''Les migrants dans nos sociétés: Quelles politiques au 21e siècle''- Conférence des ministres responsables des questions de migration - Helsinki (Finlande), 16 - 17 septembre 2002

Tarja Filatov : "Reintroduire la dimension humaniste dans le débat sur lŽimmigration"

Pour la ministre finlandaise du Travail, Tarja Filatov, la conférence de Helsinki constitue un "pendant indispensable" aux politiques basées uniquement sur la réglementation. Elle permet également de poser les problèmes au niveau du continent tout entier.

Question : En tant que pays hôte, quŽattend la Finlande de cette conférence ministérielle?

Tarja Filatov : LŽimmigration est un phénomène très récent chez nous, et nous comptons à peine 2% dŽétrangers, en majorité russes, suédois et estoniens. Mais dans les 15 années à venir, nous devrons faire appel à un nombre croissant dŽétrangers, notamment pour compenser les départs à la retraite et la baisse de la démographie. Il faut donc se préparer dès maintenant à accueillir et intégrer ces nouvelles populations. Plus globalement, nous sommes conscients quŽaucun pays ne peut régler seul les questions de lŽimmigration, et le Conseil de lŽEurope a lŽavantage de réunir tout le continent, et de constituer ainsi la tribune la plus large qui soit.

 

Question : Ne craignez-vous pas que la Finlande soit confrontée un jour aux mêmes tendances hostiles aux étrangers que celles qui sŽobservent dans certains pays?

Tarja Filatov : Je ne veux pas croire que les gens qui votent en Europe pour des partis extrémistes soient vraiment extrémistes eux-mêmes. Je crois plutôt quŽils votent ainsi par peur, et cŽest justement en dissipant ces craintes infondées, grâce à des réunions comme celle-ci, quŽils reconsidèreront leur position. En Finlande, heureusement, ces tendances extrêmes nŽexistent pas.

Question : Quelles suites aimeriez-vous voir données à la conférence dŽHelsinki?

Tarja Filatov : Ce qui me paraît le plus important, cŽest quŽelle a réintroduit la dimension humaniste dans le débat sur lŽimmigration. Bien sûr, il faut des règlements et des législations, et on en parle beaucoup en Europe actuellement, mais il est primordial de rappeler en même temps les aspects humains du phénomène. Cette conférence a montré quŽun équilibre est possible entre les deux demandes, la sécurité dŽune part et la promotion des droits de l Žhomme ou lŽavenir des marchés du travail dŽautre part. Je suis heureuse que cet équilibre ait pu être trouvé au niveau paneuropéen et, bien évidemment, la Finlande fera tout pour aller plus loin dans cette direction. Enfin, la réunion a rappelé, et cŽest tout aussi primordial, que quand on ferme ses frontières, il devient ensuite très difficile de les rouvrir plus tard!