Retour Participation de la Secrétaire Générale adjointe à la Commission sur l’égalité et la non-discrimination

Paris , 

Contre le discours de haine

Mme la Présidente de l’Assemblée, Madame la Présidente de la Commission, chers parlementaires, chers amis,

Comme nous le savons tous trop bien, depuis un certain temps déjà, et à travers toute l’Europe, nous assistons à une montée du populisme, à une recrudescence de la xénophobie et à l’apparition d’un nombre croissant d’individus et de groupes qui souhaitent exploiter les angoisses des populations pour attiser la haine.

Le racisme et l’intolérance sont des créatures résilientes. Elles évoluent pour survivre. En plus des attaques explicites et manifestes contre des groupes précis, nous assistons maintenant aussi à un phénomène plus subtil.

  • Dans les médias, en politique, dans la vie de tous les jours, nous vivons une espèce de banalisation du racisme par le langage au quotidien, un néo-racisme désinvolte, beaucoup plus difficile à démasquer mais tout aussi dangereux.

Nous ressentons tous de plus en plus sa présence. Et les jeunes sont souvent plus particulièrement ciblés.

C’est pour cela que notre «Mouvement contre le discours de haine – Campagne de jeunesse pour les droits de l’homme en ligne», et le très vif enthousiasme qu’il a suscité depuis son démarrage en 2011, revêt une importance particulière. De nombreux jeunes y ont participé, ainsi que nombre de nos collègues de tous les secteurs du Conseil de l’Europe, et cela dans un but précis : éradiquer le discours de haine dans le débat public.

La campagne porte sur l’éducation aux droits de l’homme, la participation des jeunes et l’initiation aux médias. Elle fonctionne comme un réseau, les Etats membres lançant des campagnes nationales adaptées à leurs propres contextes. À ce jour, ils sont près de 37 à l’avoir fait, auxquels s’ajoutent, hors d’Europe, le Mexique et le Maroc. Toutes les campagnes ont pour but de limiter le discours de haine et de combattre le racisme et la discrimination sur internet.

Plus récemment, nous avons mis en place l’«Observatoire du discours de haine» de la campagne. C’est un outil extrêmement utile pour surveiller et cartographier instantanément le discours de haine en ligne – vous le trouverez sur notre site web nohatespeechmovement.org. Nous avons suivi les traces de ce langage de haine et avons notamment pu observer des attaques contre les populations de couleur, la promotion du néonazisme, des attaques contre des personnes en raison de leur genre, de leur orientation sexuelle ou de leur origine ethnique, des discours de haine antijuifs, des manifestations d’antitsiganisme et d’islamophobie, y compris des appels à brûler des mosquées, et j’en passe…  

En mai, l’«Observatoire du discours de haine» a essentiellement travaillé sur l’homophobie et la transphobie, et invité les internautes à signaler les discours  contre des personnes ayant une identité de genre et une orientation sexuelle différentes.

Si l’on prend juste connaissance de certaines de ces informations, on prend conscience de l’ampleur du problème et de la virulence du discours de haine qui circule sur le net.

La campagne du Mouvement contre le discours de haine a pris fin dans sa forme actuelle en mars de cette année. Mais elle ne s’arrête pas là, ce n’est que «la fin du commencement». A la suite des horribles attentats terroristes en France, en Belgique et à Copenhague cette année, nous avons ajouté le discours de haine au Plan d’action du Conseil de l’Europe pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, qui a été adopté par les Ministres des affaires étrangères lors de la Session Ministérielle du Comité des Ministres à Bruxelles  le 19 mai.

Nous continuerons à soutenir les comités de campagne existants et à apporter un soutien institutionnel et des outils pratiques aux autorités locales et nationales souhaitant former des éducateurs, des jeunes et des travailleurs sociaux, ainsi que des membres des forces de l’ordre, pour les préparer à agir en ligne de manière efficace. Nous continuerons à mettre un fort accent sur le rôle de l’éducation dans la lutte contre l’intolérance et le manque de respect. C’est dans nos classes et dans les autres lieux où les jeunes se rencontrent, apprennent et travaillent que nous devons être présents.

Notre manuel de formation «Connexions» est en passe de devenir un nouveau best-seller. Il aide à lutter contre le discours de haine à travers l’éducation aux droits de l’homme et c’est la raison pour laquelle nous sommes en train de définir un ensemble de compétences visant à aider les éducateurs en Europe à enseigner aux enfants comment vivre en paix dans nos sociétés diverses et ce que signifie être un citoyen démocrate.

  • Nous devons mieux comprendre d’où vient le discours de haine.
  • Nous devons mieux comprendre comment ce discours de haine fonctionne et où il sévit.  
  • Nous devons partager nos idées, notre savoir-faire et nos bonnes pratiques, mais aussi nos peurs.
  • Nous devons nous former et définir des méthodologies et des stratégies apportant des réponses juridiques et pratiques.

En effet, le Mouvement contre le discours de haine est né de la volonté de jeunes qui souhaitent vivre dans une Europe où ils se traitent les uns les autres avec respect.  

Après avoir formé et mobilisé les militants, il est temps de mobiliser une plus vaste audience et de créer une vaste coalition contre le discours de haine.

C’est ici que votre Alliance parlementaire contre la haine jouera un rôle fondamental, en prenant des positions publiques, fermes et proactives contre le racisme, la haine et l'intolérance, quels qu'en soient les motifs et la manière dont ils se manifestent.

Votre engagement à soutenir le travail des comités nationaux de campagne du Mouvement contre le discours de haine et à y participer est essentiel. Il envoie un message capital aux populations : les législateurs qu’elles ont élus s’efforcent d’œuvrer pour un internet meilleur et une société meilleure.

Développer des partenariats avec un large éventail d’organisations est aussi essentiel à cet égard : les médias, la société civile, ainsi que les fédérations et clubs sportifs, ont un rôle clé à jouer pour combattre le discours de haine en Europe, car ils disposent d’une vaste audience.

Une contribution cruciale envers la campagne viendra bientôt aussi de l’ECRI qui travaille actuellement à une nouvelle recommandation de politique générale sur le discours de haine, qui devrait être adoptée d’ici à la fin de l’année et nécessitera tout le soutien possible pour sa diffusion et sa mise en œuvre effectives.

Je suis certaine que la Campagne que nous construirons ensemble mènera à des résultats réels et je me réjouis de pouvoir en discuter avec vous plus en détail au cours de son élaboration.

 

Building inclusive societies

Dear friends,

Please allow me to continue in English to share with you our plans for how to implement another vital part of the “Action Plan on the fight against violent extremism and radicalisation leading to terrorism”, which is closely related to that of combating hate speech.

In their Declaration on 19 May, the Ministers emphasised that combating terrorism is not enough and that long-term prevention of radicalisation is of equal importance. As an essential component of the democratic response to the upsurge in violent extremism, the Council of Europe will therefore develop and implement new transversal initiatives to help build more inclusive and cohesive societies.

In developing these initiatives, which will probably take the form of a separate “Action Plan on Building Inclusive Societies”, we will be able to draw on the second annual report of the Secretary General “A Shared Responsibility for Democratic Security in Europe. This report was presented only a few weeks ago, and its findings are based on the relevant Council of Europe standards and the most recent conclusions and recommendations from our monitoring bodies.

One of the Secretary General’s main findings is that “… against the backdrop of prolonged austerity and in the climate of rising populism and intolerance, all member States need to intensify their efforts to prevent divisions from forming or deepening in our societies”.

The Secretary General’s Report identifies three fronts on which all member States should take sustained action:

  • Effective protection against discrimination
  • The promotion of diversity in education
  • Inclusive policies which will uphold social rights

The report on “Living Together – Combining diversity and freedom in the 21st Century Europe” prepared by a group of eminent European figures at the request of the Secretary General and published in May 2011, retains all its relevance when we look for ways to do this.  In fact, its conclusions and recommendations can be seen as a blueprint for ensuring that European societies remain strong, fair and united in facing down today’s challenges.

The construction or reconstruction of inclusive societies clearly requires many building blocks. The Council of Europe will be able to make a significant contribution in this regard. We have a long and broad experience in the many fields that can contribute to making our societies inclusive and cohesive, ranging from legislative standards to policies and practices at the national, regional and local levels.

Our monitoring work on the situation in each member State as regards equality of opportunity, non-discrimination, protection of minorities and social rights enables us to identify common themes, specific gaps, and innovative success stories.  At the same time, our links with national parliaments, local and regional authorities, and civil society provide us the possibility to ensure that our work can filter down into concrete actions at all levels of society.

The purpose of the “Action Plan on Building Inclusive Societies” will be to provide the Council of Europe with a clear focus and a strong incentive to help our member States put in place legislation, policies and actions to build strong societies based on the principles of inclusion and cohesion.

The Action Plan could have five key objectives, as identified in the Secretary General’s Report:

  • First, to ensure that every member State has sufficient legislation and effective policies to combat all forms of discrimination and that the necessary means are made available to ensure that these frameworks are implemented in practice and lead to the effective enjoyment of rights.
  • Second, to assist the authorities in putting in place appropriate integration policies.
  • Third, to assist the authorities in putting in place a framework for all members of society to acquire the skills required for democratic citizenship, particularly in formal education
  • Fourth, to strengthen the role of the European Social Charter and to ensure effective enjoyment of social rights through the Turin process.
  • And, finally, to ensure young people’s access to rights.

I will come back to you with more information as this Action Plan finds its shape. It should cover the period 2016-7, and its preparation runs in parallel to the preparation of the Programme and Budget for this period.

 

Gender Equality Commission

Dear parliamentarians,

This takes me the last point that I would like to raise with you today, which is that, in the context of preparing the Programme and Budget for 2016-17, I have taken the initiative to strengthen the Council of Europe’s intergovernmental work on gender equality.

In 2012 the Secretary General launched the Council of Europe Transversal Programme on Gender Equality. This Programme aims to increase the impact and visibility of gender equality standards by supporting their implementation in member States, including through gender mainstreaming

The Programme has started off very well and has already led to concrete results, in particular with regard to fighting gender stereotypes in media and education and in guaranteeing women equal access to justice.

The Council of Europe’s intergovernmental group of experts – the Gender Equality Commission (GEC) - has had the leading role in the implementation of this Programme.

The Commission currently consists of experts from 16 member States. If other States wish to be represented, they have to cover the costs of their participation themselves.

The interest of member States in our gender equality work is constantly growing, and this is clearly a priority area of work for the Organisation.  I have therefore taken the initiative to transform the Commission into a full-fledged plenary commission with representatives from all 47 member States.

I will come back to you also about this with more information as the programme and budget discussions progress.

Thank you for your attention.