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Résumé des principales discussions

Deuxième séminaire régional sur la participation active des hommes pour combattre la violence domestique 

Introduction  

Contexte du séminaire 

Lors du troisième Sommet du Conseil de l’Europe en mai 2005, les chefs d’Etat et de Gouvernement du Conseil de l’Europe ont réaffirmé leur engagement pour éradiquer la violence à l’égard des femmes, y compris la violence domestique. En adoptant le Plan d’Action prévoyant le lancement d’une Campagne pour combattre la violence à l’égard des femmes, y compris la violence domestique et la création d’une Task Force sur le même thème, ils ont défini les activités futures du Conseil de l’Europe dans ce domaine.

La Task Force, composée de huit experts internationaux compétents en matière de lutte et de prévention de la violence à l’égard des femmes, a élaboré le programme pour la Campagne. Ce document, adopté par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, constitue le support pour la mise en œuvre de la Campagne. Il contient une définition de la violence à l’égard des femmes, ainsi que les objectifs, les messages et les activités nécessaires à cette Campagne.

Suite à l’adoption du programme par le Comité des Ministres, la Campagne a été lancée lors d’une conférence de haut niveau le 27 novembre 2006 à Madrid. Elle comprend trois dimensions étroitement liées : gouvernementale, parlementaire et locale/régionale. Elle est menée par le Conseil de l’Europe ainsi que ses États membres, en partenariat avec les organisations internationales intergouvernementales et les ONG oeuvrant pour la protection des femmes contre la violence.

Une conférence de clôture mettra un terme à la Campagne en juin 2008. A cette occasion, la Task Force du Conseil de l'Europe pour combattre la violence à l’égard des femmes, y compris la violence domestique présentera ses conclusions et son évaluation des mesures et actions prises au niveau national dans ce domaine ainsi que ses recommandations au Conseil de l'Europe pour l’action future dans ce domaine.

Les activités intergouvernementales de la Campagne menées par le Conseil de l'Europe comprennent cinq séminaires régionaux – en coopération avec l’État membre demandeur – portant sur l’un des objectifs de la Campagne tels qu’énoncés dans le programme.

Le Séminaire sur la participation active des hommes pour combattre la violence domestique était le second de ces séminaires. Il a eu lieu les 9 et 10 mai 2007 à Zagreb, Croatie.

Environ 70 représentant(e)s des gouvernements et des ONG d’Autriche, Croatie, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Espagne et Royaume-Uni ainsi que des représentant(e)s des Nations Unies se sont rassemblés à Zagreb pour échanger des informations et discuter du rôle actif des hommes pour combattre la violence domestique.

Des discours-programmes et présentations sur les expériences nationales ont défini les différents rôles des hommes, pas uniquement en tant qu’auteurs des violences, mais également en tant qu’agents actifs de changement en matière de prévention de la violence domestique et de protection des victimes de cette violence..

Le rôle actif des hommes dans le changement des attitudes pour combattre la violence contre les femmes  

La cause profonde de la violence à l’égard des femmes est liée à la culture patriarcale et aux inégalités de pouvoir entre les femmes et les hommes. Elle est favorisée par des traditions et attitudes discriminatoires ainsi que des stéréotypes de genre de dominance du mâle. La violence à l’égard des femmes en tant que violence fondée sur l’appartenance sexuelle concerne les hommes et les femmes dans leur vie privée mais également dans leur vie professionnelle, c’est pourquoi les hommes ont un rôle important à jouer pour prévenir cette violence et changer les mentalités.

La solution consiste à apprendre que la violence à l’égard des femmes est, comme tout acte de violence à l’égard d’une personne, inacceptable et constitue une violation de la liberté et de l’intégrité physiques, psychologiques, et/ou sexuelles des femmes. Par conséquent, les hommes violents doivent être rendus responsables de leurs actes, non seulement par des sanctions pénales mais également par une thérapie visant à favoriser le changement de comportement et éviter la récidive.

Les participant(e)s ont convenu que les hommes avaient la possibilité et l’obligation de faire beaucoup pour combattre la violence à l’égard des femmes. Les hommes formant la grande majorité des auteurs de violence domestique, ils sont les mieux placés pour la combattre. Ils peuvent s’élever contre la violence et encourager les autres hommes à faire de même. Ils peuvent agir simplement en donnant l’exemple d’un comportement non-violent. Le rôle des hommes en tant que pères et gardiens est crucial. Les hommes peuvent être des « agents du changement » et encourager les rôles positifs afin de renverser les stéréotypes de genre actuellement répandus ainsi que les normes culturelles discriminatoires.

La campagne du ruban blanc est un exemple de mobilisation des hommes pour éradiquer ces stéréotypes de genre. Cette campagne internationale sur l’action bénévole des hommes pour mettre un terme à la violence à l’égard des femmes mobilise ces derniers à s’élever contre la violence fondée sur l’appartenance sexuelle. En portant un ruban blanc, les hommes s’engagent à ne jamais commettre, excuser ou ignorer la violence à l’égard des femmes. Les militants de la Campagne du Ruban blanc font un travail de sensibilisation dans les écoles, les lieux de travail et les communautés et dialoguent avec les jeunes sur la violence fondée sur l’appartenance sexuelle. Ils soutiennent également les groupes de femmes locaux et incitent les jeunes à prendre position contre la violence à l’égard des femmes.

Mesures pédagogiques s’adressant aux garçons et aux hommes pour prévenir la violence à l’égard des femmes 

Il est plus facile d’éviter le recours à la violence si la chaîne du comportement violent inter-générationnel et culturel est brisée à un stade précoce de la vie. Certains États membres dispensent une formation sur l’égalité des sexes et des sessions d’entraînement à un comportement non violent afin de promouvoir la culture de la paix et de la non-violence dans la société. Les Pays-Bas ont mis en place des programmes spéciaux pour les jeunes afin de les sensibiliser au problème du comportement violent dans les relations intimes. Ces programmes, mis en œuvre dans différents cadres communautaires (écoles, clubs de sport et clubs de jeunesse), permettent aux jeunes de déterminer s’ils sont dans une relation violente et de savoir comment respecter l’intégrité mentale et physique de l’autre dans une relation. Les résultats de ces programmes révèlent que lorsque les jeunes ont appris à reconnaître un comportement violent, ils sont plus enclins à identifier la violence dans leurs relations passées et présentes et dans leur entourage.

Formation spécialisée pour les professionnels en contact avec des victimes de violence domestique  

Une formation de base pour tous les professionnels susceptibles de rencontrer des cas de violence domestique dans leur activité est indispensable. La formation doit être spécialisée pour les groupes de professionnels qui fournissent une assistance juridique, médicale ou autre et aident les victimes de violence et dont l’action en amont peut prévenir d’autres violences. Pour une formation spécialisée efficace, le contexte professionnel du prestataire de service en question (police, services sociaux, procureurs, etc.) doit être pris en compte lors de l’élaboration des méthodes et modules de formation. A cette fin, cette formation doit toujours intégrer l’approche professionnelle du domaine. La formation professionnelle ne doit pas seulement sensibiliser les professionnels à la violence à l’égard des femmes, elle doit également fournir à ces derniers les outils adéquats pour prendre en charge les cas de violence domestique, identifier facilement les cas et aider les femmes à vaincre la persécution.

Expérience des Nations Unies pour s’adresser aux hommes afin de prévenir et combattre la violence à l’égard des femmes  

Le rôle des hommes pour réaliser l’égalité des sexes et combattre la violence à l’égard des femmes bénéficie d’une attention particulière depuis les années 1990. Le Programme d’action du Caire (1994) et le Programme d’Action du Sommet mondial sur le développement social (1995) ainsi que son bilan (2000) portaient sur le rôle des hommes dans le partage des responsabilités parentales et des tâches ménagères. La plate-forme d’action de Pékin (1995) se prononçait clairement sur le principe du partage du pouvoir et des responsabilités et affirmait que les problèmes des femmes pouvaient être réglés uniquement « en partenariat avec les hommes ».

L’un des thèmes prioritaires de la Commission des Nations Unies sur le statut des femmes en 2004 était « le rôle des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité des sexes ». La Commission a adopté les conclusions appelant les Gouvernements, agences du système des Nations Unies et autres partenaires à, entre autres, aider les hommes et les garçons à participer activement à la prévention et l’élimination de la violence fondée sur l’appartenance sexuelle et les encourager à agir pour éliminer les stéréotypes de genre.

Le récent travail des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes comprend l’étude approfondie par le Secrétaire Général de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et la résolution globale de l’Assemblée générale sur l’intensification des efforts pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Ces travaux ainsi que l’expression de la volonté politique seront un véritable moteur pour renforcer l’action de lutte contre la violence à l’égard des femmes à tous les niveaux et par l’ensemble des partenaires. L’étude approfondie du Secrétaire général porte sur les causes et les conséquences de la violence à l’égard des femmes, y compris ses coûts. Elle présente les lacunes et problèmes en matière de disponibilité des données et de méthodologies pour évaluer les différentes formes de violence. Elle souligne les responsabilités particulières des États dans la lutte et la prévention de la violence à l’égard des femmes et donne des exemples de pratiques encourageantes pour la combattre.

Programmes d’intervention : modèles mis en œuvre dans les différents États membres  

Ces dernières années, plusieurs États membres du Conseil de l'Europe ont cherché à renforcer la prévention de la violence et accroître la sécurité des femmes victimes de violence en introduisant des programmes d’intervention pour les hommes violents. Les hommes intègrent les programmes d’intervention soit volontairement soit parce qu’ils y sont contraints par ordonnance du tribunal, ou les deux. Le type de programmes d’intervention et les méthodologies varient. Les programmes consistent généralement en thérapies individuelles et/ou de groupes visant à apprendre à assumer son propre comportement, identifier les comportements violents et apprendre la sociabilité et le contrôle de soi pour éviter de recourir à la violence. Certains programmes, comme le modèle autrichien pour les hommes violents, ont adopté des critères de participation au programme.

Malgré l’intérêt croissant pour les programmes d’intervention ces dix dernières années, les données empiriques ne sont pas suffisantes et les résultats connus sont contradictoires. Il est absolument nécessaire de diffuser les modèles de bonne pratique, reflétant le type de programme et de méthodologie utilisés.

Les participant(e)s ont exprimé leurs préoccupations quant aux perspectives des programmes d’intervention car ils sont parfois considérés comme un remède plutôt rapide pour prévenir la violence et modifier le comportement violent des hommes. Cependant, l’expérience montre que le fait de concentrer les efforts sur l’auteur des violences ne renforce pas automatiquement la sécurité de la victime. Des risques potentiels peuvent être identifiés en étudiant l’efficacité des programmes. Les taux d’abandon du programme sont généralement élevés et dans de nombreux cas, les auteurs de violence manquent de motivation pour modifier leur comportement. Les hommes courent le risque de récidiver même pendant le programme.

La plupart des praticiens soulignent qu’un programme d’intervention doit être structuré pour garantir la sécurité de la victime et des enfants impliqués. Si les participant(e)s au programme disposent d’un droit à la confidentialité, les femmes doivent pouvoir accéder aux informations relatives au protocole du programme, à la participation et aux progrès des hommes ainsi qu’aux perspectives de changement. L’idéal serait d’élaborer et de mettre en œuvre les programmes d’intervention en collaboration avec des services pour les femmes victimes, de préférence dans le cadre d’une initiative coordonnée entre plusieurs organismes. Tout événement susceptible de compromettre la sécurité de la victime devrait être communiqué aux autorités et institutions, notamment la police, le procureur et les tribunaux.

La plupart des femmes victimes sont favorable aux programmes car elles souhaitent souvent que leur partenaire guérisse et ne soit pas pénalisé. Les programmes d’intervention peuvent également faciliter une séparation sans danger : les hommes ayant reçu de leur partenaire l’ultimatum de mettre un terme à leur relation sont les plus enclins à devenir particulièrement dangereux et homicides.

La violence à l’égard des femmes étant considérée comme un délit dans un certain nombre d’États, les programmes d’intervention peuvent faire partie de la sanction pénale. Toutefois, vu la situation actuelle en Europe où les taux de prévalence de la violence à l’égard des femmes sont élevés et les taux de condamnation faibles, le nombre d’hommes condamnés à des programmes d’intervention par ordonnance du tribunal reste minime.

Les auteurs de violence souffrent généralement de divers problèmes de santé dont la dépression, l’alcoolisme et de mauvaises habitudes alimentaires. L’expérience du Royaume-Uni montre que les programmes d‘intervention permettent aux hommes d’améliorer leur santé car ils apprennent à contrôler leurs émotions et à mieux s’occuper d’eux, ce qui finalement réduit leur dépendance vis-à-vis de leur partenaire.

Programmes d’intervention: évaluation et défis futurs  

L’évaluation de l’efficacité constitue une part important des programmes d’intervention ou de toute autre mesure visant à protéger les victimes et prévenir la violence. L’important pour une bonne évaluation des programmes d’intervention appliqués dans différents États membres selon diverses méthodologies est d’étudier en premier lieu ce qui est comparable.

Afin de trouver « ce qui marche le mieux » et de proposer des normes de qualité, une synthèse des programmes d’intervention existants s’impose. Par conséquent, les informations de base sur les programmes, comme le type de participants (volontaires ou contraints par les tribunaux), la méthodologie et le programme de travail, le contact avec la partenaire et la coopération avec l’aide aux victimes ainsi que d’autres facteurs importants, sont nécessaires.

Afin de tirer des conclusions sur l’efficacité de ces programmes / interventions, il est très important de faire la distinction entre les objectifs des programmes : améliorer la sécurité des victimes ou aider les hommes à éviter le comportement violent à l’égard de leur partenaire sans aucune référence au renforcement de la sécurité de la victime.

Dans leur discussion sur l’évaluation adaptée des programmes d’intervention, les participant(e)s ont souligné qu’il était de plus en plus nécessaire de créer un réseau pan-européen de praticiens des programmes d’intervention afin d’échanger les expériences et les informations spécialisés dans ce domaine. Il a été suggéré que le Conseil de l'Europe fournisse un forum de ce genre pour réunir les professionnels dans ce domaine.