security of a kind that has never been possible until now.

And the scale and scope of that integration continues to expand, underpinned by strong multilateral institutions.

Equally, the threats to this European unity have never been more profound.

This reality can be seen from bloodshed in Ukraine’s cities, towns and villages.

But we see its elsewhere, in smaller acts, throughout our continent too.

When governments turn a blind eye to human rights violations, we see it.

When they allow democratic processes to crumble – elections, judicial independence and civic participation – we see it.

When they threaten the rule of law through corruption, by ignoring court judgments, or undermining national and international institutions, we see it.

But really, the question is this:

What will each of us do about it?

I have called for a Council of Europe Summit of Heads of State and Government –

To consider how our Organisation should change – what more we can do – in light of the new realities –

A summit that may take place as soon as November.

But I ask each of you to consider what you think Europe’s future should be and what role you intend to play too.

Some of you in this room might go on to take decisions at the very highest level.

But all of you will have a say.

When you vote –

When you take part in the lives of your communities –

When you reach decisions at work and in your private lives.

What values will you aspire to – and demand of others?

Yours is a generation of untold possibilities.

Make the most of them – and carry Europe in your hearts.

Congratulations on your graduation.

I wish each of you happiness and fulfilment in the years to come.

Bruges 24 June 2022
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