Back Réunion plénière de la Conférence des OINGs

Strasbourg , 

A l’issue de votre session de juin, je tenais à m’adresser à vous pour trois raisons.

La première est de reconnaître et valoriser le rôle important que la société civile joue pour promouvoir et protéger la santé et la vivacité de nos démocraties. Cela me semble crucial.  Aujourd’hui, plus que jamais.

Dans une période qui favorise la montée des extrémismes, des populismes, des radicalismes, des inégalités et autres incertitudes, il faut rappeler sans relâche que le bien-être de l’individu, du citoyen, de la personne humaine qui constitue la société civile, doit être la préoccupation première de ceux et celles qui nous gouvernent.

C’est pour cela que les ONGs et les OINGs que vous représentez ont une importance réelle et reconnue pour diffuser le travail du Conseil de l’Europe auprès des citoyens, de l’opinion publique et des autorités. Vous le savez, le Conseil de l’Europe est la seule organisation internationale à accorder un statut participatif aux OINGs et, ce faisant, à tenir compte de l’expression de la société civile.

Les OINGs sont à la fois le partenaire et le miroir de notre action, et pour que notre mission ne soit pas détachée de la réalité, nous devons l’ancrer dans la leur, sur le terrain, dans la vie quotidienne des Européens.

C’est pourquoi le Conseil de l’Europe s’engage pleinement aux côtés de la Conférence des OINGs et continue de la soutenir, avec son budget et son personnel. Elle est un atout pour notre Organisation.

Néanmoins, il faut reconnaître aussi la sévérité des restrictions qui touchent de nombreuses OINGs des Etats membres du Conseil de l’Europe.  Ce sont des développements que nous suivons de près et auxquels nous réagissons avec les différents moyens dont nous disposons, y compris avec des programmes de coopération. Quand les OINGs sont ainsi sous pression, la Conférence joue un rôle important de haut-parleur qui fait entendre la voix de la société civile européenne au sein de notre Organisation. Les conseils juridiques ponctuels donnés par le Conseil d’experts sur le droit en matière d’OINGs sont aussi très appréciés dans ce contexte.

J’ajouterai également que la Conférence et ses OINGs jouent un rôle très important dans le mécanisme de la Charte Sociale et contribuent à renforcer le nombre de réclamations collectives introduites par les OINGs, dont le nombre cette année est particulièrement élevé.

La deuxième raison est de parler de vos actions récentes et futures.

Il me semble en effet que la Conférence des OINGs prend véritablement de l’élan et relève le défi d’être le 4ème pilier de notre Organisation en jouant notamment un rôle de multiplicateur de nos travaux  auprès de ses OINGs membres.

Quelques exemples :

  • les échanges de vues réguliers depuis deux ans avec les Représentations Permanentes sur la participation de la société civile à la prise de décision dans les Etats membres ;
  • les visites de la Conférence dans nos pays membres : cette année, la Hongrie et l’Irlande ;
  • durant la présente session, le side event organisé avec la Commission sur l’égalité et la non-discrimination de l’Assemblée parlementaire sur l’impact de la mobilisation des femmes en Pologne, en Irlande, en Turquie et en Islande ;
  • entre autres, une formation sur les outils du Conseil de l’Europe pour lutter contre la discrimination, le sexisme et le discours de haine ainsi qu’une discussion en commission sur le populisme basée sur le rapport du Secrétaire Général ;
  • les visites planifiées pour le deuxième semestre 2017 en Estonie, en Serbie et en Turquie ; les conférences contre la peine de mort et contre la pauvreté ; des expertises sur les développements juridiques affectant les OINGs et la liberté d’association.

C’est un programme ambitieux pour une institution de plus en plus présente et visible au Conseil de l’Europe et auprès de la société civile en Europe. J’espère que vous continuerez dans cette voie.

La troisième raison est de célébrer un important anniversaire:

  • En 1952, le Conseil de l’Europe a accordé un statut consultatif aux Organisations Internationales Non Gouvernementales (OINGs);
  • En 1975, le Secrétaire Général, Georg Kahn-Ackermann, a invité les OINGs dotées de ce statut consultatif,  à s’organiser entre elles pour structurer leur représentation auprès du Conseil de l’Europe et développer et institutionnaliser les relations avec l’Organisation;
  • Ceci a abouti, en 1976, à la création de la «Commission de liaison des OINGs»;
  • En janvier 1977, il y a 40 ans, sur proposition de la Commission de liaison, a eu lieu la première réunion de la «Conférence Plénière des OINGs».

Nous nous souvenons tous, au cours des années suivantes, du développement fulgurant de cette Conférence Plénière passant par les étapes suivantes:

  • le remplacement, en 2003, de son statut consultatif par un statut participatif, plus dynamique et interactif, qui marquait la reconnaissance de la contribution des OINGs aux travaux de notre Organisation ;
  • en janvier 2005, le changement d’appellation, devenant ainsi la ''Conférence des OINGs du Conseil de l'Europe'', un des piliers de l’Organisation, un vrai partenaire, et la voix de la société civile dans le «Quadrilogue» ;

Aujourd’hui, la Conférence jouit du statut du Comité des Ministres de participant dans les comités inter-gouvernementaux, ce qui lui permet  de contribuer activement au processus d’élaboration de textes de l’Organisation.   

A 40 ans, elle se trouve en pleine maturité avec l’énergie nécessaire pour engager ses forces et mieux répondre encore aux défis de la démocratie d’aujourd’hui, en particulier:

  • renforcer son action pour la défense de la liberté d’association;
  • continuer à promouvoir les droits de l’homme et les droits sociaux et surtout amplifier les voix des plus vulnérables;
  • mener des actions en faveur de la démocratie participative, notamment avec les futurs Lignes directrices pour la participation civile à la prise de décision politique.

Je vous souhaite un très  joyeux Anniversaire et une bonne continuation pour les années à suivre…