Tel que délivré

Mesdames et Messieurs, c'est avec un immense plaisir que je me joins à vous pour inaugurer cette exposition. Je tiens à remercier Monsieur l'Ambassadeur Kuntzle pour son invitation et, bien évidemment, Mme Koelbl pour les œuvres remarquables dont elle est l'auteur.

Je serai brève, car nous allons entendre plusieurs orateurs aujourd'hui et je voudrais aussi que nous ayons le temps de laisser ces images parler d'elles-mêmes.

Je limiterai donc mon propos au seul point que voici.

A l'ère de l'information en continu, de l'actualité diffusée  24 heures sur 24 et de la couverture instantanée des médias sociaux, beaucoup ont le sentiment d'avoir vu, ces derniers mois, de nombreuses photos et vidéos de réfugiés; peut-être certains ont-ils même eu l'impression d'être bombardés par ces images. Et il est vrai que nous avons littéralement suivi sur nos écrans de télévision et d'ordinateurs, à un degré inimaginable par le passé, le parcours entrepris par ces centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants pour venir en Europe. Et nous avons aussi tous vu ces images absolument tragiques de ceux qui y ont perdu la vie.

C'est sur ce plan que les choses ont bien changé: dans la mesure où nous sommes témoins, en temps réel, du sort des réfugiés, il nous est à tout le moins plus difficile d'ignorer la vérité.

Cette exposition nous permet précisément de faire quelque chose de tout aussi important: elle nous donne l'occasion de faire une pause. De nous arrêter et de scruter au plus profond les visages de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui ont tout abandonné pour fuir les persécutions et la guerre.

De réfléchir à leur situation. D'avoir, ce qui est rare, un aperçu de certains de leurs échanges et moments plus intimes.

De cette manière, l'art qui nous entoure vient souligner une vérité majeure, à savoir que ces personnes sont des êtres humains. Cela paraît une évidence, mais elle se perd souvent dans l'avalanche quotidienne des statistiques et des gros titres des journaux. Ce sont des individus qui, tout comme nous, ont chacun leur histoire personnelle et qui méritent chacun d'être libres, d'être en sécurité et de vivre dans la dignité.

Au Conseil de l'Europe, nous avons toujours cela présent à l'esprit et nous nous efforçons de le rappeler aussi à d'autres - car c'est précisément lorsque l'on oublie cet aspect personnel et humain des crises et des conflits que les pires atrocités sont possibles. Cette exposition vient, quant à elle, nous rappeler avec force que chaque migrant, chaque réfugié, est un individu qui possède des droits inaliénables et indivisibles - et que nous avons des obligations envers chacun d'eux.