Instructions

1. Expliquez aux participants que, en tant que travailleurs, ils vont devoir travailler pour leur employeur (vous !). Ils ne doivent pas s’inquiéter ; tous seront payés. Vous êtes contre l’esclavage !
2. Distribuez les étiquettes aux participants, au hasard, une pour chacun.
3. Expliquez-leur leur mission et vérifiez que tous ont compris.
4. A présent, au travail !
5. Lorsque les travailleurs ont rempli leur mission, demandez-leur de prendre la file d’attente pour être payés. Payez chacun selon son âge et son sexe en vous référant aux taux de rémunération de votre tableau. Vous devez faire les comptes à haute voix, de manière à ce que chacun puisse savoir ce que l’autre a gagné.
6. Si les participants commencent à se plaindre ou à poser des questions, donnez quelques «brèves» explications, mais évitez de vous lancer dans une discussion.
7. A vous de voir jusqu’où vous pouvez aller. Quoi qu’il en soit, stoppez l’exercice avant que la tension ne soit à son maximum ! Donnez aux participants le temps de se calmer et de sortir de
leur rôle, puis asseyez-vous en cercle pour le compte rendu.

Compte rendu et évaluation

Organisez la discussion en plusieurs phases. Commencez par analyser l’activité en soi:
• Qu’ont ressenti les participants en recevant plus ou moins que les autres pour une même tâche ?
• Pourquoi certains ont-ils reçu plus (ou moins) que les autres ? Quels étaient les critères ?
• Qu’est-ce que cela fait de recevoir plus que les autres ? Et de recevoir moins ?
• Cette forme de discrimination existe-t-elle sur les lieux de travail dans votre pays ou votre communauté ?

Ensuite, évoquez la question de la rémunération en fonction du sexe:
• Peut-on justifier qu’un même travail soit rémunéré différemment selon qu’il est fait par un homme ou par une femme ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Dans quelles circonstances ?
• Qu’en est-il si un homme exécute mieux un travail qu’une femme ? Est-ce une raison suffisante pour rémunérer la femme à un niveau inférieur ?
• Si un homme est plus qualifié qu’une femme, doit-il pour autant être mieux rémunéré ?
• Selon vous, certains emplois devraient-ils être réservés aux hommes ? Pourquoi ? Pourquoi pas? Si oui, lesquels ?
• Selon vous, certains emplois devraient-ils être réservés aux femmes ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Si oui, lesquels ?
• Pensez-vous que la pratique de la discrimination positive peut se justifier dans le but de changer les attitudes sociales ?

Enfin, évoquez la question de la rémunération en fonction de l’âge :
• Votre pays pratique-t-il une politique de rémunération en fonction de l’âge ? Si non, pensez-vous que cela serait une bonne chose ?
• Quelle est la raison qui justifie l’application de ce type de politique, notamment eu égard aux jeunes ?
• Que pensez-vous de ce type de politique ? Est-ce bien ? Mauvais ? Nécessaire ? Inutile ?
Donnez des raisons.
• Dans cette activité, quels sont les droits de l’homme en jeu, et ceux qui font l’objet de violation ?
• Comment les individus peuvent-ils faire valoir leurs droits ?

Conseils pour l’animateur

Si vous devez ajouter ou supprimer certains travailleurs de la liste, faites en sorte d’équilibrer les sexes et les groupes d’âge. Si votre groupe est important, ou si vous souhaitez approfondir la discussion sur les deux types de discrimination, il peut être judicieux de répartir les participants en deux sous-groupes . Ensuite un des groupes pourra s’intéresser à la discrimination fondée sur le sexe, et l’autre à la discrimination fondée sur l’âge.

Quel type de travail convient à cette activité ? Tous les travailleurs doivent faire le même. Par conséquent, choisissez un travail que plusieurs participants peuvent faire en  même temps, afin que personne ne s’ennuie à attendre son tour. Réfléchissez aux aspects suivants :
• Si vous envisagez une activité à l’extérieur, est-ce que la saison le permet ?
• Est-ce que vous avez suffisamment d’espace ?
• L’activité est-elle réalisable de la même façon par tous, indépendamment de leur sexe et de leur âge ?
• Ne présente-t-elle aucun risque ?
• Certains participants pourraient-ils être mal à l’aise et refuser le travail pour des raisons ethiques ?
• Combien de temps prendra-t-elle ?
• Est-ce qu’elle exige beaucoup de compétences ?
• Comment faire pour qu’il soit possible de la répéter plusieurs fois ?

Exemples de tâches:
• Nettoyer le tableau et y écrire soigneusement une phrase donnée.
• Prendre les livres sur une étagère et les mettre dans un carton. Puis transporter le carton de l’autre côté de la pièce, sortir les livres du carton et les disposer sur une nouvelle étagère.
• Réaliser un origami (un avion ou un chapeau).
• Nettoyer la salle ou un espace délimité dans le jardin.
• Collecter les ordures ou les détritus dans un secteur donné du quartier.
• Laver les vitres de l’école/du bâtiment où vous vous réunissez, ou laver les voitures des enseignants/formateurs !
• Trouver trois feuilles d’arbre différentes et les coller sur un poster.
• Rechercher la définition d’un mot et la noter sur une feuille de papier. (Si vous choisissez des termes différents, concentrez-vous sur le thème des droits de l’homme, vous aurez ainsi produit un glossaire à la fin de l’activité!).

Au moment de payer les travailleurs, vous allez devoir justifier les différences de salaire. Les «raisons» peuvent être fondées sur des faits réels ou être ridicules. Par exemple:
• Une personne qui a trébuché est moins payée.
• Une personne qui souriait et paraissait heureuse est mieux payée.
• C’est vendredi !

Variantes

Le paiement des salaires peut être confié aux participants plutôt qu’au facilitateur.

En fonction de la tâche que vous avez choisie (dans une usine, par exemple), vous pouvez fixer une limite de temps à son exécution. Si la tâche est très simple ou si le nombre de joueurs est inférieur à six, vous pouvez la renouveler à trois ou quatre reprises, chacun des « tours » représentant une journée de travail. A l’issue de chaque tour, les salariés se rendent à la banque, signent un document et obtiennent en contrepartie le paiement de leur salaire pour la journée. Certains participants devraient se rendre compte rapidement que les salaires ne sont pas égaux, et s’en plaindre. Dans ce cas, vous pourriez les renvoyer et annoncer aux autres qu’ils vont devoir travailler plus dur. A ce stade, attendez-vous à ce que les travailleurs appellent à la grève. Veillez à ce que les participants ne se laissent pas emporter et ne perdez pas de vue vos objectifs d’apprentissage initiaux.

Si l’approche de la simulation ne vous paraît pas adaptée pour cette activité, vous pouvez utiliser les informations comme base de discussion. Etablissez une « fiche de renseignements » pour chacun des travailleurs, avec des données sur leur travail, leur âge, leur sexe et leur rémunération. Vous pouvez y inclure des détails relatifs par exemple à leur formation et à leur expérience professionnelle. Vous pouvez aussi développer quelques études de cas approfondies portant sur différents travailleurs. Sachez toutefois qu’avec une discussion, vous n’obtiendrez pas les réactions émotionnelles fortes que suscite une simulation.

Suggestions de suivi

Si le groupe apprécie les jeux de rôle et souhaite analyser le rôle des syndicats dans la défense des droits des travailleurs à des salaires et des conditions de travail équitables, vous pouvez lui proposer l’activité « La réunion syndicale ». Le jeu de rôle « Travail et procréation » examine les questions d’égalité au travail et les droits des femmes.

Idées d'action

Renseignez-vous sur les droits des travailleurs et la législation en la matière dans votre pays. Si vous travaillez pour gagner de l’argent de poche, assurez-vous de connaître vos droits en tant que travailleur. Par exemple, votre taux de salaire est-il plus élevé le soir ou le week-end ? Etes-vous assuré ? L’équipement que vous utilisez est-il en bon état et les réglementations en matière de santé et de sécurité sont-elles respectées ? Informez-vous des conséquences du travail « au noir », autrement dit lorsque ni vous ni votre employeur ne déclarez votre travail à l’administration fiscale.

Informations complémentaires

Parce que les femmes gagnent moins en moyenne que les hommes, elles doivent travailler plus pour obtenir le même salaire. Ainsi, la Journée européenne de l’égalité des salaires se fête un mardi pour montrer que les femmes doivent travailler deux jours supplémentaires pour gagner ce que les hommes ont empoché en une semaine.

Les questions relatives à l’inégalité de rémunération des travailleurs diffèrent selon les pays, mais aussi selon que la discrimination est opérée sur la base du sexe ou de l’âge. La discrimination sur la base du sexe n’est rien d’autre que la preuve de la discrimination à l’égard des femmes. Les femmes ont toujours été défavorisées dans les sphères économique, politique et sociale. La discrimination qu’elles subissent dans le domaine du travail commence au moment de la sélection et des entretiens de recrutement, se poursuit avec les moindres possibilités de promotion qui leur sont offertes et, d’une manière générale, se traduit par des salaires inférieurs à ceux des hommes; cette inégalité des salaires constitue une violation du droit des femmes à un salaire égal à travail égal. En tant que travailleurs, les jeunes ont droit à une rémunération équitable. Pourtant, la situation est complexe et différente selon les pays. D’une manière générale, les taux de chômage des jeunes sont supérieurs à ceux des adultes.

Bien que le principe de salaire égal à travail égal soit généralement reconnu, la rémunération des jeunes reste souvent un problème à part. Ainsi, de nombreux pays appliquent des politiques qui permettent que les jeunes soient moins payés qu’un adulte à travail égal. Ces politiques reposent sur deux logiques. D’une part, elles découragent les jeunes à entrer sur le marché de l’emploi et, à l’inverse, les encouragent à rester à l’école pour y acquérir une solide formation. D’autre part, elles permettent aux employeurs de recruter des jeunes sans expérience et peu qualifiés, qui sont de plus en plus nombreux à quitter l’école prématurément et qui, sinon, traîneraient dans les rues, accumuleraient les problèmes et deviendraient un fardeau pour l’Etat. Le succès de ce type de politique s’agissant de diminuer le chômage des jeunes est variable selon les pays.
Le Comité européen des droits sociaux (qui contrôle l’application de la Charte sociale européenne) ne considère pas qu’une rémunération inférieure pour les jeunes soit incompatible avec la garantie d’un salaire équitable, dans la mesure où la différence reste raisonnable et soit susceptible d’être rapidement comblée. Par exemple, un salaire de départ de 30% inférieur au salaire d’un adulte est jugé acceptable pour les 15-16 ans. Par contre, pour les 16-20 ans, cette différence ne doit pas excéder les 20%.

Les salaires des jeunes ne sont pas forcément bas. En réalité, de nombreux jeunes hautement qualifiés gagnent beaucoup d’argent - trop même, aux yeux de certains! Par exemple, beaucoup de jeunes réussissent dans les secteurs des nouvelles technologies et gagnent bien plus que leurs aînés proches de la retraite.

Droit à une rémunération équitable

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, article 7
« Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit qu’à toute personne de jouir de conditions de travail justes et favorables, qui assurent notamment:
(a) La rémunération qui procure, au minimum, à tous les travailleurs:
(i) Un salaire équitable et une rémunération égale pour un travail de valeur égale sans distinction aucune; en particulier, les femmes doivent avoir la garantie que les conditions de travail qui leur sont accordées ne sont pas inférieures à celles dont bénéficient les hommes et recevoir la même rémunération qu’eux pour un même travail. »

Charte sociale européenne
Article 7 (5) Droits des enfants et des adolescents à la protection: droit des jeunes travailleurs et apprentis à une rémunération équitable.
Article 8 (3) Droit à une rémunération équitable: droit des travailleurs masculins et féminins à une rémunération égale pour un travail de valeur égale

Documents

PDF à télécharger

Taux de rémunération des travailleurs en fonction du sexe et de l’âge.