Back Cérémonie commémorative sur le site de l’ancien camp de Natzweiler au Struthof

Natzwiller , 

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Général gouverneur militaire,
Monsieur l'Ambassadeur de Norvège,
Monsieur le Consul Général des Etats-Unis,
Monsieur le Député-Maire, Monsieur le Maire,
Messieurs les représentants des cultes,
Madame la Directrice générale de l'Office national,
Monsieur le Président de la Commission Exécutive,
Madame la Directrice du Centre européen du résistant déporté,
Excellences,

« Monter au Struthof » n'est pas pour moi une démarche facile. Chaque fois que je viens sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler, j'en ai la gorge nouée, et la beauté du paysage environnant ne fait qu'amplifier le malaise.

Un rare privilège nous est accordé aujourd'hui, lors de cette cérémonie : celui de l'inestimable présence d'anciens résistants. C'est ma plus profonde conviction que la mémoire et le contact direct avec les témoins du plus grand crime contre l'humanité du 20ème siècle nous aident à comprendre la valeur de la liberté et des droits de l'homme.

Vous qui avez su dire non, qui avez défendu les valeurs des droits de l'homme, vous qui avez souffert ici, au Struthof, vous êtes l'honneur des pays que vous représentez. Votre inestimable témoignage est si précieux pour les jeunes, ceux ici présents aujourd'hui, mais aussi pour toute la jeunesse, afin de donner un sens à leur engagement pour la paix, le respect de l'autre et la lutte contre toutes formes de discrimination. La jeune génération « doit savoir qui vous étiez », pour paraphraser Jean Ferrat, afin de reprendre le flambeau et devenir témoin à son tour.

Je sais que le travail de mémoire est extrêmement pénible — mais je suis également convaincue qu'oublier ces faits historiques ne nous aidera pas à bâtir l'avenir de notre continent, bien au contraire. Il faut oser regarder le passé en face. C'est la mémoire qui nous offre les leçons nécessaires pour construire l'avenir et la paix, et assurer les droits de l'homme pour tous.
La transmission de la mémoire, le lien entre passé et présent, c'est espérer moins de discrimination, plus de tolérance, encourager une conscience morale et un sens de la citoyenneté europénne qui nous mettront en garde contre chaque tentative de répéter de tels actes, sous toutes ses formes.
Le Conseil de l'Europe est né sur les ruines de la Seconde guerre mondiale. Il a défini ses objectifs fondamentaux en réaction aux idéologies totalitaires de la première moitié du XXème siècle, avec leurs corollaires d'intolérance, de division, d'exclusion, de haine et de discriminations.

Les valeurs défendues par le Conseil de l'Europe et nos 47 Etats membres — la démocratie, les droits de l'homme, la primauté du droit — garantissent la construction d'une société européenne capable de vivre dans le respect de l'égale dignité de chacun.

Le Centre européen du résistant déporté et le Conseil de l'Europe ont développé depuis plusieurs années une coopération très concrète. Je citerai pour exemple la commémoration organisée en commun pour la Journée internationale de la Mémoire de l'Holocauste, le 27 janvier. Cette année, nous avons mis en exergue « la Shoah par balles », cette catastrophe de l'Holocauste des juifs de l'Est de l'Europe, peu connue pendant longtemps.

Je me réjouis que cette coopération avec le Centre européen du déporté résistant se concrétise aujourd'hui par la signature d'une lettre d'accord entre le Ministère de la défense de la République française et le
Conseil de l'Europe. Celle-ci renforcera davantage encore la poursuite de l'objectif commun du programme que le Conseil de l'Europe met en œuvre depuis plus d'une décennie, à savoir transmettre la mémoire de l'Holocauste afin de prévenir d'autres crimes contre l'humanité.  Et ceci est exactement la mission du Conseil de l'Europe.

Je vous remercie pour votre attention.