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Le destin tragique des enfants migrants disparus en Europe

Azlan, un jeune Afghan de onze ans, était l’un des milliers de mineurs non accompagnés qui arrivent en Europe tous les ans. Ils fuient la guerre dans leur pays d’origine ou sont tout simplement à la recherche d’une vie meilleure.


© Conseil de l'Europe - Les enfants qui figurent sur les photos n’ont pas de lien avec le contenu de cet article

 

AZLAN REVAIT de retrouver sa mère, Kashmala, qui avait pris une autre route vers le Royaume-Uni.
Il a été intercepté par la police grecque alors qu’il était transporté par un gang de passeurs.
L’ONG grecque « The smile of the Child » l’a recueilli, mais il s’est enfui à deux reprises des foyers de l’ONG pour partir à la recherche de sa mère. L’ONG a perdu sa trace après sa deuxième fugue, mais a appris quelques mois plus tard qu’il était arrivé sain et sauf au Royaume-Uni et qu’il vivait à présent avec sa mère et son frère.

 


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EN 2013, DES ENFANTS NON ACCOMPAGNES présents sur le territoire de l’Union européenne ont soumis 12 430 demandes d’asile.
Sur celles-ci, 1 095 étaient le fait d’enfants de moins de 14 ans. Nombre d’entre eux rejoignent l’UE après avoir tout perdu, au terme de voyages éprouvants et périlleux pour fuir la guerre, la violence et la pauvreté. S’ils commencent souvent leur périple accompagnés de leurs parents ou de leurs frères et sœurs, de nombreux enfants sont délibérément séparés de leur famille et emmenés par des trafiquants d’enfants ou des passeurs. D’autres enfants, maltraités ou exploités, partent de chez eux de leur propre initiative. Certains disparaissent du centre d’accueil dans lequel ils ont été placés ou s’enfuient, craignant de se retrouver dans la situation qu’ils cherchaient à fuir. D’autres sont victimes d’enlèvement, de traite, d’exploitation sexuelle ou économique (don d’organes forcé, travail forcé, trafic de drogue, mendicité).

 

 

AKOFA, du Togo (Afrique), est l’une de ces victimes.
Elle n’avait que quatorze ans lorsqu’elle est arrivée en France. Ses parents avaient cru, comme elle-même, aux promesses que leur avait faites une femme de leur entourage. En échange de quelques heures de travail dans une boutique de mode parisienne, Akofa irait à l’école et connaîtrait une vie meilleure. Au lieu de cela, elle a été condamnée à dormir dans un recoin de la cuisine, elle a dû se contenter de maigres rations mensuelles et travailler jour et nuit sans salaire, ce, sans aucun moyen de contacter ses parents au Togo.

 


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LORSQU’ELLE S’EST REBELLÉE, l’adolescente a été « vendue » à une autre famille qui avait besoin de quelqu’un pour s’occuper H24 des enfants et du ménage.
« J’étais une esclave », déclare cette victime d’exploitation par le travail. « La seule différence, c’est qu’ils ne m’avaient pas achetée à mes parents. Mais ils ont trahi ma confiance et celle de mes parents. On m’avait promis que j’irais à l’école en échange d’un coup de main. Je savais que ce qui m’arrivait était injuste, parce que j’avais une famille avant et je savais comment on doit traiter les êtres humains. » Au bout de cinq ans, la police a sauvé Akofa des griffes de ses « propriétaires ». Elle a ensuite passé six mois à l’hôpital pour se remettre des problèmes de santé causés par les années de calvaire qu’elle avait endurées.

 

SELON EUROPOL, l’agence de renseignement criminel de l’UE, plus de dix mille enfants réfugiés et migrants sont actuellement portés disparus.
Cinq mille ont disparu en Italie, cinq mille autres en Allemagne et mille en Suède. Au Royaume-Uni, le nombre d’enfants demandeurs d’asile disparaissant peu de temps après leur arrivée a été multiplié par deux l’année dernière. D’où la crainte qu’ils ne soient la cible de gangs de malfaiteurs, notamment de trafiquant d’êtres humains. Europol a déclaré craindre qu’une infrastructure criminelle paneuropéenne sophistiquée n’exploite dorénavant la crise des réfugiés.

 


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UN NOMBRE PREOCCUPANT D’ENFANTS DISPARUS ne sont jamais retrouvés
Selon l’observatoire britannique de l’asile (British Asylum Screen Unit), 60 % des enfants migrants non accompagnés placés dans les centres d’assistance sociale disparaissent et ne sont jamais retrouvés. Pour l’ONG « Terre des Hommes », jusqu’à la moitié des enfants migrants non accompagnés placés en centre d’accueil en Suisse, en France, en Belgique et en Espagne disparaissent chaque année. Beaucoup de ces disparitions interviennent dans les 48 heures suivant l’admission. En raison du manque d’informations fiables sur les familles et sur les situations concrètes dans lesquelles se trouvent les enfants migrants non accompagnés, nombre d’entre eux ne sont jamais localisés, une fois portés disparus. « Nous supposons que de nombreux enfants et adolescents sont tombés sous la coupe de gangs criminels, qui les forcent à se prostituer ou qui prélèvent leurs organes », a expliqué Aiman Mazyek, président du Conseil central des musulmans d’Allemagne, lors d’une récente conférence de presse. Il a demandé aux gouvernements et aux organisations internationales de déployer plus d’efforts pour retrouver la trace des mineurs portés disparus et protéger les autres. « Face à la disparition de tant de personnes, le silence est assourdissant », a déclaré Mr Mazyek. « La crise des réfugiés est aussi celle des enfants réfugiés. »

 

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