8e ConfĂ©rence des ministres europĂ©ens responsables des questions de migration (Kiev, 4-5 septembre 2008)

(Seul le texte prononcé fait foi)

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur pour moi de m’exprimer devant cette éminente assemblée, et de représenter ici la présidence suédoise du Comité des Ministres.

Le Conseil de l’Europe a vocation à protéger les valeurs fondatrices de l’Europe que sont le respect des droits de l’homme, de la démocratie pluraliste et de l’état de droit. La présidence suédoise du Comité des Ministres s’est fixé comme priorités de maintenir ces principes essentiels au cœur des activités de l’Organisation, de s’attacher à des questions fondamentales pour le bien-être de nos sociétés et de rendre les droits plus concrets pour les citoyens d’Europe. Les travaux de l’Organisation dans le domaine des migrations s’inscrivent naturellement dans ce cadre.

Au fil des ans, le Conseil de l’Europe a beaucoup fait.

Son bilan est présenté en détail dans un document à votre disposition dans le dossier de la conférence. Je ne m’y attarderai donc pas. Permettez-moi de mentionner, outre les recommandations aux Etats membres adoptées par le Comité des Ministres en vue de renforcer la gestion et l’intégration des migrants, le Livre blanc sur le dialogue interculturel, lancé au mois de mai par le même Comité des Ministres, qui présente un intérêt tout particulier à cet égard.

Nous pouvons certes être fiers de ce qu’a réalisé le Conseil de l’Europe mais il faut à présent nous tourner vers les enjeux face auxquels se trouvent les Etats membres et envisager les meilleures réponses à apporter.

Aujourd’hui indissociables de la globalisation des échanges et de la mondialisation, les migrations sont aussi une question très complexe, parfois sensible. Les gouvernements doivent élaborer des politiques migratoires cohérentes, adaptées à la situation sociale, économique et politique de chaque pays, mais aussi à sa situation démographique et géographique. Ces politiques doivent offrir des moyens harmonieux et innovants d’optimiser les avantages des migrations et de minimiser les difficultés qui peuvent en découler. Elles doivent non seulement garantir le respect des droits de l’homme mais aussi tenir dûment compte de la responsabilité incontestée qui est la nôtre au niveau international envers les réfugiés et les demandeurs d’asile qui ont besoin d’une protection.

Le fait est que la gestion des migrations revêt divers aspects. Il convient d’adopter une démarche globale et de tirer le meilleur parti possible des synergies entre domaines d’action interdépendants. Il semble de plus en plus évident que les migrations peuvent être bénéfiques aux pays d’accueil comme aux pays d’origine. Cela étant, il faut préserver la cohésion sociale, contribuer à l’intégration des immigrants à titre individuel et collectif, et aider à maintenir les liens entre les membres des diasporas et les communautés qu’ils ont quittées.

Le thème de la confĂ©rence est donc particulièrement bien choisi. Quelle est la meilleure façon d’élaborer une approche intĂ©grĂ©e – fondĂ©e sur les droits de l’homme – des migrations Ă©conomiques, de la cohĂ©sion sociale et du dĂ©veloppement ? Quelle est la meilleure façon de coopĂ©rer pour construire cette approche et rendre ces droits plus tangibles ?

Le Conseil de l’Europe devrait, cela ne fait pour moi aucun doute, continuer de s’attaquer aux problèmes qui se font jour dans ce domaine. Véritablement paneuropéen, il compte en effet parmi ses membres des pays d’origine, de transit et de destination, et offre un cadre multilatéral de renforcement de la coopération et du dialogue. Il dispose d’une mine d’instruments juridiques puissants, à même de guider ses travaux, comme la Convention européenne des droits de l’homme ou la Charte sociale européenne révisée, pour n’en citer que deux.

Les organes institutionnels du Conseil de l’Europe, notamment l’Assemblée parlementaire et le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, ont également un rôle à jouer. N’oublions pas, à cet égard, le travail considérable du Commissaire aux droits de l’homme, M. Hammarberg, et de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, ainsi que celui du Comité européen sur les migrations et d’autres comités intergouvernementaux qui s’intéressent à un large éventail de questions transversales touchant aux migrations, dans le domaine du droit, de la cohésion sociale ou de l’égalité entre les hommes et les femmes, par exemple.

Je me réjouis de la présence à cette conférence de représentants des Etats membres du Conseil de l’Europe mais aussi d’un certain nombre de pays non européens, ce qui montre que la question migratoire n’est pas circonscrite au continent et que la responsabilité partagée ne s’arrête pas aux frontières de l’Europe. La variété des portefeuilles des ministres ici présents (affaires étrangères, immigration, développement, travail et affaires sociales) témoigne du caractère intersectoriel de la question. La conférence devrait contribuer à stimuler la coopération et les échanges de bonnes pratiques entre Etats au niveau régional et avec le reste du monde.

L’une de nos principales missions consiste, me semble-t-il, à définir le rôle que le Comité des Ministres – dont j’ai l’honneur de représenter la présidence – est appelé à jouer dans le domaine des migrations au cours des prochaines années. J’attends donc avec intérêt les débats et l’adoption, demain, de la déclaration finale.

Espérons toutefois que la journée de demain ne marque pas la fin mais plutôt le commencement de l’exercice qui nous réunit. Je souhaite vivement qu’il s’agisse là du début d’un processus qui se distinguera par son efficacité.

Je vous remercie de votre attention.